vendredi 11 septembre 2015

[ Le système du JE ] Philosophie

Ecrire une philosophie n'est pas une activité sérieuse ni même très utile. Il s'agit plus d'une expression égoïste que l'on s'adresse à soi-même, comme pour cartographier son propre esprit ou comme on écrirait la législation propre à une conscience d'exister. Toute tentative d'objectivation relève plus de l'expression d'une volonté totalitaire de réduire l'altérité rebelle du réel à la vision personnelle et unifiée que constitue un monde, que d'une véritable entreprise de partage d'un éventuel savoir sur le réel en soi. D'ailleurs, écrire cette phrase, qui veut tente d'ériger le relativisme en une vérité générale, relève de la même volonté et n'a par conséquent, comme toute tentative de cristallisation d'une expérience subjective en savoir objectif, que peu d'intérêt.

La philosophie est intrinsèquement subjective, comme le sont tous les mondes connus, précisément parce qu'ils sont connus. L'objet en soi demeure, à mon sens, par delà les bornes d'une distance infranchissable, précisément parce qu'elle est bien plus qu'une distance une modalité ontique autre.

Cependant les hommes, malgré leur irrémédiable solitude et altérité les uns envers les autres, semblent sensibles aux expressions d'autrui, à la vibration familière d'une autre singularité. Les autres sont des sons, qui parfois nous touchent et parfois nous exaspèrent, parfois nous intéressent et parfois nous laissent indifférents.

Le son de mon âme, qui tente de résonner à travers ces mots à la validité limitée car contextualisée, pourra, peut-être, sembler à quelque autre une musique de ce genre, dont la situation existentielle au moment de la lecture déterminera une valeur particulière et enclavée, elle aussi, dans ce contexte limitée.

À la vérité, en m'imprimant ainsi sur le réel, je fais signe vers moi-même (sans bien savoir ce que cela peut vouloir dire) bien plus que vers une quelconque réalité absconse que j'effleure sans cesse sur les bords de mon être, et qui demeure, inéluctablement, à la lisière de mon monde, dans ce non-lieu où intérieur et extérieur tendent à se confondre sans pourtant jamais s'annuler.

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