Affichage des articles dont le libellé est logique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est logique. Afficher tous les articles

dimanche 1 août 2021

Le sens de l'intelligence

 L'intelligence m'est un autre sens. Un sens dont semblent dépourvus tant de mes congénères qui, pourtant, s'en réclament et en font usage; un usage aveugle pour ainsi dire car lorsqu'ils usent de l'intelligence pour concevoir (c'est à dire percevoir de l'intérieur, par intuition purement conceptuelle), ils ne le font qu'avec les mots et leurs sens qui ne renvoient qu'à d'autres mots. Cécité intellectuelle donc.

Pour moi, concevoir est une expérience sensible, et tous mes sens (mais surtout la vision) concourent à me rendre tangibles les concepts et idées manipulées, que ce soit sous forme de rythmes ou de formes visuelles. J'intuitionne avec mon intelligence et pour cette raison je peux saisir en une image, une idée, un jugement, une chaîne logique complexe qu'une analyse ultérieure pourra décomposer indéfiniment. Ce sont tous ces fragments élémentaires (qui ne le sont pourtant jamais vraiment) qu'il s'agit de détacher du paysage conceptuel ressenti lors d'une conversation avec autrui.

Pourtant, lorsque je parle avec nombre d'entre mes 'semblables', je ne peux que demeurer perplexe et horrifié face à l'incapacité structurelle dont il font montre à intuitionner le tableau, la forme globale que peignent les éléments d'informations qui jonchent leur environnement. L'injustice d'une situation qui ne s'offrirait pas directement à leurs sens mais se ferait sentir, puissamment, par l'intermédiaire d'une synthèse d'informations éparses mais liées,de manière plus ou moins évidente, ne leur demeure qu'une vague construction langagière ou logique, un énoncé abscons qui ne prendrait jamais chair dans leur esprit pour devenir une expérience véritable. Les édifices logiques leurs semblent une suite de phonèmes qui, bien qu'appartenant à leur langue naturelle, ne semblent pas pouvoir s'articuler dans l'unité organique de l'expérience vécue, et demeurent semblables à ces pages de livres qu'on peut lire six fois de suite parce que notre être tout entier n'a pas participé à la lecture des mots, et que nous n'avons fait qu'appliquer les règles motrices de la lecture, sans que la synthèse de notre aperception n'ait pu contracter la musique en un présent qui la contient toute.

Voilà ce que je vois autour de moi et qui me fait sentir, parfois, si insupportablement seul que je ne sais si continuer à discuter avec ces gens ne revient pas à vouloir faire en sorte que la chauve-souris puisse communiquer à l'homme son expérience acoustique du monde.

mardi 5 novembre 2019

L'objet de la philosophie

Les philosophes bâtissent des mondes à l'aide d'axiomes à partir desquels ils vont développer un logos. Certains ouvrages brillent d'un éclat singulier, notamment grâce à leur cohérence interne. L'Ethique de Spinoza en est un exemple paradigmatique tant il s'impose par sa rigueur logique.

Ce que fait le philosophe c'est de proposer un monde où habiter qui serait le développement de principes posés comme fondation initiale. Ce monde est l'ensemble des théorèmes que l'on peut tirer de tous ces axiomes.

Cette démarche n'est jamais achevée tant le langage naturel est polysémique. Le monde proposé est ainsi ouvert et indéfini, seule l'axiomatique peut être achevée en tant que condition de possibilité du monde en question.

Mais ces mondes, aussi séduisants soient-ils, ne sont jamais qu'une perspective sur le réel, ils ne sont qu'un regard singulier sur les choses. Le dogmatique est celui qui cherche à annexer sous l'autorité d'un seul regard, tous les autres points de vue possibles.

vendredi 12 janvier 2018

Où j'échoue

Pourquoi ai-je abandonné l'enseignement de la philosophie?

