jeudi 17 septembre 2015

[ Le système du JE ] Enfance et possible

Dès l'enfance nous entrons dans le royaume du possible en apprenant à intégrer les rêves au domaine de ce que nous nommons réalité. Cette opération si elle peut être innée est certainement renforcée par la société des adultes qui fait de l'enfance une zone démilitarisée où la loi despotique de l'objectivité est absente. L'adulte permet à l'enfant de croire en ses rêves, mieux il les encourage et lui en propose. On pourrait croire qu'il s'agit là d'un geste bienveillant et désintéressé mais il semble plus probable que l'adulte, par là, se donne à lui-même un espace pour faire exister un imaginaire maltraité par la société et ses velléités totalitaires. Education et science sont la règle qui vient aplanir les déviations de l'esprit, délimiter le réel et séparer le possible de l'impossible.

Pourtant, il semble bien que rien n'est impossible. Ce n'est pas la science qui pourrait dire le contraire puisqu'elle amène paradoxalement à cette conclusion. Celle là même qui détermine des vérités premières à partir desquelles raisonner se perd par son outil même: le raisonnement, qui vient inéluctablement ronger la validité même de ces vérités premières. C'est ainsi la même activité qui bâtit un réel objectif par des déterminations premières qui le déconstruit par la suite.

Quoi qu'on fasse, la plus froide raison semble nous ramener toujours à l'enfance, cet espace-temps où le possible est un domaine indéfini et sans bornes apparentes d'où l'actuel que nous nommons réel émerge dans le jaillissement absurde des phénomènes.

Aujourd'hui je n'écoute avec pas moins d'attention les "délires" autistiques d'un enfant qui projette autour de lui un monde pour jouer que les non moins délires des scientifiques et philosophes qui croient toujours dire quelque chose qui va au-delà d'eux-même, dans ce vieux rêve despotique et fade qu'est l'universel. La parole de l'un et de l'autre est mon réel, la sensation que j'en reçois constitue pour moi le réel.

Mais devinez pour qui mon coeur penche entre celui qui veut faire de son entendement l'univers et celui qui n'est là que pour une chose: jouer.

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