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samedi 28 septembre 2019

[ Terres brûlées ] Moins zéros cieux

Titre alternatif: Le silence vêtu de rythme



Ma planète aux confins des pensées
À moins zéros cieux de distance
Par-delà d'aériens parsecs

Combinaison spatio-temporelle
Des mots jetés sur l'air
Amène-moi là-bas
Où naissent et meurent
Les sources de mes pleurs

Saudade, pour toi planète au loin
Grise et vibrante dans ma tête
Parcourue des éclairs
De grondante énergie

Planète-trou noir
Avec un arbre en étendard
Bourdonnement des feuilles
Au gré des champs quantiques

Tu es la seule dans l'univers
Tu es l'âme esseulée dans le désert de tout
Je suis né énergie
Sur ta peau magnétique

Particule-concept d'humain
Présent mais sans localité
À chanter la louange
De ton lieu oublié

Y a-t-il un port où tu t'arrêtes à quai
Pour reprendre en tes cales
Les regards déportés?

Plus seul qu'en la nocturne voie lactée
Aussi seul que le noir
Dans les plis du néant
Je sens l'appel des autres par Dieu dispersés

Tous unis dans l'absoluité
Passager d'autres dimensions
Pourtant, nous nous sentons...

Frères d'étrangers paradigmes
Sphères dégorgées par l'abîme
C'est de l'altérité profonde
Que me vient la chanson
De vos éternités

Planète sans soleil
Incrustée dans les sables
D'un désert d'infinis

Personne ne doit te voir
Et chaque autre qui délimite
Le périmètre de nos existences
Est un signe cosmique

Et tout cet alphabet que déchiffrent tes yeux
Lorsque la nuit tombée tu avales les cieux
N'est qu'un reflet de ton berceau celé

L'histoire s'écrit de grammaire constellée
Il n'y a rien autre que toi
Néanmoins tout est différent

Où es-tu ma planète
Marque-page négligé
Dans un livre infini

Je suis celui qu'invente mon histoire
Entre un auteur et personnage

Une distance entre des mots
Comme un silence vêtu de rythme

jeudi 1 mars 2018

L'art en chantier

Je suis un musicien. Tout s'est expliqué le jour où j'entendis pour la première fois le jeu d'une harmonie. La conscience, unie, enclose sur elle-même, s'ouvrît alors aux vents stellaires propulsant quelque chose de ma personne où je n'étais jamais allé, dans quelques contre-allées sidérales où tournent quelques bras de galaxies et trois comètes vagabondes.

Dépourvu d'instrument, ne sachant pas chanter, il fallait bien pourtant que toute cette musique composée par mes tripes - le souffle des poumons, le battement du coeur, le flux sombre et sanguin de ma mélancolie - se trouve un lit pour s'écouler. Hors de la source, surtout jaillir hors de la source. Toujours. Même les trous noirs sont des sources vers des ailleurs insondables. Alors j'ai fondu calmement mon âme dans les mots. J'ai emprunté pour moi la prosodie sémique de phonèmes enlacés. J'ai joué sans arrêt, ici, là, ou dans le non-espace de mes pensées, la mélodie monochrome que permettait les mots. Il faut creuser le rythme, injecter son fluide au sein de la surface et puis tirer ses plans, les séparer un peu pour produire un monde en reliefs et dimensions, un lieu où respirer. Si vous ne chantez pas, il faut tricher alors, inventer son solfège penser des gammes et rendre la hauteur en silences et longueurs.

Ce voyage est sans fin, le chemin se poursuit par-delà horizons et imagination. Mais ce n'est pas le mien. Pas seulement lui. Moi je m'avance en tous lieux, j'avance un pas sur chaque voie, pour devenir ubique. Ainsi mes sens déploient le réseau complexement entrelacé de ma vision, et le monde que je me représente s'assemble doucement, et s'ouvre sur des formes à n-dimensions. Plus j'arpente de chemins, moins la progression est palpable. Pourtant, un jour, par la surprise d'un rai lumineux, je tombe sur l'amas gracieux de ce système immense qui se trame peu à peu et se dessine là. Cela prendra du temps, mais le monde ainsi créé réalise enfin l'unification phantasmée de sensibilités diverses, de visions a priori contradictoires mais transverses. Tout, finalement, se déverse en la musicalité inédite de ce présent que je joue, avec des couleurs et des lignes, avec des sons et des fréquences, avec les lois de mondes qui avant cela ne communiquaient pas.

Les plus ambitieux chantiers progressent imperceptiblement, et leur développement est à lui seul un monument à vivre. La musicalité d'un destin se joue en divers mouvements: adagio, allegro, presto, andante, et c'est dans les silences que s'ourdit patiemment la mesure à venir.