La réponse est à la fois simple et complexe, comme elles le sont toutes... Les humains aiment commencer par la fin, ou plutôt rester dans le milieu, entre deux causes, dans l'intermédiaire, loin de la fin et ignorant des origines. C'est ainsi que l'enseignement de la philosophie passe par l'ingurgitation forcée de contenus philosophiques, c'est à dire des objets théoriques qu'a construit jusqu'à présent cette discipline. Cette tâche tente d'incorporer en plus un semblant de genèse de ces objets, elle tente d'en révéler la manufacture, les rouages, c'est d'ailleurs la fierté dont se targuent les philosophes, ce qui les distingue du dogmatique, de la religion... Pourtant ce travail est rarement entrepris de manière rigoureuse et jamais jusqu'à son terme. Ce dernier état de fait n'est pas dommageable puisqu'il est le fondement de possibilité même du discours. Si la science s'attachait  à remonter à ses fondements et, les ayant trouvé, à en exhumer les fondements eux-mêmes, elles se perdrait dans les horizons sceptiques bien connus de la régression à l'infini, de l'arbitraire des axiomes etc. Alors pour la salubrité du discours, il est bon d'abstraire du flux causal indéfini des choses, des systèmes abstraits dans lesquels l'apprenti se plonge et qui constituent un monde dans sa totalité, du moins prétend-on que ce soit le cas. Dans certains contextes (celui des sciences dites dures par exemple) cela fonctionne, et le système clos que l'on a isolé semble être la fidèle reproduction d'une partie du monde, la sympathie universelle semble avoir ses limites, elle nous permet de l'ignorer.

Ainsi donc en possession de tous les objets de départ et des axiomes, il est possible de vérifier la vérité des énoncés et ainsi examiner à la loupe la cohérence logique des objets philosophiques ainsi formés. Etant parvenu à un degré de satisfaction suffisant ou pas, l'enseignant fait passer l'étudiant dans un autre monde - de manière abrupte et disruptive ou par continuité logique, chronologique, thématique et j'en passe - qu'il explorera dans ses relations à l'aide de la liste d'objets et de règles de base utilisée par le nouveau philosophe. Ce voyage peut durer presque indéfiniment puisque la liste des objets philosophiques ne cesse d'augmenter...

Mais ce qui m'a toujours semblé important à moi, et que j'ai peu retrouvé chez les autres, professeurs comme élèves, c'est la curiosité quant à cet ensemble qu'est la philosophie (constitué d'ensembles que sont les grandes théories - ou systèmes s'ils en sont -, eux-mêmes constitués d'objets et de règles, c'est à dire d'une axiomatique) et qui contient précisément tous ces objets théoriques . Ce qui est fascinant dans cet ensemble là (l'ensemble des ensembles - ou théories - philosophiques) ce n'est pas la liste indéfinie des objets qui peuvent y être contenus (autant énumérer et apprendre par coeur la suite des entiers naturels), mais les règles de base qui régissent les relations loisibles entre ces objets et fixent leur cadre de validité ou de vérité (pour employer un grand mot mais en lui rendant son contexte relatif). C'est à dire que ce qui fait réellement l'essence de la philosophie ne réside pas selon moi dans les multiples objets qui appartiennent à son domaine mais, comme en théorie des ensemble, dans la fonction - la forme pour employer du vocabulaire philosophique - qui définit précisément ce domaine; ce qui se tient donc entre les objets dans le voyage de l'étudiant, ce qui les lie entre eux. Vous pouvez vous acharner à dénombrer dans leur totalité chaque élément de l'ensemble des entiers naturels, vous n'y arriverez pas, la seule manière de le faire est d'utiliser la fonction ou la définition de cet ensemble, dans laquelle sont contenus en puissance, c'est à dire sans avoir besoin d'être actuellement instanciés, tous les éléments qui le constitue.

Plus passionnante encore est l'analyse de l'ensemble de tous les ensembles cognitifs (au sens de: qui concerne la connaissance) possibles, autrement dit l'étude des conditions de possibilité de tout ensemble, de tout système théorique constitutif de la science. C'est une entreprise vertigineuse et c'est celle qui m'a animé d'une violente ferveur durant tout mon cheminement philosophique, dans lequel je me suis senti souvent bien seul. Regardez combien d'ouvrages traitent du scepticisme (qui n'est rien d'autre que ce travail dont je parle ici) dans les rayons de bibliothèques (qu'elles soient numériques ou pas d'ailleurs). Comparez ce nombre d'ouvrages à la littérature secondaire au sujet du platonisme, de la phénoménologie, ou que sais-je encore...

