lundi 7 mars 2011

Séries

Encore une journée de travail qui vient s'insérer dans les autres, passées et futures. Encore le maillon d'une chaîne qu'on attache à nos cous.

C'est un supplice que cette vie sans cesse recommencée qui s'apparente à la lecture quotidienne d'un livre dont les lieux et personnages sont toujours les mêmes mais où les histoires changent dans d'infimes variations sans force. C'est comme lire une infinité de suites. Je n'ai jamais aimé les suites. J'aime les histoires qui savent s'arrêter au bon moment, de manière abrupte, violente, s'il le faut. À moi de savoir mettre fin à cette histoire, en tout cas d'en supprimer mon personnage.

La vie n'existe plus vraiment en-dehors du travail. L'avant n'est qu'une lente agonie, une préparation à l'épreuve et l'après n'est qu'une lourde fatigue qu'il faut bien vite éliminer. Et cela prend du temps. Et le temps s'achète toujours plus cher, il vaut bien plus que de l'or sur leur marché intégral.

Nous ne sommes même pas les esclaves de grecs. Nous ne sommes rien. Un maillon de l'espèce tout au plus, embringué dans le cycle de la nature, condamné à l'accélérer par nos erreurs. Nous ne savons plus que faire de nos consciences, tout au plus à les éteindre méthodiquement. Divertissement, drogue, violence. Ce sont les substances qui imprègnent le coton que l'on frotte sur nos vie avant d'y introduire la petite piqûre insidieuse du travail. Et plus ça fait mal plus on frotte, frotte.

Je ne sais pas pour vous mais moi je me pique sans anesthésie et sans coton, la simple froideur mordante de l'acier industriel s'enfonçant dans ma peau pendant que je compte patiemment les heures volées. Tant que la douleur est là, je sais que je suis, et je sais ce qu'ils me font...

1 commentaire:

Gérard a dit…

Ce texte:fiction ? Réalité vécue ? En tous les cas quel pessimisme, cela fait froid dans le dos !
Quant à l'esthétique nouvelle du blog, il s'y incarne paradoxalement comme un souffle d'optimisme coloré.
La vie est belle !
Ton père