Affichage des articles dont le libellé est mer. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est mer. Afficher tous les articles

lundi 8 juin 2020

[ Terres brûlées ] Rendez-vous amoureux



Yeux de paille
Lueurs anciennes que je découvre

En nuance de rouille
Et tous mes trains déraillent

Pour toi je marche
Sans but et sans destination

J'arpente un doux rayon
Qui éclabousse tes murailles

Je grimpe vers le ciel
Par une tige de rose trémière

Ton vent marin ouvert
A des mains douces d'atmosphère

Quand je vois ces couleurs
Dont tu te pares en maints profils

Il n'est plus un labeur
Et tout départ m'est impossible

Je reviendrai
Pour que les contours de mon ombre

Se meuvent élancés
Sur tes surfaces d'ocre claire

Au long de ton fleuve
Sur les ondoiements spéculaires

J'observe le récit
De mes amours crépusculaires

La ville est un berceau
Où la douleur est sépulcrale

Parle, j'écouterai
Je n'ai plus d'autre rendez-vous

Qu'avec tes voies ensoleillées...

mardi 26 mai 2020

Tout engloutir



Les tremblements de peur se fondent et font tarir les pleurs.
Assis sous un saule éponyme, de yeux  sans terre je dessine,
Des portes dérobées vers un soleil possible.
Tout est partout, maintenant est ailleurs, j'appuie sur la détente
Et quelque envie frémit de frustration sublime.
C'est dans les yeux, c'est dans les yeux l'abîme.
Regarde et vois s'ourdir mes rimes.
C'est pour mieux t'étourdir
T'empaqueter de brume
Et pour t'offrir enfin les lourds bouquets de frime.
Au matin je me lève, enfile ma peau tendre,
Le soleil est l'appeau qui chasse mes pensées.
Je prie dans mon silence pour l'âme muselée.
Que les passés trop denses finissent écartelées.
Je danse dans les barbelés et me sert de la rouille pour un récit de cimes.
Hmmmm mange le sel de la mer, l'océan est un feu pour métamorphes endeuillés.
Dans les vapeurs de l'huile je m'oint d'obscénité, je peux mourir tranquille j'aurai tout englouti.

Même l'éternité.



Source musicale: une femme (F.)

jeudi 28 février 2019

Un homme à la mer

J'embarque à bord d'une barrique imbriquée dans le bout d'émotions qu'est la grand-vie.
Bien sûr le bois craque et tous genres d'émotions viennent lécher les bords de mon navire,
Mais tout avance quand même, envers et contre tout, malgré la claque des embruns et les destins du piège.
Oh pardon! Les pièges du destin... Ma langue fourche et prend parfois les mauvais chemins.
Mais sur cet océan courbe, toutes les directions mènent à l'horizon
C'est à dire au présent qui se défait d'enfanter.

J'habite un grand carrefour d'où je surveille les futurs possibles
J'envoie des ombres de moi-même me conter l'indicible
Tandis que le flux mouvant du temps sans cesse prélève son impôt
Sous la forme de liens qui se défont, de vis qui se détachent, de fragments qui pourrissent, de pétales qu'on arrache.
Et le monde s'érige sur celui qui s'écroule.

J'habite un noeud de glyphes aux profusions sémantiques
J'y puise l'eau fraîche des nymphes qui arrose mon âme
Et donne à ma mélancolie la forme des poèmes
Où se déposent en alluvions mes larmes de bohème.

dimanche 6 mai 2018

Ce que la mer reprend



Au-dehors les montagnes, les falaises aussi hautes que les âmes, et tout ce peuple aérien qui s'ébat dans le vent, mes trois princes persans tout criblés de crevasses.

Et les cimes se désagrègent, s'effondrent dans la mer, et nos voeux oniriques, doux si doux tantôt, s'abandonnent à l'amer.

Il n'y a plus rien à désirer, et tous les songes sont des mouroirs, où passent les secondes qu'une révolte féconde aurait pu faire valoir. Mais dans la lucarne d'un rêve, ou celle d'un écran, s'écoule en vase-clos la sève, et s'évade le temps.

Nous en soupons des désirs manufacturés, qui pèsent plus lourd qu'un million de pavés. Je parle de ceux que nous ne prendrons plus dans nos mains, mais que nous avalons tous les matins, et qui nous appesantissent à l'illusoire nécessité de ce triste destin.

Là-bas, sur la grand mer où tout s'unit, je vois les grands navires de mes vaisseaux amis - mais les ennemis sont des amis qui se trompent d'ennemis - se perdre jusqu'à l'horizon et recouvrir les flots de leurs bannières unies. Qu'avons-nous fait... Tous attendant le retour du roi, badauds à quai qui cherchent leurs idées.

Les idées ça se broute, et on en a brouté, juste à coté de là où paissent les vaches, nous existons aussi dans une sorte d'élevage. Les princes sont partis, nous sommes à la merci.

Il n'y a pas le choix peuple de la mer, tu as toujours été de terre, tes voiles te font face et flottent au gré des vagues mais tu es sans bateau. Tu savais choisir autrefois, mais aujourd'hui tu élis d'autres rois, qui taillent ton royaume à la mesure d'une cellule. Entre les barreaux de la loi tu passes ta tête résignée, et rêve du dehors. Celui-là même que tu peins sur les murs qui t'entourent, et les images animent la surface d'écrans qui sont autant d'autres cellules où tu t'encastres plus avant.

Les montagnes sacrées se dissolvent et retournent à la mer. Tout est sortie de son sein, par un verbe et une volonté n'étant nullement divins. Il suffit d'un seul choix pour que la forme advint, mais aujourd'hui la mer va tout reprendre enfin, et sur un palimpseste d'ondes tout recommencera. Elle attendra pour ça que tes arrière-arrière-arrière petits enfants se souviennent alors, de l'impondérable trésor qu'un jour tu oublias...

Pendant ce temps s'ourdit l'humain nouveau: horde de golems démoulés des labos, arpentant les sentiers meurtris de la Terre comme une armée de mouches autour de la blessure. Et toute la cohorte glacée de ces produits de l'ombre chanteront la gloire d'un Dieu polymorphe et dénué d'odeur. Infertiles êtres n'enfantant que la mort, cette mort qui nous fait si peur, mais qui n'est que pourtant, la possibilité des vies.... Et d'autres vies viendront.

Mais tandis que je cherche mes mots, comme on sonnerait des consciences, certains quêtent le prochain milliard, avec une seule et grosse main dans six milliards de poches. Dans mon sous-terrain personnel, au chaud de mon métro, j'observe vos regards qui se détournent sur l'innocent voisin. Le voleur est toujours celui qu'on a sous les yeux, c'est toujours le voisin - sinon qui donc bien accuser? Et nous poissons malins, nageons dans les eaux troubles, où pissent les pêcheurs sans fin qui percent nos chairs affamées de meilleurs lendemains.

Dans la débâcle qui fait tout pour s'ignorer, j'en vois qui plantent dans la mer, de futurs continents, pour de précaires progénitures. Mais n'est-ce pas trop tard? Lorsque la banquise s'épuise de tenir haute et droite, et veut se reposer dans un dernier cocktail, pour tout recommencer. Dans un milliard d'années. Et cette absinthe indigeste sera siphonnée de loin, par d'impudiques observateurs qui boiront de leur télescopes martiens les derniers soubresauts d'un berceau qui s'éteint.

Il y a ce que la mer donne, et puis ce que la mer reprend.