Voilà où j'ai échoué, encore et toujours: à transmettre à mes interlocuteurs cette passion pour la recherche des fondements mêmes du discours vrai, de la possibilité de toute science. Quand je montrais l'espace entre les théories philosophiques, les autres gardaient le regard fixé sur ces théories. J'avais beau les chasser de théorie en théorie, ils ne s'arrêtaient jamais de sauter sur la matière des objets, je n'en ai jamais vu un seul se laisser flotter un peu dans le vide apparent qui constituait pourtant leur milieu ambiant...

Voilà pourquoi, peut-être, je n'essaierai plus d'enseigner ce qui m'anime tant et qui désintéresse les autres. De toute façon le travail est trop important, trop ardu, comment transmettre à autrui ce qui est perpétuellement source d'interrogation pour soi-même, ce qui met à mal toute tentative de constitution durable d'un socle d'idées qui pourraient être à l'abri du doute et du pouvoir érosif de ce que j'appelle la véritable raison philosophique?

samedi 28 mars 2015

Logique et épistémologie (0.3) [ BROUILLON ]

Préambule: troisième ébauche de cette réflexion. Je fais le choix de multiplier les esquisses afin de garder trace de chaque état d'avancement de la réflexion. Je m'avance a priori vers une conception "en strates" de ce travail, partant du fondement précédent pour apporter modifications et évolutions, jusqu'à obtenir un véritable plan définitif pour la rédaction de l'essai. Je n'ai donc aucune idée du nombre d'esquisses final. Je proroge ainsi l'entreprise de rédaction puisque celle-ci me pose encore quelques problèmes significatifs de pure forme. Par ailleurs, ces esquisses ne sont qu'un plan purement subjectif et déroulent ma réflexion sans enchaînement logique explicite (bien que celui-ci existe pour moi), d'où l'obscurité potentielle de mes propos. Tout cela, je l'espère, s'éclaircira lors d'une version 1.0 qui sera vouée au partage didactique.

La logique vient du terme grec  λόγος (lógos) qui peut signifier langage, parole, discours (sur l'être?). Le langage est une réalité qui fait signe vers une autre réalité, mais elle se veut plus qu'une simple nomenclature par son aspect analytique et synthétique. L'analyse permet au langage de décomposer un objet en ses parties constitutives et la synthèse de lier entre elles, par des règles logiques (identité, différence, causalité, etc.) des entités réelles représentées par des objets (ce qui revient à dire: des objets)(à développer dans un article indépendant). L'analyse casse ce qui est cohérent et uni, au moins en apparence, alors que la synthèse agit comme une force élémentaire en liant des objets entre eux par des règles, des lois qui les maintiennent en un système unifié.



Définitions


Objet: un objet désigne toute représentation constituant une unité dans notre esprit. Par exemple une bouteille en verre est un objet, au même titre que l'est n'importe quel morceau (arbitrairement choisi) de verre de cette bouteille que l'on isole et pense en tant qu'unité. Toute pensée ou sentiment est un objet, en bref, tout ce qui peut être constitué par l'esprit comme une chose propre à être réfléchie et avec laquelle il peut interagir au sein d'un système d'observation. L'objet est une donnée de l'esprit , formant une unité abstraite. On peut aussi confondre le terme d'objet avec celui de signe puisque toute donnée consciente et présente à l'esprit est un produit des sens et consiste en une sensation qui fait signe vers une éventuelle objectité. Jamais une image ou une sensation ne peut être prise pour une chose en soi puisqu'elle est toujours une interprétation à partir de formes a priori d'une relation entre soi et le réel. Même lorsque l'objet conscient est sa propre douleur physique par exemple, la douleur ne peut être confondue avec la chose en soi et l'on peut prendre une variété indéfinie de points de vue qui formeront une relation différente, un système soi-réalité singulier et irréductible. Pour ces raisons la douleur peut-être vue par exemple comme une impulsion nerveuse, comme un mouvement moléculaire, comme un plaisir, etc.

Classe d'objet: c'est une collection d'objets regroupés ensembles sous un même concept et donc unis par une loi de constitution. La classe d'objet est un synonyme du concept.

Concept: un concept est une forme représentationnelle déterminée par une loi de constitution.

