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mardi 30 mars 2021

S'habituer

En savourant la liberté présente, je pense aux heures qui suivent, à la captivité en ces murs où se construit pourtant ce que l'on ose encore nommer la vie humaine, son œuvre et l'épanouissement.

Dehors le soleil printanier s'accroche aux façades des immeubles, à la peinture des tôles, à toute cette modernité qui sait faire de l'architecture urbaine un hétéroclisme fonctionnel sans souci esthétique. Tout cela est-il bien fonctionnel? En quoi ces enseignes criardes, qui hurlent en grosse lettres leur dépendance à l'argent contribuent-elles à lubrifier mon quotidien, à rendre la vie plus aisée?

Le soleil est là, couvant de sa main ferme l'ensemble des outils humains comme une possession qu'on enserre et pourrait étouffer. En cet instant j'aimerais... Que le soleil resserre sa prise sur ces stériles érections, au sein desquelles les âmes comme une semence contenue s'étiolent sans sortie.

Tout ce printemps sexué appelle à lui les êtres, les corps animés, le conatus de chaque entité afin que se déverse en lui l'énergie de notre intention de vivre, tout ce débordement du présent qui se déverse en futur.

Mais beaucoup seront, comme moi, contenus dans les murs de la "réalité", l'unique possibilité laborieuse de nos destins. Je pense à ces gens qui, là-bas, participent de cette humiliation quotidienne, se croisent et se détestent, s'adressent à peine la parole dans un tremblement de leurs nerfs qui fait de leur métabolisme une bombe à retardement qui chaque soir implose dans le ressentiment.

Tous les jours, se tenir dans le champ de l'hostilité, sentir les regards mauvais qui éraflent la nuque, arrondir le dos pour que la moindre once de pouvoir puisse vous passer dessus sans trop garder séquelle, sans qu'explose la tension contenue et que le corps exsude, d'une manière ou d'une autre, les soirs et les week-ends.

Je pense à tout cela et par contraste avec ce soleil au grand ciel bleu, symbole de l'évasion et de la liberté, quelque chose se noue à l'intérieur de moi qui fige une circulation de ma gorge à mes tripes. Ce n'est pas qu'un mauvais moment à passer, c'est la condition de chaque jour, de chaque semaine, des années à venir.

Sourire saluer, souffrir s'abaisser, s'habituer, panser les plaies le soir, l'alcool est fait pour ça, ne pas devenir fou, ne pas blesser les autres, ne pas penser, avaler son café, ça remplace le sommeil, sourire saluer, souffrir s'habituer, s'habituer, s'habituer, s'habituer, s'habituer, s'habituer, s'habituer, s'habituer,    s'habituer,              s'habituer,                               s'habituer,                                  s'habituer,                                                            s'habituer,                                                                               s'habituer,                                                                                                          s'habituer,                                                                                                                  s'habituer,                                                                                                                    ...

lundi 8 juillet 2019

Le parc



Le parc.
Les pas qui glissent au long de l'air
Et toutes ces pensées qui s'invitent et repartent, font valser la conscience d'une seconde à l'autre.

Qu'ai-je fait de ma vie, ce produit invendable qui m'encombre tant parfois pour ce qu'il n'a pas cette forme idéale que j'ignore et poursuis pourtant sans relâche.

Il n'y a qu'en ces instants que tout est à sa place, dans le balancement tendre des arbres autour, dans la clarté oblique de ce crépuscule lourd, le mouvement des bêtes qui n'ont qu'un seul but.

Nous n'avons tous qu'un seul but.

Tous autant que nous sommes, prisonniers du conatus - Oui, tous...

Il n'y a rien à attendre me dis-je, et pourtant j'attends.

Je regarde les flaques de ciel à travers les frondaisons, les nuages massifs et le vol ras des oiseaux. Je regarde l'ondoiement de l'eau au loin sur la surface de laquelle glissent les cris des enfants, tandis qu'ici j'écris, sis dans le parc - monde dont je suis partie, même dans l'absence...