vendredi 3 avril 2015

Cet inconnu

Te souviens-tu de mon amour?
Celui-là même que je croyais si fort
Et que pourtant, bien malgré moi,
Je semble réserver à tout le monde sauf toi.
J'ai cru je crois
Aimer un peu plus les étoiles que toi.
Jamais je n'ai su choisir une chose:
Montre moi un visage
Je chercherai les autres.
J'aime la forêt et les oiseaux chantant
J'aime chaque pas sous le silence usé du ciel
J'aime les chemins qui serpentent
La nouveauté d'une chose qu'on a croisé mille fois.
Pourtant, lorsque je déambule seul
Je pense à tout l'amour de toi que mon regard dégueule;
Le souffle aérien des arbres sur le foyer du sol,
La sensation des troncs dans mes bras grands ouverts
Le sentiment des départs dont je suis coutumier
Même la langueur du mouvement ne peux te remplacer.
Certaines heures de ma vie sont un cri surgi du néant
Ces nuits où je ne sais dormir
Où mon corps n'a plus d'autre maître
Que le souvenir de ta peau et ta manière d'être.
Je ne suis plus moi-même
Il semble que les étoiles t'ont rendu mon corps
Celui que tu as laissé là,
Mais ce n'est pas ta faute...
Je n'ai pas su choisir...
Offrez-moi des racines
Je choisirai la hache.
Donnez-moi une Terre
Et je choisis la route,
Donnez-moi un troupeau
Je voudrai chaque bête,
Donnez-moi une vie
Je rêverai les autres.
Je n'ai pas su t'aimer,
Mon amour n'était pas si grandiose.
Je me suis toujours imaginé grand par les sentiments
Mais je sais maintenant que je suis minuscule.
Je ne peux m'empêcher de me sentir d'ailleurs, d'un autre lendemain,
Lorsque je vois les efforts de chaque humain
Tendre vers l'éternel et l'infini
Lors même que je suis emporté
Dans un tourbillon qui ne cesse.
Comment aimer celui qui n'a pas de visage
Celui qui n'a connu sa vie durant que l'infidélité.
Je t'ai abandonné comme toutes les choses que j'ai aimé.
Ma jeunesse m'a appris à aimer les départs
Tout petit j'ai baigné dans la destruction
Au coeur de l'arrachement
Dans ce qu'on nomme fission
Je me suis plongé entièrement
J'ai vu ce que d'aucuns semblent ignorer:
Que détruire n'est qu'une manière de reconstruire.
Je n'ai pas su être quelqu'un, quelque part, à quelque moment
Comment pourrais-je t'en vouloir
De ne pas, comme moi, aimer le vent?
Alors je crie ton nom du fond de mes nuits blanches
J'écris ton souvenir sur l'étoffe éthérée de pages virtuelles.
Vagabond sans paroisse il me faut accepter
Que chaque porte me demeure fermée.
D'ailleurs que suis-je moi,
Maison ouverte aux quatre vents,
Habitation temporaire et ambulante
Mes quatre murs sont les multiples directions
De l'espace infini.
Je garde tout de même en moi un rêve
Celui de cheminer à tes côtés...
Mais, j'entends l'écho de la nature
Me faire revenir en un ressac sonore parmi le silence des choses
Que c'était aussi ce que toi tu voulais.
Alors je continue de marcher sous la frondaison naissante
Je laisse le soleil me traverser un peu
Conscient que l'univers au-delà est un immense froid
Je laisse résonner l'écho de ces paroles sans nom
Et je ne comprends pas à qui elles s'adressent,
Quel est ce coeur qui bat
Et quel est ce circuit d'impulsions chaotiques.
Qui suis-je donc, si je ne suis pas qui je pense?
Parfois je ne ressens plus rien,
Depuis que tu m'as laissé seul avec cet inconnu...

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