Loi de constitution: une loi de constitution est une méthode de représentation et de classification d'objets, elle est la forme sous laquelle de possibles objets peuvent être subsumés et unis selon une définition ou un schème. Par exemple la loi de constitution du concept de "définition" est: "une proposition qui analyse la compréhension d'un concept, qui affirme l'égalité logique du défini et du définissant[...]" (encyclopédie Quillet, 1977). Autrement dit il s'agit de l'expression linguistique d'un concept, chargée d'en tracer les contours. Il s'agit aussi d'une méthode de subsomption. Par exemple le concept de parité en arithmétique définit une méthode d'arraisonnement d'objets mathématiques que sont les nombres, permettant d'en vérifier la conformité ou l'inclusion dans l'espace représentationnel défini par le concept (en l'occurrence un nombre est pair s'il est divisible par 2). Ainsi la loi de constitution est similaire à une fonction informatique qui attend un certain type d'objets en entrée et donne un résultat prédéfini attestant de la réussite (validité dans le cas de la loi de constitution) de l'opération sur les données. Dans l'exemple de la parité mathématique, on attend comme objet des entiers relatifs et en sortie un entier (dans le cas de la parité attestée) ou un rationnel (non parité). Je nomme ce processus loi de constitution car il s'agit bel et bien d'une loi qui, par son application va permettre de constituer l'appartenance ou non appartenance d'un objet à une classe.

Forme représentationnelle:  correspond à la structure formelle d'un objet ou d'une classe d'objet, il en est la condition de possibilité, il est le fondement sur lequel ils sont instanciés. Si la notion reste abstraite, c'est parce que son concept l'est: la forme représentationnelle est la zone d'existence de toutes les représentations. On a vu avec Kant comment l'espace et le temps étaient les deux formes essentielles et transcendantales de la sensibilité, la forme représentationnelle détermine précisément un morceau d'espace-temps (les deux étant des formes rendant possible la représentation d'objets). On peut faire un parallèle informatique pour illustrer cela: la forme représentationnelle est comparable à la zone mémoire allouée à une variable venant d'être déclarée dans un programme informatique, mémoire qui fait préexister la variable de manière indéterminée, c'est à dire avant qu'on la détermine par une valeur. La forme représentationnelle est donc cette zone, cette forme pure d'espace-temps, que l'on pré-alloue (en nous car il est impossible de préjuger d'une existence réelle de l'espace et du temps pour le moment) à l'objet ou à la classe d'objets que l'on va y instancier. Autrement dit, et pour schématiser, il s'agit d'un espace que l'on réserve, dans notre esprit, à la représentation d'une chose ou d'un concept, censé référer à un phénomène du sens externe ou interne (au sens kantien), et ultimement à une chose en soi. Il faut préciser toutefois qu'à aucun moment une forme représentationnelle n'est pure et indéterminée (ces deux propriétés demeurant des concepts-horizons) et lorsqu'on dit d'une telle forme qu'elle est encore indéterminée, il faut là encore penser à la variable informatique qui contient de toute façon et a priori une valeur (nulle ou autre) avant d'être déterminée précisément par l'acte de définition. Ainsi penser le temps et l'espace indéterminés, c'est déjà avoir en tête un objet déterminé (comme un mouvement dans une zone spatiale ou l'écoulement d'une substance, ou bien seulement le mot lui-même, etc.).

Signifié: Forme représentationnelle déterminée par une valeur, c'est à dire la représentation d'un objet ou d'une classe d'objet ou d'un concept, indexée par une loi de constitution (ou définition).

Le signifié n'est pas le référent, donc il n'est pas l'image que l'on associe au concept. Il définit la forme représentationnelle propre à constituer une série d'images adéquates. Il est donc un calque négatif, sans contenu, mais il constitue en cela la possibilité d'un contenu et donc de l'image, de l'objet. Le signifié est donc un type de variable défini par la loi de constitution de l'objet ou de la classe et qui, par des déterminations plus ou moins précises, va permettre à une image ou une valeur d'être instanciée, c'est à dire représentée.

