vendredi 21 mars 2014

A wolf at the door

Je pleure si souvent, je ne sais ce qui m'arrive et d'où vient cette si grande sensibilité. Une musique et me voilà porté sur des ailes immenses par-delà l'enclos de ma vie, je suis sur le vent et j'observe en contrebas tous les enclos, les monts et les vallées, tous les évènements du monde qui me parviennent avec distance, en tout petit, peut-être à leur taille "normale". Curieuse histoire qui se trame ici, où la violence répond à l'amour et où d'étranges semblables dorment les uns contre les autres, se cherchent, se frottent, et s'égorgent, s'étripent.

Mais une musique me prend et m'emmène au-delà, je pleure souvent en ce moment, je pleure par un sentiment qui n'est ni la joie, ni la tristesse, un sentiment total qui contient en lui tous les jugements, un sentiment sublime qui semble traverser tout l'univers comme un courant dans lequel je serais par moments emporté. Je me sens me brésiller au vent, ma conscience s'étend infiniment tout en se condensant à son point d'attention maximale, et je deviens chaque chose tout en restant profondément moi...

Il m'arrive ces derniers temps de m'enfuir d'ici, de ma vie, des destins possibles qui érigent autour de moi des murs virtuels faits de pointillés pourtant bien visibles auxquels ma vue se heurte quotidiennement. Il m'arrive si souvent d'aller faire un tour par-delà le plan écrasé de l'existence sociale pour m'élever dans les quatre dimensions de l'espace-temps, par la pensée ou la musique. Et toutes les souffrances sont les miennes, c'est ainsi que je vis heureux, la souffrance est mon moteur, c'est le carburant que je transforme en poésie, en amour, en bonheur, il me faut la quérir partout. De toute façon , il y en a tellement autour.

Les hommes sont étranges, ils sont les artisans de leur malheur, ils me semblent si contradictoires dans leurs accès de dilection et leurs éclats de violence. Il m'arrive dans ces moments de me croire appartenir à une autre espèce, extra-terrestre échoué sur le globe, ayant perdu ses racines mais les sentant pourtant imperceptiblement dans le ciel des nuits étoilées. Mon sol est dans les étoiles et je regarde notre monde comme un ciel aux nuages étranges qu'il s'agit d'interpréter librement.

Je m'emporte si loin, je deviens si vaste, des centaines de mètres, je fais bientôt la taille d'un pays entier, toute cette étendue pourtant concentrée en un point unique, celui de la conscience.

Mettez la musique s'il vous plaît, encore, encore, des pensées et du son pour moi, des images pour mes yeux, de la grâce et de la profondeur pour mes sentiments. Ma vie n'est rien, tout juste un objet que je peux examiner, face auquel je peux m'attendrir mais dont je suis définitivement libre, je sais comment partir, je fais des voyages interstellaires tout en demeurant fixe, simultanément présent à mon destin et au coeur même d'un ailleurs infini.

Quelque chose se prépare, quelque chose d'immense et de bouleversant, suis-je le seul à le ressentir? Tout cela n'est-il qu'un phantasme? Quelque chose, je sens quelque chose, en moi, en la Terre, dans le ciel. Quelque chose arrive...

Aucun commentaire: