lundi 27 avril 2015

Aphorismes ferroviaires

Ne jamais gagner, telle est la victoire absolue.

J'écris encore comme un adulte, un stylo à la main, mon esprit n'a de cesse de chercher un chemin tracé que je ne ferais que redoubler. Un jour, je deviendrai libre, je deviendrai l'enfant au bout de l'adulte.

Chaque unité du moi, nouveauté: la mort, la vie même.

Je suis un échafaudage sans aucune construction; et quelque part, quelque ouvrier n'a de cesse de déplacer les tubulures, de réagencer chaque plate-forme.

Il faut une forme pour les mots, pour cela, j'écris peu et me transforme beaucoup.

Mes petites gouttes d'univers qui perlent sur la feuille.

La relation que j'ai entretenue avec ce train filant prend forme ici, dans mon empire d'images, puis se cristallise là, dans la silhouette insensée des mots.

Il n'y a pas d'une part un réel extérieur qu'un énoncé objectif tel que "le train avance sur les rails rectilignes, au milieu d'arbres immobiles", et d'autre part une réalité subjective telle que "j'écris pensivement ces mots, dans le défilement vert et continu d'un mouvement doux". Il n'y a que cette relation qui s'instaure, entre un horizon et un autre, tous deux inexistants. Seule demeure la tension, l'écart, le monde qui surgit avec moi.

Un univers n'est pas un espace-temps en extension.
Un univers est une intension, jamais et nulle part.

Les phrases sont-elles l'écho de la charpente du monde?

Habitude et conditionnement, voilà notre goût.

Le génie serait de vous créer, d'un éclair de nouveauté fulgurante, de nouvelles habitudes et de flambants conditionnements.

Je m'achemine vers mon passé. Comme si mon passé avait un lieu... Il est parfois si difficile d'accepter la nudité des choses, de leur ôter les habits de souvenirs sous lesquels ainsi bardées, elles deviennent rassurantes.

On peut croire en notre propre signifiance, comme on peut croire aux fantômes. L'ignorance est le royaume de tous les savoirs.

Cette terre que je ne connais plus, elle est si belle. S'y accrochent encore quelques échos des moments perdus.

Un instant n'est jamais perdu, jamais enfui, ce ne sont là que licences poétiques. Un instant ne fait que changer, il devient, comme nous.

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