lundi 20 octobre 2014

Le prix de l'existence

J'aimerais être un de ces oiseaux migrateurs, la prochaine destination gravée dans les gènes. Mais je ne suis qu'humain, ne sachant que vivre ni qu'écrire. Nulle part à ma place, partout ailleurs, dans l'envers de tout, dans l'état d'étrange découverte du voyageur perdu dans le mouvement, ne sachant plus reconnaître le voyage du repos, l'étranger du familier. Même la sédentarité est une forme de nomadisme intérieur qui modifie incessamment l'espace extérieur, la texture du monde.

Je suis las: des hommes, de la ville, des grappes d'humains qui se forment. Je pars comme d'autres partent, ne voyant pas que c'est soi-même que l'on quitte, ses propres rêves et ses propres désirs qu'on se donne le droit d'abandonner dans un coin de l'espace-temps. On a beau quitter et partir, on se retrouve toujours face à ces mêmes désirs et leur vacuité qu'on ne parvient pas à reconnaître comme sienne.

Tu pars, le coeur léger. Tu te retrouveras ailleurs, à un autre moment, dans les yeux d'une autre personne. Le temps est une épreuve étonnante, qui vous force à contempler les fragments de votre être qu'il emporte avec lui, comme une rançon due au néant. La conscience qui voudrait tout rassembler et contenir en elle ne peut que s'incliner humblement, souffrir face à son impuissance. Ma souffrance aujourd'hui est une indifférence, un désenchantement à la tristesse sourde. Ce perpétuel départ dans lequel il n'y a que des adieu adressés aux gens que l'on aime qui restent plantés derrière, à nous sourire.

Le voyageur est toujours double, des larmes se glissent dans son sourire et une inébranlable confiance est incrustée dans ses pleurs, puisqu'il ne peut habiter ni les larmes ni le bonheur. Ma vie est une force étrangère qui me pousse fermement, je l'accepte, traverse la douleur et les plaisirs éphémères. Je suis si faible et démuni, rien, ignorant, îlot incertain dans l'océan absurde de l'existence.

Amis, ne nous quittons plus jamais, et voyageons ensemble.

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