mardi 17 juin 2008

J'ai peur

J'ai peur, c'est dingue comme j'ai peur de l'avenir. Lorsque je vois la vie qui m'attends, et bien je n'ai pas envie de continuer. Honnêtement je ne pense pas y arriver. Et je trouve ça injuste que ce soit comme ça, qu'il faille inexorablement donner 80% de sa vie à l'économie. Je sais très bien que le monde pourrait tourner si tout le monde se contentait de travailler 3 heures par jours. Je
me contrefous des profits de M. Lagardère et consorts. Je me fous complètement que la France soit compétitive, je me fous que mon pays soit riche lorsqu'en fait il est plus pauvre que jamais.

Meeeeeeerde!! Avant la vie c'était une forêt vierge, indomptable, une savane remplie d'animaux sauvages, des plaines où les bêtes paissaient et où l'humain chassait et cueillait. Alors qu'est-ce qu'on a gagné maintenant hein? Maintenant la vie c'est un long couloir blanc aseptisé rempli d'infirmières et de docteur nous guidant de force vers la sortie en nous prélevant notre vie. La vie maintenant c'est un abattoir, on fait tous la queue avec plus ou moins de discipline, il y en a même qui courent et qui essaient de doubler tout le monde, pauvres fous, ils n'ont pas compris qu'au bout c'est la mort.

Alors moi j'ai peur, peur peur peur de me soumettre à ça, j'ai peur que ma vie ne m'appartienne pas, et chaque seconde volée est une coupure de plus sur mon âme flétrie. Je ne veux pas me laisser faire, je veux combattre jusqu'à la mort! Mais contre qui? comment lutte-t-on contre une bureaucratie planétaire, contre un oligopole économique, comment lutte-t-on contre l'argent? contre le monde?

Je pensais avoir pris les bonnes décisions en partant, en rejoignant mes amis. Maintenant je ne sais plus du tout, peut-être est-ce simplement une fuite, encore. Décidément... Je ne vais échapper à rien du tout en allant plus loin,, on échappe difficilement à un système rodé depuis des millénaires.

Trop révolté pour accepter la vie tronquée que l'on m'oblige à mener et bien trop rêveur pour la quitter. Je ne sais même pas par où commencer pour vivre autrement, pour faire un pied de nez à la société. Je sais que certains ont réussi, j'aurais besoin de leur parler, de savoir comment les imiter, les rejoindre mais même ça je ne sais pas comment faire.

Putain j'ai l'impression de n'être qu'un nourrisson complètement impuissant qu'on trimballe de main en main et qui reste là à gémir sans cesse en battant des pieds et des mains. J'étais pleurnichard quand j'étais gamin, c'est mes parents qui me l'ont dit. Ca ne m'étonne pas, ça n'a pas vraiment changé d'ailleurs. J'ai simplement appris à pleurer en silence maintenant, à pleurer dans mon âme. Chaque mot que j'écris ce soir est une larme trop lourde à porter.

On me refuse le droit d'être heureux. Il veulent que nous soyons inconscients? ils savent que comme ça on accepte l'horreur sans la remettre en question, ils savent que comme ça peut naître l'illusion de la plénitude, de la joie. Mais moi je souffre d'un mal incurable, un mal dont ils ne se débarrasseront jamais, je souffre de surconscience. Jamais je ne me débranche. Jamais je n'accepterais leur fadaises, leur faux idéaux et leurs conceptions biaisées de la vie.

Qu'est-ce qui m'empêche de revenir au temps des chasseurs-cueilleurs, de vivre en acceptant de n'être qu'un maillon de la chaîne comme les autres? Tout! Tout me l'interdit, chaque parcelle de terre appartient à quelqu'un, chaque Homme est dépendant des autres car la nature a été pillée puis partagée. C'est marche ou crève, et d'une mort lente, rongé par l'alcool à arpenter les rues des immenses cités, désespéré à divaguer une bouteille à la main, à dormir sur des bouches
d'égouts pour glaner un peu de chaleur.

