lundi 11 mai 2015

Des graduations du temps

Lorsqu'on me donne une date d'anniversaire, peu importe la personne, naturellement je l'oublie; mon esprit la traitant comme une donnée futile ne correspondant à rien de vraiment sensé, à nulle expérience. À quoi peut bien correpondre une date, un découpage quantitatif et objectif du temps écoulé?... Réalisant cela, je sens alors qu'il n'est jamais que maintenant, et que les âges font mentir. La seule vérité que je connaisse, c'est le sentiment de cette présence à mes côtés, la vibration pulsatile d'une existence que je côtoie. Et je ressens alors la libération de qui n'a pas d'âge, l'excitation de l'enfant qui sent dans le creux de son ventre un fourmillement pareil aux prémices de l'angoisse, et qui correspond à la certitude d'un bonheur à venir, qui commence à peine, à la première bouchée d'une joie qui s'éveille. Je suis avec vous dans un présent sans âge, et nous sommes tous aussi immédiats que lui, tous d'une médiation sans quadrillage et sans nulle objectivité. Nos âges, si par hasard ils sont les mêmes, n'ont pourtant jamais rien à voir. J'oscille personnellement entre l'extrême vieillesse et la jeunesse la plus fougueuse, selon la tonalité de l'instant, selon la complexion de la houle qui agite l'océan de ma vie.

Rien d'objectif dans tout cela, qu'est-ce là que l'objectivité? Les objets ne parlent pas, et lorsqu'ils le font, c'est nous qui leur prêtons la voix. La connaissance humaine n'est que l'expression du phantasme de pouvoir devenir un objet tout en demeurant sujet.

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