mardi 29 septembre 2015

S'offrir au vent

Je vis à la lisière d'une ère à l'agonie, d'un monde à son crépuscule. Le chant du cygne de mon époque s'exprime un peu partout, dans les agitations et violences qui tachent les nations, dans le râle silencieux et brutal d'une nature bafouée, dans le trouble des âmes qui errent dans les impasses du passé, dans l'habitude et la tradition dont mes semblables se parent comme d'un vêtement trop lourd.

Moi, spectateur-acteur de cette tragi-comédie, j'observe le mouvement de la vie avec la curiosité de ce qui viendra après tout ça. L'Histoire ne s'écrit pas avec la poignée d'individus dont les noms resteront, bien au contraire, elle se fait par la cohorte des petites mains anonymes qui acceptent encore l'ombre des maîtres par simple habitude.

Mes semblables vivent comme si la répétition d'un acte, réitiré à travers une certaine durée, muait son fondement arbitraire en une nécessité indéniable.

Tout fonctionne comme si l'humain, l'être le plus indéterminé du règne animal, voulait se doter d'une nature aux contours d'acier, d'une essence immuable et d'une identité d'airain gravée dans l’éternité minérale. Peut-être devrions-nous envisager de détruire les maisons et tout ce qui nous "protège" de l'impermanence du monde - ou plutôt devrais-je dire: de la tonalité d'impermanence qui réside en toute permanence.

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