mercredi 4 janvier 2012

Réflexions sur le bonheur

On confond trop souvent le bonheur avec ce qui le conditionne, avec ses causes contingentes, par synecdoque. Le bonheur n'est pas un objet (au sens large), il est précisément un sentiment, un état de conscience. Dit-on de la tristesse qu'elle est le décès d'un être aimé?

Plus un homme est raffiné et éduqué, plus il a besoin d'aliments variés pour entretenir son sentiment de bonheur. L'éducation suppose un bonheur coûteux et exigeant, c'est peut-être pour cela que d'aucuns voient en elle une source de complication inutile. Mais ceux-là ne confondent-ils pas le bonheur avec la joie?

D'ailleurs, le bonheur est-il simplement le pendant sentimental de l'émotion de joie?

Dans cette hypothèse, la joie ainsi digérée et domptée par la conscience fait passer l'homme d'un état d'excitation (d'émotivité) à un état de sérénité et de calme victorieux: le sentiment de bonheur (pour comprendre la distinction opérée entre émotion et sentiment, se référer au texte intitulé "Contre une thèse de la naturalité des sentiments").

La tristesse, donc une émotion négative au sens spinozien, peut-elle amener à un sentiment de bonheur? Comment? Sera-ce par la simple acceptation consciente telle que l'acceptation stoïcienne? Peut-on confondre cette acceptation avec le bonheur? Par ailleurs, y-a-t-il dans le bonheur autre chose que l'acceptation? Comme une part de satisfaction de sa personne?

Cette dernière question conduit à s'interroger sur la possible occurrence d'une éventuelle satisfaction, et par extension du bonheur, sans l'existence de la croyance? Car être satisfait, c'est être conforme, semble-t-il, à une image que l'on se fait du bien. Il faut donc croire au bien et donc en des valeurs afin de connaître le sentiment de satisfaction.

Par conséquent, le bonheur est-il un sentiment 'réel' fondé sur l'illusion humaine, sur la croyance?

Les croyances sont consubstantielles à l'acception philosophique actuelle de la notion d'homme. En effet, l'homme est le fruit d'une éducation qui elle-même est la conséquence d'une ou de multiples croyances: on éduque parce qu'on croit en les vertus de l'éducation, en son effet bénéfique sur l'homme et donc en une gradation de valeurs allant du mal au bien. Pour illustrer une des principales causes de la pratique éducative en un langage plus mathématique, nous pourrions dire:

homme > animal; homme inéduqué (=) animal => homme éduqué > homme inéduqué.

Par conséquent, le bonheur est-il l'état de l'homme qui croit et parvient à conformer son être ( au moins sa direction) et le monde à ses croyances?


Le bonheur des philosophes est-il une religion comme une autre?


Enfin que serait un homme sans croyance? Et serait-il d'ailleurs toujours un homme?

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