En l'occurrence, pour l'être humain, la détermination consiste en une image synesthésique (en ce sens qu'elle peut ne pas être exclusivement visuelle, bien que cela semble être quasiment tout le temps le cas) constituée à partir des sensations. J'insiste sur ce caractère concret du signifié, voire matériel ou du moins sensible, puisque même lorsque nous pensons des concepts abstraits tels que l'infini par exemple, une sensation et un sentiment sont associés, ce sont précisément eux, l'image sensible du concept, qui sont le vécu psychophysique de celui-ci et donc son signifié (au sens où l'individu parlant interprète). Il est assez remarquable à cet égard que lorsqu'on lit par exemple une langue dont on ne connaît pas l'alphabet, aucune image acoustique ne vient accompagner la lecture d'un mot (bien que nous ayons tendance à plaquer de toute façon un son sur le mot lu en acceptant d'être dans l'erreur) et le sens reste absent, la mémoire ayant même tendance à oublier très rapidement la lecture de cet objet non identifié ne sachant qu'en faire. Il suffit qu'un non mathématicien lise des équations mathématiques complexes pour expérimenter cela, il sera incapable de reformuler les équations même faussement puisqu'il aura perdu trace (n'ayant nulle image) de certains caractères lus. Il semble donc prudent d'affirmer que tout énoncé ne suscitant aucune image demeure perdu et comme non avenu.



Raisonnement


Hypothèse: Les mots ou signes linguistiques délimitent des espaces représentationnels que sont les signifiés. C'est à dire qu'ils sont des pointeurs vers un espace représentationnel déterminé par une valeur qui peut varier au cours du temps et dont le contenu n'est jamais défini que négativement ([ À développer ]: un signifié est un contours, son essence n'est jamais donné probablement car son essence n'est qu'une forme spatio-temporel).

Par conséquent le langage est une sorte de théorie des ensembles (fait écho à Hobbes) sans laquelle les mots définissent des espaces représentationnels qui s'incluent ou s'excluent les uns les autres. Le mot semble délimiter ou circonscrire un espace représentationnel afférant à une classe d'objets. En ce sens, le mot "être", compris comme un substantif, semble subsumer sous lui la totalité des objets concevables, il est donc l'ensemble de tous les ensembles (même lorsqu'on parle de non-être, si une quelconque représentation est déterminée alors on ne pense jamais que de l'être. D'ailleurs un  non-être absolu est impensable car il est un concept sans forme, il n'est que le non dicible que le discours détruit).

Comme le définit Saussure, le mot ou le signe linguistique semble être une entité à double face, chacune des faces habitant un plan ontologique différent: le signifiant est une forme physique ou matérielle (reposant donc sur un objectivité et, in fine, sur une objectité. [ À développer: l'objectité n'est que l'être en soi, support énergétique de toute chose, cf texte sur l'objectité] et le signifié est une valeur dans l'espace représentationnel. Cette distinction est primordiale puisqu'elle confère au langage la propriété fondamentale de pouvoir convoyer les représentations singulières des individus sur la base de formes matérielles objectives finies et pouvant subsumer en classes des séries infinies de représentation selon une loi de constitution.

Corollaire: Ainsi la logique est elle aussi pareille à une théorie des ensembles puisqu'elle est un méta-ensemble: un discours sur le discours. Donc ses signes définissent des ensembles dont les signifiés sont les lois de vérité du langage. Autrement dit, la logique définit des concepts sous lesquels sont subsumées les règles d'usage du langage lorsqu'on l'utilise pour raisonner, c'est à dire pour calculer, inférer, déduire, etc. En cela la logique est une règle ou une méthode de découverte d'inclusion ou d'exclusion entre des signifiés dont le rapport qui les unit n'est pas contenu analytiquement dans l'un des deux. La logique est donc la théorie des ensembles qui permet les jugements synthétiques a priori dont parle Kant.

La logique est un jeu de signes de signes. C'est pour cela qu'on a été amené à dire (Wittgenstein, tractatus) qu'elle est tautologique: elle dit ce qu'il est loisible de dire de l'être si l'on veut respecter ce critère d'évidence qui semble intrinsèque à l'homme et à son expérience ([ À développer ]quelle est l'origine de la logique?). Le signe étant un support (signifiant) de la représentation (signifié), il faut, pour que le langage puisse être compris, que les signifiants eux-mêmes puissent être pensés dans l'espace représentationnel afin de leur conférer une loi de construction immanente et implicite (implicite dans le cas où ils ne sont pas pris comme objets de pensée mais comme supports). Il n'y a véritablement de langage que lorsque ces règles sémantiques sont fixées et que le langage (dans sa dimension signifiant) est pensé comme objet conceptuel, c'est à dire que les signifiants sont conçus en tant que signifiés, afin de devenir des objets et non plus des supports objectifs. (distinction grammaire-logique: l'un pour le sens, l'autre pour la vérité?) ([ À revoir ] Cette scission signifiant-signifié est-elle claire? Le signe est à la fois signifiant et signifié, les deux étant indissolublement liés donc le paragraphe ci-dessus n'est pas clair: à revoir).

