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mardi 28 novembre 2023

Inspiration

Enfermez-vous dans votre esprit, dans le puits de votre âme, sans porte ni fenêtres, laissez mijoter cette volonté directement branchée aux étoiles, jusqu'à ce que ce frémissement de l'être se fasse ébullition et que toute votre personne perce des trous dans le tissu de l'être. Laissez l'énergie accumulée se concentrer jusqu'au noyau de vous-même, jusqu'à devenir aussi dense que mille galaxies, jusqu'à ce que s'effondre le gaz de vos pensées sur l'atome de néant, et devenez cette étoile noire qui contient au-dedans d'immenses portions d'horizon sidéral. La frustration, l'absence d'expression façonne les étoiles et relie l'âme aux sphères de la beauté cosmique. Il faut alors attendre et trouver un moyen de faire sourdre la perle patiemment polie. Et c'est cela la poésie, rien d'autre.

Il n'y a pas de travail dans la création poétique, mais le simple mouvement de l'être qui devient.

mercredi 6 octobre 2021

Noyau d'agonie

Ce n'était pas un jour ni même un soir, je buvais au comptoir, dans la meute, seul au milieu de la horde, seul même au sein des paroles, pas une phrase qui ne soit pont-en-feu.

Ce n'était pas un jour, non... Et pas un soir non plus. Disons que c'était un matin, l'aurore grise d'une rentrée scolaire, avec ces couleurs de fin de liberté, le doux arôme de la servilité.

Je buvais au comptoir un feu qui, sans nul doute possible, conçut bien des mondes. Roger qui parlait de sa femme, plutôt de son fantôme -- a-t-elle seulement existé? Ou n'est-elle que la créature de ces flammes que nous avalons goulûment? En écoutant Roger, je savais, quelque part au fond de mes barbelés de souffrance, qu'il s'agissait de moi, d'une ombre de mon rien dont, je dois bien l'admettre, je n'aurais su moi-même ourdir le vain concept... Je finis par lancer à la forme en face de moi: et si tu prenais ta rombière et que tu la foutais sur le trottoir, là, maintenant? Qu'est-ce que tu racontes, bredouilla-t-il étonné. Ramasse tes souvenirs abjects, tous tes petits cailloux de solitude, et fais-t'en un bouquet (n'est-ce pas déjà ce que tu fais avec ces phrases que tu me jettes à la figure comme un amant vexé?). Ce bouquet, ensuite, plante-le dans le bitume, au milieu de la pisse et des vomis (dont il faut bien le reconnaître, tu es en partie responsable...), et vois si un golem embetonné ne sortirait pas du goudron, fumant et chaud comme la femme que tu couves en tes fours de souffrance! Va, sors et prie aux cieux ineptes, ils aiment avoir pitié de nous, plante-là ton vain bouquet, ton petit entrelacs de souvenirs anisés, et regarde tes désirs prendre forme. Arrose-toi encore, bois les flammes de l'enfer, deviens un grand dragon et souffle sur le monde ta vérité furieuse!

Ce n'était pas un jour, ni même un soir, Roger était sorti, il tapait de ses poings la rue seule et souillée, pour y planter sa graine, son noyau d'agonie, sa semence mort-née.

samedi 5 août 2017

Orbe-opale

Des gouttes! Des gouttes! Des gouttes de son et de lumière.
Des perles, des perles de temps et de matière.

Des limbes, entre l'azur céleste et cette terre.
Des limbes encore, dans le vortex de mes artères.

Ô sombre liquide, puissance infernale.
Anti-monde, virtualité bien réelle.

Des trilles, des trilles à l'encre des mémoires
Qui retracent au sein du temps la broderie des Moires.

Silence coloré d'entre les pensées.
Le souffle du tourment, dans ma chair entretissé.

Ricochet, ricochets de rien sur rien
Aux ondes indéfinies de Tout.

Des mots, des mots goûtus qui fondent sur la langue
Et le sens de tout cela qui ne vient que des sens.

Essence, essence multicolore  de nos énergies contagieuses.
Pétrole, pétrole aigre-doux de nos nuits insomnieuses.

Barques, barques dociles et frêles
Dérivant sur le dos du ciel

Que cherchez-vous là-haut,
Attachées à l'éther comme à un rameau?

Mais la source voyons, la source de tous les chants
La graine et le noyau à l'origine du temps.

Oeil, oeil ouvert sur le monde
Oeil-monde qui unit le divers
En-deçà, par-delà l'invisible frontière
Orbe d'opale où jaillit l'univers