mercredi 26 novembre 2014

Une donnée éternelle

Chacun de mes mots est un battement de coeur supplémentaire. Le vrai, lui, a cessé de fonctionner depuis longtemps déjà, récitant le rythme d'un amour aboli. J'ai échoué à vivre ma vie, j'ai renoncé à vivre, même le soleil s'est détourné de moi, je n'en garde que des souvenirs tandis qu'il passe sur la vie des gens et les éclaire de ses rayons ardents.

J'écris: c'est ma malédiction, les mots sont la pierre que je roule en haut de la colline, les mots sont ma chair qui est morte et que l'aurore a emporté, les mots sont mon souffle, celui-là même que j'ai perdu dans mes journées grises et sans lueur, dans ce désert glacé où je suis pétrifié.

Je ne suis pas irremplaçable, le train de la vie ramasse d'autres passagers, ils s'assoient sur mon siège et soufflent leur haleine sur la vitre à travers laquelle j'ai contemplé tant de paysages. Ma conscience de l'impermanence est une donnée éternelle, c'est pour cela que je renferme en moi cet amour qui ne s'émousse pas avec les jours. Je garde en moi, présent, le souvenir de tous les voyages, la chaleur de ton regard et la lumière de tes sourires.

Je n'ai jamais été un soleil, c'était bien moi la lune, et mes plus beaux moments furent ceux où tu m'illuminais de tous tes feux. Aujourd'hui satellite fantôme tournant dans le vide sidéral, j'offre la face consternante de mes nombreux cratères, puits de ténèbres dans un désert rocailleux. La vie, un jour a trouvé son chemin en moi, j'en suis le fossile épuisé que personne ne ramassera jamais.

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