Question: éclaircit-elle pour autant les choses et le discours lui-même?

Hypothèse: elle ordonne le langage qui permet d'ordonner les choses (il les subsume dans des ensembles). Autrement dit elle permet de comprendre la manière dont le langage s'articule aux choses, aux objets. En effet, le langage est contraint, pour ne pas être vide, de se soumettre à des règles par lesquelles il s'applique aux objets, ce sont précisément ces règles que la logique énonce (en tout cas en ce qui concerne le raisonnement judicatoire - comprenant le raisonnement apodictique et dialectique).

Question: ne fait-on que penser des grandeurs (les ensembles étant assimilables à des grandeurs, représentables par des ronds d'une étendue déterminée sur une surface plane)? Lorsque je pense une qualité (comme la couleur verte par exemple), comment en rendre compte sous la forme d'une grandeur, d'un ensemble?

Hypothèse: car toute qualité s'insère (dans le langage) dans une collection de qualités, celle-ci formant un ensemble ordonnable en sous-ensembles (ce qui constitue précisément la définition d'un universel ou d'un concept). C'est en ce sens que l'on peut parler de grandeur, bien que le terme forme semble plus approprié.

En fait, chaque forme est remplie par une ou des qualité(s), qui sont des sensations ou impressions vécues.

Question: si ce sont des grandeurs alors elles sont mesurables et comparables entre elles? Ainsi il serait possible de comparer la forme "couleur" à la forme "justice"?

Hypothèse: Non: deux concepts ne sont comparables entre eux, en terme de grandeur, que s'ils subsument les mêmes unités. Par exemple le concept de couleur primaire subsume des couleurs, tout comme celui de couleurs secondaires. Puisqu'ils subsument le même type d'unité (des couleurs), il est possible de calculer le nombre d'unités que renferme l'un et l'autre et de faire une comparaison. Cependant, si deux concepts ne subsument pas le même type d'unité (comme la justice et la couleur), alors ils ne sont absolument pas comparables en terme de grandeurs, le terme de grandeur semble même plutôt déplacé dans un tel cas.

Ainsi, les ensembles, moins que des grandeurs, devraient être appelés formes car un ensemble n'est mesurable que par le nombre d'unités qu'il renferme. Or si l'on s'arrêtait là, cela supposerait que chaque ensemble est mesurables en terme d'unités qu'il contient et que l'on peut comparer deux ensembles en proportion du nombre d'unités qu'ils renferment ce qui impliquerait une équivalence des valeurs de chaque unités dans les différents ensembles. Ce n'est pas le cas. Une unité n'a pas de valeur étalon universelle, on ne peut comparer un centimètre avec un décibel par exemple.

Par conséquent, l'idée de grandeur pour qualifier les ensembles peut être trompeuse parce que chaque ensemble est unique et ne peut être comparé à un autre. Ainsi on dira désormais d'un ensemble qu'il est une forme de formes.

Corollaire: Nous avons définit, au sein de la forme couleur, une couleur définie (par exemple le rouge), comme une unité. Le terme unité suppose l'indivisibilité ce qui ferait du concept de couleur non une forme de forme mais une forme ou un ensemble d'unités, et cela contredirait la démonstration précédente. C'est donc que le terme unité pour qualifier ce qui est subsumé sous un concept n'est pas approprié ou du moins l'est seulement dans un certain contexte. Ainsi, nous dirons qu'une unité est fixée par l'abstraction dans laquelle on pense. Donc l'unité est un attribut que l'on fixe "arbitrairement" sur le niveau d'élément que l'on considère le plus bas d'un ensemble.

Par conséquent, les unités peuvent, dans une autre abstraction, devenir des ensembles.





