jeudi 17 janvier 2013

Phoenix

On se retournera au terme de sa vie pour constater tout d'un coup que l'on a vécu, que le temps est passé, à travers nous, contre notre gré. On jette un coup d'oeil derrière, pour voir d'où l'on est parti mais on n'y voit plus très clair, on reconstruit dans sa tête la fiction des origines. Tout ce que l'on reconnaît, d'ailleurs, c'est une succession d'instants, de gestes, de pensées, autant de fragments d'un être brisé par le temps. On a été bébé puis enfant, on aimait ceci ou cela que dorénavant l'on aime plus.
-"Qui sont tous ces gens sur qui j'ai bâti mon existence présente? Y a-t-il une dimension dans laquelle nous sommes toutes ces identités unies?"

 Aujourd'hui, on est là, perché sur la pointe du présent renouvelé, par-delà les abîmes, surplombant les cadavres de nos vérités antérieures. On se demande quel est donc le sens de tout cela, ce qui nous lie finalement à tous ces états enfuis. Probablement rien au fond, et la mort qui s'approche à pas de loup, sûre de sa prise, n'est peut-être qu'une nouvelle occasion de renaître de ses cendres, d'être celui qui se nourrit de la mort du présent.

Il faut peut-être croire à cette légende du phoenix, seulement les légendes ne sont pas à prendre à la lettre, et cet entité mythologique n'a probablement rien d'un oiseau. Le phoenix c'est le temps, et nous en sommes les enfants, plumes plantées sur  ses ailes de géant.

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