samedi 6 février 2010

L'initiateur

C'est le titre que je vais me descerner.

J'ai une fâcheuse tendance au mysticisme ces derniers temps et une des conséquences à cela est le fait que je me convaincs que tout le monde a un "rôle" au monde, une sorte de destin, un talent particulier, un attribut (au sens spinozien) prégnant de sa substance de son hypostase.

Figurez-vous que je me suis toujours considéré comme un égoïste égocentrique, ou inversement c'est selon. Et pourtant plus le temps avance et plus je me rends compte que l'univers m'a joué un drôle de tour.

Moi qui suis purement égoïste, mon principal attribut en ce monde serait de montrer aux gens ce qu'ils peuvent faire, ou plutôt que leurs rêves et tout ce qu'ils peuvent avoir l'envie de faire, leurs sont accessibles.

Et c'est comme ça que je me retrouve à "enseigner" la philosophie à des jeunes de lycée technique, à parler lecture à des anciens élèves que l'éducation nationale considérait comme "perdus", à relire les textes d'amis, d'élèves ou autres personnes qui se sont mises à écrire (après m'avoir lu?).

Je devrais être heureux de tout ça, finalement, c'est comme faire éclore une fleur, on ne devrait jamais être jaloux de sa beauté... Et pourtant, moi l'égoïste, je me retrouve forcé de prendre ma satisfaction dans le fait que les autres réussisent, s'affutent, se trouvent, s'explorent sans barrières.

Finalement, est-ce que j'en suis si heureux? Est-ce que je suis simplement jaloux parce que je ne pense qu'à ma petite gueule, parce que j'estime que c'est à moi de réussir, d'être au-dessus des autres? Autant de pensées à gerber, réellement. Parfois je me ferais vomir moi-même.

Mais si j'en arrive à penser cela, c'est qu'au fond, je ne suis peut-être pas si égoïste, et que je l'aime ma "vocation". C'est peut-être le seul moyen de pardonner mon égoïsme: ne m'offrir l'accomplissement qu'à travers celui des autres. C'est beau, sublime même.

C'est sûrement vrai que je suis fait pour être enseignant. Et puis d'abord peut-être qu'il y a forcément de la souffrance lorsqu'on accouche ou fait accoucher. Certainement même, il ne faut pas s'en cacher...

Je serais celui-là, celui qui vient briser les normes et les spécialisations, et les étiquettes, et les classements, la taxinomie, l'ordre!

J'ai toujours aimé faire ce que les autres pensaient qu'on ne pouvait pas faire. Et bien l'idée semble suivre son chemin dans d'autres consciences mutines.

Le destin semble m'offrir la réalisation concrète de toute ma philosophie: "aimer sans rien attendre en retour". Est-ce que je vais encore me dégonfler? Je ne peux pas faire autre chose, c'est comme si ma vie entière n'avait été qu'une longue préparation à cela.

Agitateur de neurones, boutefeux, initiateur, restaurateur, accoucheur ou tout ce que vous voulez.

Maintenant je sais. "Et la reconnaissance?" dit une petite voix dans ma tête. La reconnaissance on s'en fout, la reconnaissance c'est ce que les autres pensent, et l'on n'a vraiment aucun pouvoir sur ce que les autres pensent de nous-même.

Lorsqu'on est vrai, vraiment soi, on ne peut faire souffrir personne, seulement ceux qui ont décidés de souffrir eux-mêmes en plaçant dans votre personne les quelques rêves brisés qui les hantaient.

Je parle vrai et j'aime regarder les vagues que cela fait sur toutes les âmes bien rangées.

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