Un ensemble est potentiellement une unité et une unité potentiellement un ensemble excepté pour l'ensemble de tous les ensembles et l'unité de toutes les unités (à supposer que de telles choses existent réellement, auquel cas elles sont limités par autre choses, etc.; par conséquent ces concepts ne peuvent qu'être des limites de la raison, des horizons virtuels).

L'idée d'unité n'est donc qu'un concept dépendant du niveau d'abstraction dans lequel il est pensé (comme le montre la figure ci-dessus)  et il sert à marquer qu'un type de forme déterminée est le plus bas degré que l'on pense au sein d'un concept, constituant ainsi ce qu'on peut nommer unité.

N.B.:  une forme n'est pas une grandeur car le rapport de subsomption n'est pas défini par une surface ou une étendue:
  • L'inclusion est spatiale et donc étendue.
  • La subsomption est conceptuelle.
Question: quel lien entretiennent donc les formes avec le réel?

Hypothèse: les formes sont l'interprétation du réel dans le système de la conscience, elles sont des valeurs (comparables à des notes de musique) dans la mélodie de la conscience. Il semble que les formes soient une méthode de représentation du réel, elles définissent des patrons ou modèles porteurs de propriétés générales selon lesquelles les représentations singulières peuvent être interprétées. La forme peut être vue comme un concept qui est la synthèse d'autres concepts, permettant la division des sensations, leur analyse en différentes classes générales correspondant aux structures cognitives de la conscience ([ À développer ]ces structures sont-elles dynamiques et acquises ou bien figées et innées?). La forme est avant tout une méthode de division en unités. La conscience est une constructrice, une bâtisseuse, elle ne perçoit du monde et de l'objectité que ce qu'elle peut en recréer selon ses formes a priori (temps, espace, ?). Ainsi, l'objectité est un matériau, une cause par laquelle la conscience conçoit un monde et les formes dont elle se sert sont pareilles à des briques voire à des matières qui lui permettent de représenter un monde selon des principes connus et reposant in fine sur sa propre nature. Ainsi, la forme est pareille à la note, au concept générique de note en tant qu'il définit par exemple une noire. N'importe quel fréquence peut être subsumée sous le concept de noire, mais le concept est là qui distingue et définit, qui place dans un système et organise la sensation dans un ensemble constitué de règles.

N.B: Les formes ne sont pas totalement arbitraires car la conscience a une certaine manière objective (au sens kantien donc propre à l'espèce humaine) d'interpréter, de lire le réel; elle est donc soumise à une certaine loi naturelle. Par exemple, il n'est pas en mon pouvoir de ne pas voir en couleurs. Il semble donc bien exister une base psycho-physique correspondant au formes de la sensibilité kantiennes, en ce qui concerne les catégories il faudra déterminer si ces dernières sont acquises ou innées (ou bien les deux).

On pourrait donc parler de prolepses propres, dans une certaine mesure, à l'espèce humaine (couleurs, sons, toucher, formes visuelles, saveurs, etc.).

Question: qu'apporte le langage à cette base naturelle? En effet, l'homme perçoit des couleurs et ce quand bien même il n'aurait pas de mot pour le concept?

Hypothèse: Certes, mais le langage ajoute à ces formes,  les formes de formes, la subsistance de formes virtuelles, indépendantes de l'expérience et échappant à l’évanescence grâce au mot et à son support physique qui réduit la série d'une famille de sensation en une étiquette, en un signe facile à conserver en mémoire. On peut comparer cela à la création d'un monde, ou plutôt d'un sur-monde ou d'une légende (méta-monde? Les bases de la métaphysique ne sont-elles que les bases de notre conscience et de notre rapport au monde?).

Question: pour quoi faire? Pourquoi avons-nous besoin de cette carte que l'on surimpose aux sensations?

Hypothèse: ces formes de formes sont nécessaires pour alléger le travail de l'esprit et naissent effectivement en partie pour des raisons pratiques de survie. L'homme sans ce sur-monde qui simplifie, regroupe en ensembles synthétiques le nombre infini des singularités, serait plongé dans une hébétude perpétuelle, pareille à cet étonnement philosophique propre à la recherche spéculative; or la survie n'a pas ce luxe.

