mercredi 18 janvier 2012

Nietzsche et le problème de l'actif et du passif (pistes)

Que voulait dire Nietzsche (Aurore, aphorisme 120) en disant de l'homme: "tu es fait , chaque instant de ta vie!"?

Voulait-il rappeler à l'homme que malgré ses croyances, "les voies du Seigneur sont impénétrables"? L'appréhension du monde par l'homme est centrée sur sa conscience, il est difficile pour lui d'admettre qu'une partie de l'univers (la majeure partie?) échappe à sa conscience. Le philosophe voulait probablement nous placer face à l'abîme de nos ignorances.

D'abord, l'homme pensant et agissant est aussi une grande part d'instincts et de motifs inconscients. Si la conscience nous donne l'illusion de la maîtrise, il est bon d'imaginer que beaucoup de choses peuvent se décider en coulisse avant d'apparaître à la surface. Les travaux de Freud en ce sens sont fort éclairants bien qu'ils ne soient pas à prendre pour argent comptant, ils nous laissent entrevoir la profondeur d'un univers partie intégrante de notre personnalité qui nous reste obscur et peu accessible.

Ensuite, on peut penser à l'incroyablement complexe 'mathématique' de l'univers: à une de nos actions (ou causes) va répondre une infinité de conséquences échappant tout ou partie à notre contrôle. Ainsi l'homme peut continuer d'être effectif et d'évoluer par simple inertie de ses actes passés ou de ses actions inconscientes (allant de la simple respiration, au mouvement incontrôlé ou à l'émotion). Sa simple naissance a déclenché une série de conséquences devenant causes à leur tour dans une suite infinie de causalité effective. Nietzsche a d'ailleurs souvent tenté de débarrasser l'homme de sa mauvaise conscience face aux conséquences de ses actes pour cette raison précise.

Pour résumer, souvenons-nous que l'homme peut aussi bien faire consciemment qu'inconsciemment et qu'il est entraîné dans un cycle causale en apparence infini. Au vu de ces éléments, sa responsabilité s'avère bien mince. L'homme est peut-être plus spectateur qu'il n'est acteur et peut trouver dans cette idée un doux réconfort lorsque la vie lui pèse, lorsqu'il s'étouffe lui-même sous des responsabilités qu'il n'a pas.

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