lundi 10 mars 2014

L'âme en chantier

Il n'y a qu'une chose de réel, c'est la croyance. Quand je pense à toute la fausseté de nos représentations... Ce bout de terre que je vois marron; ce bout de terre qui est un amas d'atomes, sans couleur; ce bout de terre qui semble si consistant et qui n'est pourtant quasiment que du vide. Et le vide, qui en fait n'est pas vide mais plein de quelque chose, d'un champ quantique, c'est à dire d'énergie.

À chaque étape de mon voyage , je perçois une chose puis me la représente autrement, fort de mes connaissances acquises. L'espace comme une grandeur scalaire, un volume infini. L'espace comme un plan qui se courbe relativement à des masses. L'espace quantique que je ne saurais me représenter. L'espace à N-dimensions où N veut pour la grandeur infinie de mon ignorance. N est une croyance, j'en parcours les valeurs: N+1, N+2, N+N... À se demander si la croyance rejoindra un jour la réalité, si la réalité est même croyable, ou seulement représentable. Et puis il y a cette possibilité étrange qui ne provoque en moi aucun sentiment: la réalité n'est peut-être que la somme de nos croyances, le développement de sa série infinie. Je ne peux m'y résoudre. Il doit rester quelque chose sans l'homme, quelque chose que l'homme devrait connaître. Savoir ce qu'est la réalité sans l'homme, autrement dit être et ne pas être homme, s'annuler tout en étant cette annulation.

Et si un être sage avait prévu ce voeu absurde de l'humain, sa volonté d'être plus que lui-même en lui-même? Et si c'était précisément pour cela que nous devenons, que nous sommes ce temps qui sans cesse se sépare de lui sans jamais devenir étranger?

Cette unité de tous les multiples, à la fois éternelle, hors du temps car toujours déjà complète et totale (la CONSCIENCE), et en même temps a-totale, unification en cours d'accomplissement dans le parcours sans fin de la série infinie des valeurs (DEVENIR). Nous sommes à la fois éternels  (CONSCIENCE) et en même temps temporels et successifs (DEVENIR). Nous sommes Tout; mieux que le Tout, nous sommes un Tout achevé et non statique, en parachèvement perpétuel: nous sommes des êtres métabsolus.

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