Ensuite, c'est pour répondre à ce besoin de totalité et d'unité qu'est la raison. La raison crée des séries ordonnées par une loi d'unification, ainsi elle subsume le pluriel dans le singulier jusqu'à créer cet ensemble de tous les ensembles qu'est la conscience.

La subsomption permet à la raison de manipuler des formes très abstraites (c'est à dire contenant de nombreuses formes) qu'il est possible (même nécessaire à certains moments) de développer analytiquement.

Question: Donc tout est analytique? La connaissance n'est jamais synthétique (réfutation de Kant)?

Hypothèse: il semble, a priori, que la connaissance puisse être synthétique. Une connaissance ne devient analytique qu'une fois que les formes liées synthétiquement sont subsumées sous une nouvelle forme (définie par une loi). Il faut donc la naissance du nouveau concept qui va lier deux autres concepts auparavant étrangers l'un à l'autre pour que la connaissance devienne analytique.

En fait, il semble que l'association des formes entre elles soit synthétique, elle est une tentative de création d'un système régi par des lois définissant les rapports des formes entre elles. Ce système se construit à la fois a priori, dans une tentative d'anticiper l'expérience, et a posteriori, dans une perpétuelle correction et vérification de l'effectivité du modèle conçu.

Ainsi la dimension analytique n'est que le résultat de la synthèse, une fois cette dernière réalisée ([ À développer ] pas si simple, Kant montre bien que le chiffre 12 n'est pas compris dans l'addition de 7 et 5 mais que la somme des angles d'un triangle est compris analytiquement dans le concept de trois droites sécantes )

Question: comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles?

Hypothèse: voir Kant :-)

Mais la solution kantienne suppose que par les catégories et les formes de la sensibilité, nous avons en nous la loi de constitution de toutes les formes, c'est à dire la forme de toutes les formes.

La loi de constitution est l'imagination, seule capable de lier sensibilité et catégorie en simulant l'expérience (c'est l'exemple de la géométrie où l'esprit construit les figures par application des catégories dans les formes de la sensibilité et découvre ainsi a priori des synthèses de formes).

Encore faut-il avoir identifié quelles formes a priori sont réellement effectives, c'est à dire correspondent à l'expérience (ou rendent possible l'expérience pour paraphraser Kant). Et là, visiblement, les catégories kantiennes semblent un fondement solide...

Question: la logique tétravalente modifie-t-elle les catégories?

Hypothèse: il semble que oui.

Notons tout de même que les catégories n'obéissent pas à une logique bivalente mais trivalente. Prenons l'exemple de la table des catégories correspondant à la quantité.

Chez Kant la quantité se décompose en trois catégories:
  • Unité
  • Pluralité
  • Totalité (réunion des deux autres -> équivaut au OUI et NON logique)

    En logique tétravalente nous aurions l'ajout d'une quatrième catégorie:
    • Unité (équivaut à OUI)
    • Pluralité (équivaut à NON)
    • Totalité (correspond à la synthèse des deux précédentes -> OUI et NON)
    • Altérité (correspond à la négation des trois catégories précédentes -> NI OUI NI NON; notez que l'emploi du nom 'altérité' pour qualifier cette catégorie n'engage que moi, mais il reflète bien la spécificité de cette valeur possible en logique tétravalente: ici nous n'avons affaire qu'à des quantités, et pourtant, la dernière catégorie est intitulée 'altérité', propriété plus qualitative que quantitative, ce qui souligne bien le caractère étranger de cette dernière valeur)
    Question: cette catégorie qui est l'opposé de la totalité (= union de la pluralité et de l'unité), c'est à dire ni unité, ni pluralité, existe-t-elle? En a-t-on besoin?

    Est-ce que [oui et non] est équivalent à [ni oui ni non]?

    Hypothèse: non: les deux ensembles ne sont pas équivalents.

    Ni oui ni non suppose l'existence d'une autre objectivité qui serait toutefois prise en compte (conçue négativement) par notre objectivité et grâce à la tétravalence.

    Par conséquent la logique tétravalente permet de penser un autre monde (négativement). Elle peut s'apparenter à la formalisation du noumène kantien: il s'agit d'une limite, une frontière qui permet de penser notre totalité (objectivité) comme n'étant pas la totalité réelle, mais intégrant tout de même cet au-delà impensable au sein du système langagier.