Comment survivre, comment garder mes valeurs, comment être un Homme quand tout est fait pour te dépouiller de l'humanité. Quand on est pressé d'atteindre un objectif, par exemple une situation géographique, on avance sans doutes, on ne jette même pas un oeil au monde qui nous entoure, tout focalisé que l'on est. En fait, avec un but on peut tout accepter. L'homme obsédé par sa perle est capable de marcher sur des milliers de cadavres sans s'en rendre compte. Mais quand on a pas de but, qu'on vit la vie telle qu'elle s'offre, de secondes en secondes, tout prend de l'importance. On remarque chaque détail puisqu'on est là pour découvrir. Je me situerai
donc dans cette catégorie, et la peinture générale qui s'offre à moi pue la merde à plein nez. Je vois chaque cadavre qui m'entoure, je sens chaque odeur rance de peur et de résignation qui flotte à mes narines, je ressens la sécheresse irritante qui vient frotter ma peau, j'entends les cris, des cris partout autour de moi, en moi.

Je finirais clochard certainement, je n'en ai pas honte, j'ai simplement peur, car je sais comment la société traite les clochards. Je voudrais aller me faire enfermer à Saint-Anne, qu'on s'occupe de moi, que je n'ai rien à faire de mes journées, qu'on n'attende rien de moi, ne pas participer à l'économie, ne pas consommer, ne produire rien d'autres que des choses invendables, ne faire que pleurer et vomir des mots, des pensées, autant de flèches décochées à l'encontre des manipulateurs, autant de mélodies d'amour jetées sur les plaies du monde. Je voudrais qu'on m'enferme à Saint-Anne, pour n'avoir plus à me préoccuper que de vivre et ne pas passer mon temps à survivre. Ah qu'il prend de douces résonances ce nom: Saint-Anne, dans mes oreilles. je voudrais n'être qu'un fardeau pour la société, la preuve de son échec à créer des Hommes.

Je ne veux pas de faux sens à ma vie puisqu'il y a longtemps que j'en ai saisis l'absence. je ne veux pas de faux désirs pour me violer. Je suis hermétique à cette éco-société, je la rejette en bloc et je vivrais chacune de mes secondes pour la baiser. Je veux déjouer tous ses pièges et
saboter les rouages de cette machine à déshumaniser. Je veux me vautrer dans le sang de mon ennemi, hurler comme un loup à la pleine lune, montrer les crocs et les planter profondément, arracher les membres de tous ces décideurs de leur propre bonheur et du malheur de tous les autres.

Je suis votre pire ennemi, celui qui ne baissera jamais l'échine face à vos machinations. Je vous ferais honte jusqu'à ma mort. je vous ferais du tort, je vous cracherai à la face, je serai un échec qui vaudra mille "succès", je serais une improvisation dans votre partition artificielle, je serais l'ivrogne en pleine rue qui agressera les jeunes cadres en costard, je serais le dealer du coin de la rue, le braqueur de banque, le profiteur, l'arnaqueur, je serais le pilleur de vos richesses, celui qui ne respecte rien et qui crache son amour sur vos haines pour les éteindre.

Ha la belle écharde que vous n'enlèverez jamais, qui petit à petit va s'infecter, gangrener tout votre château de carte, en faire trembler les fondations. Aussi insignifiant que soient mes coups sur votre forteresse d'erreurs et de vies broyées, je les balancerais avec toujours autant de férocité, plus méchant qu'un animal blessé. Vous avez anéanti ma vie en la réduisant aux chemins que vous avez tracés, jamais je ne vous pardonnerai. Je ne sais même pas sur quoi taper
pour me défendre de cette agression indirecte, qu'à cela ne tienne.

Parait-il que ce sont les désespérés, ceux qui n'ont rien à perdre qui explosent en milliers de morceaux de liberté qui viennent se planter dans le coeur des hommes pour faire des petits. Très, bien, maintenant vous êtes prévenus, je suis désespéré, je n'hésiterais pas à me faire sauter, "même vaincu on se jettera dans la bataille, pour l'honneur, comme un samurai".

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