dimanche 7 février 2010

De la poésie

La poésie c'est nettoyer les mots de la morale.

Déconstruire leur univers sémantique pour y peindre un sens inédit, un sens unique.

La poésie est dans toute chose et le poète s'attache simplement à la faire ressortir. Ceux que j'admire particulièrement sont les poètes ayant choisi la difficulté, ceux qui montrent la poésie là où elle est absente au premier regard: dans le mal, dans la vulgarité, dans la souffrance.

Un poète dépoussière les mots, parfois il les tailles à grands coups de serpes pour leur donner la jeunesse en allée, celle que les hommes et leurs usages ont ensevelis sous des tonnes de morale hypocrite et d'aveuglement feint.

Léo Ferré ou l'art de faire résonner le mot à sa place. Le mot vulgaire, le mot familier, le mot argot. Avec lui, les mots sont à leur place, ils sont beaux, ils résonnent et vibrent heureux, d'où qu'ils viennent.

Lautréamont ou l'art de faire tomber la poésie du pied d'estale où les hommes l'ont hissée de force. L'art de déranger par les mots, d'observer l'âme humaine à la loupe de ces propos inquiétants, de ceux qui dorment au fond des âmes, dans l'inconscient bienheureux.

La poésie naît de la démarche et non de l'oeuvre finie. L'oeuvre finie, comme le poéte deviennent des purs produits. Les gens se les approprient et y mettent ce qu'ils y veulent. D'aucuns souhaitent s'y retrouver: ils s'y retrouvent. D'aucuns y voient leur antithèse: ainsi soit il.

L'oeuvre n'est qu'un produit offert à la comparaison, au jugement, à la gloutonnerie critique, à l'exégèse sotte.

C'est la démarche qui fait l'art, qui fait la poésie. L'humain qui réalise n'importe quelle action avec honnêteté, sans calcul et de manière "vraie", celui là crée de la poésie.

Il y a autant de poésie dans le sourire d'une mère qui aime son fils que dans tous les vers de Victor Hugo.

Il y en a autant dans les quelques mots d'amour maladroits tracés par cet écolier de 8 ans transi d'amour pour sa camarade que dans n'importe quel livre de Lamartine.

Pas de sacralisation s'il vous plaît, pas de lettres de noblesse, la poésie est à tout le monde. Tout homme est un artiste, un poète. Ils dorment parfois simplement trop enfouis sous les rôles, les couches d'ignorance inculquées à coup de soumission et de mensonge.

Soyons nous-mêmes et il n'y aura plus ni artistes ni poètes, il ne restera que des Hommes.

Et la liberté.

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