mercredi 4 janvier 2012

Mon cadeau

J'aimerais essayer de donner une idée de la tendresse à travers les mots que j'emploie. Cette idée, je préférerais pouvoir la peindre ou mieux te la jouer avec de la musique. Seulement si l'art est un exercice par lequel l'homme se conforme à une partie de son corps ou à un instrument afin de (mieux?) s'exprimer, je n'ai pas beaucoup pratiqué ces deux arts... Moi, la seule chose que je sache peu ou prou manier, c'est la plume comme ils disent et je m'y tiens tant que le goût me le permettra. Tu pourrais bien d'ailleurs devenir une raison pour ne pas abandonner, pour conformer encore et toujours mon esprit à la dimension du langage.

Bien sûr je n'ai pas la virtuosité d'un Camus ou d'un poète tel que Supervielle mais je t'offre ce que mes mains auront pu faire de mieux avec les outils qu'elles connaissent. Je souhaiterais tellement que le média utilisé devienne transparent à tes yeux pour que ne subsiste que ma volonté première, mon sentiment de tendresse. Puisses-tu ressentir chaque signe comme une caresse faite à ton être de grâce, aérien et tellement pur. Je ne t'ai pas offert de cadeau à Noël comme c'est pourtant la coutume ici-bas alors quoi de plus beau qu'un humain déposant naïvement un sentiment au pied de son prochain, dans un élan d'amour comme ils disent ici. Mais j'insiste, un élan maîtrisé, dénué de fougue et de passion irréfléchie. Non il s'agit bien ici plutôt d'une mélodie continue dont les vibrations parcourent l'air avec douceur et régularité, comme les battements d'un coeur serein qui jamais ne s'affole.

Si j'en avais le talent, je formerai mes mots pour qu'ils décousent ma peau juste à l'endroit supposée de l'âme. Que tu puisses voir un peu ce qui se passe là-dedans, en coulisse, derrière les rideaux. Tu ne devrais pas être surprise de ce que tes yeux apercevraient alors puisque toute ma volonté t'a déjà transmis bien des fois le spectacle de la vérité nue de mes pensées à ton égard. Il n'est pas nécessaire que je relate maladroitement ce que toi et moi savons pertinemment, ce qu'un regard convoie bien mieux de révélation d'un esprit à un autre. Tu le vois bien, je n'exprime ici que des souhaits que ma condition m'empêche de réaliser. Alors si l'intention compte réellement plus que le résultat, je ne doute pas que tu sauras cueillir le fruit de ma volonté.

Me faut-il insister sur ce que je sais impossible à quelqu'un comme moi? Peut-être n'ai-je pas suffisamment insisté dans ma vie et je suis prêt à franchir le pas pour toi, à porter mes efforts, un peu plus loin, juste encore un peu plus haut que moi-même. Il y a des choses qui ne naissent que du repos et du calme, c'est en tout cas ma conception d'une éventuelle "vérité". Probablement souffré-je d'une pathologie sociale me poussant à rechercher la solitude pour être près des autres. C'est pourquoi j'en profite pour bégayer vers toi ce qu'il y a de plus ancré en moi. Une manière qu'a mon âme de s'incliner vers toi pour t'entendre chanter. Parce que le murmure de la tienne agit sur mon être comme la plus douce des symphonies, d'une certaine manière elle me lie à ton existence. Je regarde alors fasciné la beauté éclore en toi, conjointement à cette forme de gentillesse dont tu es l'unique dépositaire, cette gentillesse pure et cristalline, d'un genre de vertu antérieure au pêché originel. Mes yeux se posent sur tout ce qui t'entoure et qui s'imprègne fatalement de toi, ils sont alors émerveillés par tout ce qu'ils voient. Si j'étais chat et possédais la douceur du félin, je crois que toute ma personne ferait entendre un sourd ronron qui s'enroulerait à toi. Je mesurerais ma douceur à la tienne pour perdre et re-perdre cent fois. Vaincu par tant d'humanité que le temps semble avoir oublié de soumettre à l'érosion et à l'usure.

D'ailleurs cela peut faire sourire mais ton nom pourrait probablement remplacer ce long discours car il illustre peut-être mieux, en tout cas à merveille, ce que m'inspire ta personne et ta proximité. Tu possèdes la fraîcheur de ce qui vient à peine d'être mis au monde, ignorant encore tout des créations de l'homme, par delà bien et mal. S'il pouvait seulement, cet homme, imiter la nature qui lorsque l'aurore se lève, chasse alors les sinistres ténèbres. Heureusement mon coeur, lui, se plie toujours à cette tradition. Merci d'illuminer de tes rayons mon ciel parfois obscur.

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