mardi 17 juin 2008

Art, science et vomi

Ce sont des pensées que je vomis tous les soirs. Je suis incapable de dormir sans ça, j'ai besoin de jeter mes songes à la face du monde, d'en accoucher afin de me libérer d'un poids.

En fait j'irais même plus loin, pour m'endormir sur mes deux oreilles j'aurais besoin de pouvoir transcrire immédiatement mes pensées, telles qu'elles éclosent dans mon esprit insomniaque. C'est toujours couché dans son lit, en train de lutter contre l'éveil que viennent les pensées les plus profondes, les idées géniales, les envolées poétiques. Quand est-ce qu'on inventera quelque chose pouvant réaliser cela. Quel bonheur! Enfin délivré de ces nuits blanches à ressasser les informations que j'ai avalées toute la journée. "Qui vomit a dîné", et bien voilà, ce que vous lisez n'est rien de moins que le vomi de mon esprit. Des informations digérées, qui ont alimentées des raisonnements alambiqués, des questions réfléchies et des hypothèses aguerries.

Vomir des mots...C'est assez joli quand on y pense, rejeter avec délicatesse le trop plein de conscience qui obstrue notre esprit. Je regarde ce que j'ai déposé et je me vois à l'intérieur, c'est mon âme que j'aperçois dans l'entrelacement de ses mots. Je l'observe sans dégoût. Finalement,
l'écriture c'est le miroir de l'esprit, je pense qu'on en apprend bien plus sur le cerveau humain en lisant qu'en en décortiquant un au microscope. N'en déplaise aux neurologues!

Hier, il me semble, je réfléchissais à un sujet qui porte à débat: la science contre l'art. Lequel des deux est le plus indispensable à l'homme, ou plutôt, lequel des deux en est l'incarnation, l'allégorie. J'y pensais beaucoup parce que j'avais dit cela à mon père au téléphone: "Avant je préférais la science à l'art, maintenant c'est l'art que j'ai choisit". Alors pourquoi ce choix, ce changement si radical? en est-ce un d'ailleurs? L'art et la science sont-ils si fondamentalement différents ou bien chacun peut-il se retrouver en l'autre?

Ce qui s'impose en tout cas comme constat, c'est que la science nécessite un contrôle rigoureux alors que l'art ne doit souffrir aucune frontière, aucun mur, aucune règle. La science peut tuer, c'est d'ailleurs ce qu'elle fait de mieux, l'art peut faire vivre, c'est d'ailleurs ce qu'il fait de mieux.
Dans l'art, on retrouve la folie, l'incohérence de l'Homme, on y trouve ses doutes, ses émotions, il transmet la vie. La science elle n'est que pure rigueur mathématique, pure structure rhétorique, elle est l'Homme fragmenté en fonctions simples. L'art est un tout, en lui l'Homme existe entier.
La science est parcellaire, elle divise, en elle l'Homme n'est que fonctions, atomes.

Je ne dis pas que la science est inutile, loin de là, elle a déjà montré les bienfaits qu'elle pouvait apporter à la vie. Seulement, elle est à double tranchant et ne doit pas être mise entre toutes les mains et pour n'importe quelles raisons. La science dans l'idéal devrait être la canne de l'Homme
lorsque celui-ci en éprouve le besoin. En aucun cas elle ne devrait être plâtre imposé à la hâte sans réel nécessité.

Je pense aussi que toute science peut devenir un art, tout dépend de la perspective avec laquelle on l'embrasse. Les plus grandes découvertes sont souvent dues à un élan créatif, une intuition inexpliquée, une clairvoyance soudaine. L'art est donc plus puissant que la science puisqu'il l'englobe. En effet, l'on peut regarder la science comme un art sans la dénaturer, sans la détruire. On ne peut pas envisager l'art sous un angle scientifique sans par nature, tuer l'art. La science ne serait qu'une parcelle de l'art qu'on aurait oublier d'embrasser dans sa globalité. La science est certainement à l'art, ce qu'un atome est à l'Homme. Elle se heurtera toujours à l'infiniment petit dans une course perdue d'avance, alors que l'art lui se fond dans l'infiniment grand, dans le tout, sans chercher à le dompter mais simplement à en faire partie.

Voilà, je pense avoir dit tout ce que je voulais à ce sujet pourtant impossible de me coucher, le sommeil ne m'a pas invité encore une fois. Enfin ça ira mieux bientôt, quand la fumée viendra faire s'envoler les poussières de pensées qui encrassent mon corps. Non pardon, ce doit être l'inverse. Le fait de ne pas dormir, c'est être ouvert au monde de façon perpétuel, sans répit, d'être une machine à traiter de l'information. Dormir c'est donc se fermer au monde afin de se reposer, de pouvoir traiter l'information sans que d'autre arrive encore. Je vais reprendre ma phrase: Enfin ça ira mieux bientôt, quand mon âme s'enveloppera d'une cape de fumée mystique, lui permettant ainsi de se reposer dans la douceur d'une nuit d'été.

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