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dimanche 24 décembre 2023

Mise en abyme

On n'échappe jamais totalement à son époque, je crois. La liberté de s'arracher aux chaînes du déterminisme n'est jamais asbsolue, en fait, peut-être est-elle toujours entière, car il n'y a pas de demi-liberté... Simplement, dans le fond de notre captivité, nous ressentons l'appel de l'avenir qui gonfle nos voiles vers l'ailleurs, jusqu'à nous déchirer parfois.

En ce sens, je suis l'enfant des nos "démocraties" modernes: individualiste jusquà la moelle, aussi réflexivement conscient que l'on peut l'être sans se détruire totalement: dangereusement atomique. Et toutes les figures rupestres de cette intemporelle caverne sont le hurlement d'une âme emmurée qui souffre d'avoir réalisé l'achèvement individualiste. Une âme qui cherche la sortie au cœur même de son noyau, qui se croit vaste et infinie pour ce qu'elle observe ses reflets dans une infime chambre aux miroirs: et c'est alors le monde entier qui n'est qu'une  habile et captieuse mise en abyme.

Je suis la poésie d'un individualisme aporétique et destructeur, contre-nature et qui, de toutes façons, s'éteindra avec le siècle.

samedi 12 mars 2022

Les vains étendards

Siècle qu'as-tu fais de tes enfants infects?

Tu as rempli de couleurs les yeux de nos ancêtres

Assombrissant ensuite l'âme de descendants

Vivant entre deux mondes


( Qui jamais ne se croisent )


Humains, voyez les signes de la fin

Récits eschatologiques

Enfants qui fanent au bord de nos chemins

Et personne n'écoute

 

( Le siècle agonisant... )


Entre les deux néants

Réside ma génération

N'engeandrant que des songes

Putréfiés par avance


( Recherchant la grand Rive aux sables d'univers )


Aux cieux sont accrochés tous nos échecs

Et les nuages sont lourds

Au-dessus de nos têtes

L'avenir à jamais sans métaphysique


( Et l'horizon couvre un monde identique )


Sillage de dérive

Positif comme la science

Qui fait la religion

Des âmes anéanties

 

( C'est le Lethé lui-même que nous embouteillons! )


Bois, ivrogne des trottoirs

Deux litres au moins par jour

Avale ta Révolution

Virus, poison, remède, semblables vulnéraires

 

( Que même le bonheur soit notre placebo... )


Il ne faut pas toucher

Au chaînon qui nous lie

Inexorables sont nos destinées

Néanmoins près, tout près du lit


( Vous veillez en tuteurs zélés )


L'ancien esclave devient le maître résigné

Le cercle de l'Histoire: un court-circuit fermé

Tandis que chaque pas résonne

Entre des murs interstellaires


( L'angoisse est le seul hymne de l'humanité )


Y a-t-il quelque chose encore?

Quelque part attendant?

Une poudre magique

Capable d'allumer


( Des mondes pour demain? )


Poudre blanche, immaculée

Duale perce les cloisons des nez

Nos enfants sont idiots avant que d'être nés

Ils ont le suint des moutons bien dociles


( Génie de l'espèce: réconfort du troupeau )


Tout est clair

Distinct, pas même un vieux mystère

Dame Nature dévoilée

Couchée sur un papier vulgaire


( Tandis que tout humain est un Dieu qui s'espère )


Je viens de l'inespoir

Comme une solution que nulle n'entendra

Un accord dissonant

Effacé par le siècle


( Une bouture de Tout plantée dans le silence )


Ô règne sans partage

Qui livre ses enfants

À des douleurs fractales

Existe-t-il encore des valeurs qui ne soient:


( Des mots luminescents sur nos vains étendards )

dimanche 31 mai 2020

Les gens n'ont pas le temps



Les gens n'ont pas le temps.

Il faut aller bien vite pour cueillir le printemps.
Dans ce monde livide
Combien de nous lévitent
Et vivent pleinement.

Les gens n'ont pas le temps.

Ne vois-tu pas comment
L'on fabrique les vies
Démoulées à la chaîne
Par la vile industrie.

Les gens n'ont pas le temps.

Pour un peu c'est la fin
L'on n'aura vu du Tout
Qu'un peu de sable fin
Sur tube cathodique.

Les gens n'ont pas le temps.

Se disent catholiques
Pour croire au lendemain
Qu'un siècle noir abrège
À une peau de chagrin.

Les gens n'ont pas le temps.

Les étoiles brillent encore
Depuis l'aube hivernale
Jusqu'au chant vespéral
Les jours sentent la mort...

Les gens n'ont pas le temps.

Il faut chasser l'argent
S'acheter pauvres rêves
Qu'un train d'ondes sans sève
Du soir au matin vend.

Les gens n'ont pas le temps.

D'être heureux d'être au vent
Il faut être au courant
Et se noyer dedans
Pour être socialement.

Les gens n'ont pas le temps.

Il faut ouvrir la brèche
Mettre feu à la mèche
Transfuser dans le vent
L'odeur salée du large.

Les gens n'ont pas le temps.

Tous esseulés en marge
À côté de l'instant
Où attendent les anges
Qu'on ouvre grand les cages.

Les gens n'ont pas le temps.

Pour cela il nous faut
Faire vibrer tout l'espace
Et briser le miroir
Qu'on a mis à la place...

Les gens n'ont pas le temps
Mais les poètes l'ont
Qui ouvrent les paupières
Du siècle agonisant.