lundi 9 juin 2008

Je sers à quoi?

J'ai envie de me laisser mourir seul dans la misère.
J'ai envie de me laisser plonger au plus profond de la déchéance.
Je n'ai plus envie de suivre la cadence.
Plus du tout envie d'être ballotté dans cette foule rance.

J'ai fondu les plombs diraient certains
Mais c'est mon monde intérieur qui s'est fondu,
fondu dans la morne grisaille d'une vie qui ne sert plus à rien.
Je ne suis plus qu'une mélasse de pensées sans but,
mon esprit un labyrinthe dans lequel je me suis perdu.

Je suis la cerise qui tombe de la branche avant les autres.
Je me regarde tomber vers le sol, vers le néant jusqu'à en avoir le vertige.
Mon corps est déjà en bas, mon esprit peine à le suivre.

Tous ces gens, ces esprits, ces vies qui sont autour de moi.
Malgré tous leurs problèmes, ils restent tous sur les rails,
petits soldats bien en rangs prêt à guerroyer pour une raison qu'ils ignorent.
Mais c'est le lot commun alors on reste debout et on survit.

Tous, sauf moi.
moi, moi, moi ,moi, voilà c'est dit!
d'aucuns diront que je suis un égocentrique,
à ceux-là je rétorquerai: "quelle perspicacité!".

Je ne sais pas si je suis une erreur de la nature,
une brebis destinée à être dévorée par les loups.
Toujours est-il que je ne sais pas où je vais,
mais je sais où je ne veux pas aller.

L'Etat providence, la providence, quel mot exquis.
Il évoque dans ma tête, une main qui vous berce,
une protection, une lueur vers laquelle on se laisse guider.
Et bien je me refuserai à céder.

Et quand bien même, je n'arrive plus à marcher droit comme un I,
en rang bien serré avec mes codétenus, mes compagnons d'infortune.
Quand bien même le sang et les larmes aveugleraient ma vue,
quand bien même la raison me viendrait à manquer,

Je marcherais moi aussi, je ramperais si il le faut.
Non je n'ai pas honte d'être faible lorsque je suis seul avec moi-même.
Un vase maintes fois brisé et dont on a recollé les morceaux tant et tant de fois.
Un vase qu'on ne fait qu'effleurer sous peine de casser, mais un vase quand même?

Quand bien même, les fleurs sont fanées,
que dis-je, elles ne sont plus là depuis belle lurette,
désertées qu'elles ont, pour aller trouver refuge dans plus solide récipient.
Je suis une terre sans eau, une terre friable, une terre sans vie.

Je suis un Junkie qui ne voit plus la vie,
je suis un corps malade, dont le seul remède est un plus grand mal.
Je suis une saignée pratiquée sur un nourrisson prématuré.
Je suis le coup de rasoir de trop, celui qui vient trancher l'artère.

Je ne suis qu'un instrument dont personne ne sait jouer.
Et lorsqu'une âme charitable daigne essayer, aucun son ne sort.
J'ai appris par coeur les mélodies jouées par les musiciens qui m'entourent.
J'ai bien essayé de les jouer, le succès m'a manqué.

Ce serait beau de mourir par la pensée.
Parce qu'alors mes idées acérées, létales, nihilistes,
ne se contenteraient plus de glisser sur le triste manteau de ma vie,
elle le perceraient de part en part, le réduisant en peau de chagrin.

Et c'est alors que nu face à l'absurde infini,
je m'évanouirai, sans un bruit.
Alors ce moment là, mon suicide sera parfait,
je me serais donné la mort, tué par ma propre pensée.

Les gens écrivent des livres sur tout et rien,
moi je n'écris rien sur tout et surtout pas dans un livre.
Lorsqu'on ne sait plus quoi penser, il est temps d'agir.
Il y a toujours matières à agiter les circuits neuronaux dans ma bouillie de cerveau.

Je n'agis qu'à travers la pensée, ces chères influx électriques qui vous rendent fous mais ne peuvent vous tuer malheureusement.
Autant le dire donc, je n'agis pas.
Je n'agis pas, je gesticule.
Je ne suis pas efficace, je gaspille.

Merde j'ai compris maintenant.
Je suis déjà trop vieux.
Je suis du genre à exulter plutôt qu'à économiser.
Il me reste trop peu de temps et je tente en vain de l'étirer.

Tout ça ne sert à rien, je suis déjà fatigué comme un vieillard.
Même ma canne a cassé, un soir d'hiver.
Mes lunettes ne sont plus bonnes à rien,
je tourne en rond.

Je veux trouver ma place.
C'est Julia qui m'a dit ça.
Mais est-ce que tout le monde a une place?
Moi il ne me semble pas en avoir acheté...

Parait-il qu'on ne peut pas le louper ce fameux guichet.
Mais qu'y vend-on au juste?
"Un passeport pour l'enfer s'il vous plaît."
Et là un petit employé de bureau à la tête de Marianne,
vous marque au fer rouge en vous souhaitant bon voyage?

Manque de bol, j'ai dû encore passer en fraude,
résultat on va me faire sortir à la prochaine station.
Il ne me reste plus qu'à profiter des heures de trajet gratuit qu'il me reste.

En regardant par la fenêtre.
Le mouvement qui m'emporte encore pour quelques mètres.
On est bien dans le mouvement,
ce sentiment d'impuissance si agréable.

On n'a pas à se préoccuper de comment arriver à destination,
on se laisse simplement porter, insouciant.
Je voudrais qu'on jette mon corps dans l'espace
et profiter de l'inertie pour flotter vers l'infini.

Je regarderais les galaxies défiler,
et je saurais que j'ai toute l'éternité pour les regarder,
pour les connaître et les aimer.
C'est là qu'est ma place, hors du monde à le contempler.

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