dimanche 8 juin 2008

Brebis galeuse

Les gens, les gens, les gens ça leur fait peur de voir quelqu'un s'envoler alors qu'eux restent au sol. Les gens ça leur fait peur de voir une trajectoire erratique, qui sort du rang, qui leur ouvre des perspectives auxquelles ils n'avaient même pas osés songer. Alors ils sont tous là à essayer de vous rattraper, de vous "raisonner"...mais pourquoi, dans quel but? Pour se dire qu'au fond tout le monde va suivre le même chemin, va enfoncer les mêmes portes ouvertes, va partager le même sort? Pourquoi? Pour rester dans l'enclos, se faire tondre jours après jours? Se faire vider de sa vie, de son temps, de son sang? Les brebis égarées font peur car elles nous mettent en face de notre propre servitude, de notre propre lâcheté. Elles font peur parce que leur vie est dure mais elle est belle aussi, enjouée, incertaine mais pleine de surprises, menaçante mais pleine de douceur.

S'éloigner du troupeau, c'est une façon de mieux rencontrer chacun de ses membres paradoxalement. Plus on s'éloigne de la sûreté, mais aussi de l'oppression, des fausses valeurs, de la pseudo bonne morale qui maintient le système, plus on se rencontre soi-même, on se redécouvre, on apprend à s'accepter, à s'émanciper. On apprend ainsi à aimer les autres qui sont restés mais on apprend aussi à pouvoir les quitter, on se libère des entraves, des barrières mentales qui avaient été érigées à notre insu, qu'on ne voyait même plus à force de les voir sans cesse. Non je ne vous oublie pas les gens, je ne vous trahis pas les amis, et même si mon départ fait quelques remous au sein du troupeau, je ne veux surtout pas vous effrayer, vous déstabiliser. Mais par pitié ne me prenez pas en pitié car vous-mêmes vous ne sauriez pas pour quelle raison.

A voir certaines réactions, je remarque avec une satisfaction mêlée de crainte que certains prennent conscience que rien n'oblige à suivre les pistes toutes tracées, que le monde est vaste et la vie courte, qu'elle est votre, qu'elle est notre. J'espère que vous fourbirez vos armes en pensant à moi, que mon exemple habitera votre esprit de révolte, qu'il sera dans vos coeurs quand votre liberté s'éveillera, quand vous aussi vous prendrez votre envol. Je vous surveillerai de loin, je serais là le moment opportun, quand vous enfoncerez la lame de votre volonté dans le coeur de votre maître, dans votre propre coeur. Promis mes frères, c'est une renaissance qui vous attend, tuez sans crainte, tranchez, taillez votre propre servitude en pièce, la douleur n'est qu'éphémère comparée à la plénitude qui s'enracinera profondément dans votre âme.

Votre esprit est votre katana, saisissez le et tapez très fort sur le pouvoir, tapez jusqu'à détruire le dernier vestige de cette machine à broyer nos vies, tapez aussi fort que cette vie sourde en vous. Le sang ne coule pas d'une idéologie, ni de la haine ou d'une marchandise, vous n'aurez tué que vos illusions, vous n'aurez brisé que des chaînes.

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