dimanche 13 mars 2011

La Femme à venir

C'est le titre d'un livre de Christian Bobin. Cet auteur décidément a de quoi surprendre. C'est quand je crois m'habituer à son style épuré, m'en être même ennuyé, qu'il me saisit de nouveau et me transporte dans la paix des mots.

Cette oeuvre m'a bouleversée. Ecrire sur la femme avec autant de perspicacité lorsqu'on est un homme. Ce roman a la légèreté d'une femme, sa fraîcheur printanière. On en sort plus gracieux, avec des formes, on en pétille.

Le phrasé de Bobin pourrait s'apparenter au murmure de l'eau, harmonieux, plein de vérité lorsqu'on l'écoute, une invitation au repos de l'âme. C'est une écriture pleine d'aphorismes, de joie, une ode à la vie simple.

Aucune haine ni violence dans son oeuvre, seule la violence des sentiments inhérente à l'être humain remonte parfois à la surface mais sans explosion, avec douceur et poésie. En ces temps de survie accélérée, il est jubilatoire de picorer par ci par là les quelques remontrances pleines de bon sens contre le travail. Bobin est un partisan de la liberté, de l'homme délié de ses chaînes, de l'homme artiste qui oeuvre par sa propre volonté.

La femme à venir s'appelle Albe et l'auteur nous fait suivre son fil depuis son éclosion jusqu'à son précoce épanouissement. Par un glissement, un des personnages la prénomme parfois Alme. C'est bien l'adjectif par lequel nous pourrions qualifier l'oeuvre de l'auteur. Christian Bobin est un nourricier de l'âme qui manie les mots avec délicatesse. Un mélange de sagesse asiatique et antique.

Définitivement il nous livre ici un portrait de la femme sans détour, qu'il dévoile à nos sens avec l'alacrité d'un oiseau. Un témoignage précieux, une perspective gracieuse et crue de la femme, à venir ou qui a été mais qui en tout cas prend vie à la surface des mots qui la raconte.

Aucun commentaire: