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jeudi 28 février 2019

Un homme à la mer

J'embarque à bord d'une barrique imbriquée dans le bout d'émotions qu'est la grand-vie.
Bien sûr le bois craque et tous genres d'émotions viennent lécher les bords de mon navire,
Mais tout avance quand même, envers et contre tout, malgré la claque des embruns et les destins du piège.
Oh pardon! Les pièges du destin... Ma langue fourche et prend parfois les mauvais chemins.
Mais sur cet océan courbe, toutes les directions mènent à l'horizon
C'est à dire au présent qui se défait d'enfanter.

J'habite un grand carrefour d'où je surveille les futurs possibles
J'envoie des ombres de moi-même me conter l'indicible
Tandis que le flux mouvant du temps sans cesse prélève son impôt
Sous la forme de liens qui se défont, de vis qui se détachent, de fragments qui pourrissent, de pétales qu'on arrache.
Et le monde s'érige sur celui qui s'écroule.

J'habite un noeud de glyphes aux profusions sémantiques
J'y puise l'eau fraîche des nymphes qui arrose mon âme
Et donne à ma mélancolie la forme des poèmes
Où se déposent en alluvions mes larmes de bohème.

vendredi 7 décembre 2018

Les éclaireurs du temps

On m'a cru endormi
Je n'ai pas démenti
J'étais enveloppé
Dans la brume des soirs
Dans l'oeil ouvert et noir
Où luit le fond des pleurs
Et où ce qui n'est pas
Suscite la terreur

Je faisais un grand somme
Pour revenir en formes
En prose jaillissante
À l'oeil ravissante
Ainsi la vérité se sent
Plus libre qu'en les vers
Et peut sans ces verrous
S'ébattre dans l'hiver

Pauvre hère en hardes
Qui clame comme un barde
Sur les routes intracées
Que n'indiquent les cartes
Je montre les chemins
Me tient aux grands carrefours
Pointant les lendemains
Qui tissent entre eux les jours

Mais je suis comme vous
Chaque homme au temps dévoue
La sève de sa vie
L'élan inassouvi
Qui construit pas à pas
L'étoffe du futur
Et le berceau des rêves
Que le présent rature

mardi 20 mars 2018

Essorage

De génies il n'y a
Mais seulement des passionnés.
Tout se construit pas à pas
Aucun talent jamais donné.

Alors s'étendent mes échelles, celles que d'autres jettent derrière eux. Parce qu'elle sont trop honteuses, et puis à quoi peut bien servir un moyen de descendre lorsqu'on ne veut que monter. Et tout s'affiche en ce beau lieu, les brouillons des brouillons, puis leurs brouillons aussi. Il n'y a que les pages blanches qui n'ont place. Mais... Elles se devinent, elles sont là; dans le silence de ce qui n'est pas; pas là du moins, autre part, tout au plus, et si l'on ne trouve pas tant pis, là-bas, c'est tout autant ici, et puis nulle part aussi...

Il manque des mots à certains textes, et des fautes grossières ornent mes vers. Je m'en fiche, je laisse le passé en friche, tel qu'il est désormais, sans soin et dans son bain, que gagnerais-je à y toucher, à part renier ce qui j'étais?

Au présent cependant, je joue, je joue jusqu'au néant. Affûter sa flûte comme une plume qui vomit des notes, et ces dernières ressemblent tant à des lettres qu'elles finissent par se lire... Qui peut bien connaître les notes qui se cachent sous les signes? Comment si moi-même ne sait...?

Mais je m'en fiche, je laisse le passé en friche. Oh j'en connais qui trichent mais je ne suis pas ainsi. Peu m'importent les stations je suis calé dans un voyage sans destination.

Ah regardez! Vous voyez? Là! Par la fenêtre, sur le côté: la vie qui danse, petit cheval tout gris. Il m'a fallu du temps mais j'y suis parvenu. Mes mots me bercent et sèment en moi des sèmes qui s'animent et là se meuvent, autant de lemmes qui m'émeuvent, image et sentiment qui enveniment d'assaisonnement mon flux présent - qui s'écoule et s'enfuit MAINTENANT! Vous l'avez-vu? Trop tard il est parti, mais on peut le rappeler, il est toujours plus ou moins là et maintenant.

Danse petit cheval tu m'amuses, surtout depuis que s'est enfui ma muse. Tu préfères le silence, mes mots t'ont fatigués, c'est à d'autres sources que tu dois t'irriguer. Mon chant fertile ma terre ondulatoire, ô douce sphère de mon éther de soir. Dans les silences qui te plaisent je souris sans malice ni malaise, je te regarde et tu m'apaises.

Silence, là, oh, silence excuse-moi... Il y a d'autres fréquences pour nous désormais. Est-ce un énième abandon ou le pénultième don? Tout entretenir est un projet sans fond, je suis comme les particules, je saute entre des niveaux d'énergie, eux ne regardent pas en arrière il me semble, mais le sait-on vraiment?

Non je n'ai pas quitté les mots mais ce sont eux que je laisse partir. Peut-être est-ce une manière de mentir que de le dire, néanmoins je le crois. Je laisse partir les mots comme j'ai laissé partir la peau si rose des aubes qui réveillent et vous font sortir de ce lit où vous étiez rangé sous le drap de la nuit.

Pourquoi songer à tout cela, ces choses là existent-elles, ou sont-ce des mensonges? Mens songe, autant que tu le veux mais tu ne m'auras pas, j'ai le présent pour moi, pour essorer les souvenirs et parvenir à l'amnésie.

Maintenant, maintenant... Maintenant c'est aujourd'hui, c'est à venir ou c'est passé? Ah non, tu vois, tu débordes encore et ne suis pas le rythme!

Maintenant, maintenant. Maintenant, maintenant. Maintenant, maintenant, comme un tempo de pouls, un battement de temps.

Mon coeur se tait maintenant.