jeudi 16 avril 2015

Aphorisme

je crois que ce qui nous différencie, nous les penseurs sceptiques, des autres, c'est que nous sommes capables d'être plusieurs hommes; et les plus sceptiques d'entre nous sont tous les hommes.

"Voir clair, c'est ne point agir." Pessoa

L'artiste contrairement au scientifique ne passe pas son temps à vouloir exhumer les lois d'un monde dont il est lui-même le démiurge, il crée lui aussi des images, non dans une vaine tentative d'explication, mais dans un souci de créer des mondes qui sont la possibilité de toutes les lois.

La loi n'est que l'horizon diffus et flou où se brouille la vue d'un homme. Il existe toujours un au-delà, un ailleurs, un à côté et un en deçà. On se décale d'un millimètre et la limite d'alors n'existe plus.

4 commentaires:

Démocrite a dit…

Très beaux aphorismes ; merci cher dilettante pour ces lectures qui stimulent, encouragent, excitent et nous mènent aux franges indiscernables du réel.
La position du sceptique telle que vous la pointez (à moins que ce soit Pessoa) n'est pas loin de celle du Prince de Machiavel : n'avoir aucune qualité particulière, n'être rien pour pouvoir disposer de toutes les qualités, pour être tout, pour envisager tous les possibles.

Si le mot "éthique" peut signifier quelque chose, c'est d'abord l'apprentissage de la frugalité, de la dépossession, de la pauvreté la plus extrême, du dénuement ontologique.

Au plus près de la vacuité, se tenir, et sentir les forces élémentaires du vivre avec ses intensités vagabondes et créatrices.
Merci à vous pour ces partages qui font du bien aux Déroutés que nous sommes.

Anonyme a dit…

Etrange de se déclarer sceptique et de s'affirmer dans le même temps différent des autres puisqu'est sceptique celui qui pratique justement la suspension de tout jugement.
Que sais-tu des autres exactement?
Et comment pourrais-tu être tous les autres, à part idéalement?
Il y a au fond de chaque être une part irréductible qui s'échappe.
Les différences sont des richesses. On ne peut retenir seulement ce à que nous nous assimilerions et qui nous arrange somme toute assez confortablement pour nos petits ego, en nous proclamant tel un dieu, tous les hommes à la fois.
Il y a l'insolite, l'étonnant, le détonant, que même un esprit sceptique ne saurait envisager et appréhender.
Il y a la liberté des autres, leurs créations, leurs façons d'être. Et je ne parle pas de ces façons stériles de parler, proclamer, régenter, étiqueter.
Par dessus tout, il y a l'honnêteté, et elle a du plomb dans l'aile.Je vois ces allers-venues de tes amis, et je préfère ma solitude, me souvenant du pays des libéllules bleues ....
Tu m'as beaucoup déçue, et j'ai perdu un grand ami très cultivé. Mais tes nouvelles idées et tes fréquentations ne me conviennent pas.
En épicurienne sceptique, je te dirais que "je ne le sens pas" aussi intello que cela semble.Mais ce n'est pas un drame, c'est la vie, et l'amour du vrai, la préservation de l'autre sont premiers.
Porte-toi bien.

L'âme en chantier a dit…

Merci Démocrite, content de pouvoir partager la richesse sémantique de quelques phrases avec vous.

Toute citation est mise entre guillemets. Tout ce qui ne l'est pas est "de moi", pour peu que le concept d'auteur ait un sens lorsqu'il s'agit de pensées.

Juliette: bonjour, je ne vous remet pas malheureusement, peut-être avez-vous changé de pseudo...

Si vous aviez lu d'autres textes parsemant mon blog, vous auriez rencontré un écho très fort à vos propos. Vous illustrez parfaitement une des faiblesses des aphorismes, à savoir l'extrême concision, la polysémie, et la part énorme de non-dit.

Je suis absolument d'accord avec vos propos, et j'espère que ces aphorismes ne vont pas à l'encontre de ceux-ci. Je crois d'ailleurs que j'ai suffisamment écrit sur l'autre et sur la singularité de chacun pour que ce soit clair :-) Pour ces raisons je ne dénierai pas vos propos, tant de textes ici le font déjà.

À bientôt j'espère.

PS: où nous sommes nous connus?

Anonyme a dit…

Certaines questions sont de pures provocations.Je ne prends plus la peine d'y répondre. Je colle moi aussi aux limites du langage et de la mémoire selon Pessoa et tant d'autres. Bref, je joue un sale jeu, je joue à l'éternel retour du même, sous d'autres formes. Je me cache derrière la philosophie de l'instant qui dédouane de tout ou presque, et qui n'a strictement rien à voir avec le carpe diem.Même mon pseudo en témoigne, on ne me reconnaît plus, comme on ne reconnaît aucun autre, à moins qu'il soit un seigneur.
Mais bien sûr, tout étant jeu, vous êtes libre de me croire .... ou pas.