De l'aorgique au repos dans ton être
Tu tires cette passivité
Ainsi ta vie bouillonne
Car deux fois contenue:
Par le dessein de la nature
Et par trop d'absolus
La totalité de l'en-puissance
A pour signifiant vacuité
Combien de temps encore
Résistera ce corps
D'attente suspendu
Qui te voue sans espoir
À l'irréalité
Peut-être une Action valeureuse
produirait un destin
De ce germe inexpliqué
Mais si dans l'Éternel
Tu veux placer ta fin
Tout bruieras de promesse
Dans le déchirement de soi
La membrane qui clôt ta cellule
Ne te sépare pas seulement de l'extérieur
Mais tout autant de toi-même
Ainsi tu gis sans adresse
Exilé de la forme
Et de l'Illimité
À l'homme est promis l'infini
Certes
Mais seulement s'il empoigne Kairos
Et se résout dans la durée
À l'âme seule est promis le Repos
Par les temps abolis
Des hauts champs-Élysées
Figure du devenir
Ton espoir est mortel
Ton être aussi néant
Te fais tout temporel
Pour le meilleur
Et pour le pire
Tu veux l'Altérité
Animal sans instinct
Se désire minéral
Croyant par ta nature
Et néanmoins sans foi
Tu cherches le Savoir
Et ne trouve que ta loi
Mesure de la mesure
Sans critère transcendant
Ton legs est un parjure
À tous les descendants
Qui rêvent de substance
Et renient le néant
Être de l'oubli
C'est dans la vacuité
Que tu t'acharnes à fuir
Que gît ton anamnèse
Ton essence dynamique
Te voue à l'équilibre
Mais en tant qu'horizon
Ta main ne saurait pas saisir
Ce qui n'est que l'envers
De ta vaine hypostase
Une lampée d'abîme
T'étires du tourment
Jusqu'à la folle extase
Vivre, encore, toujours
Entre les deux Néants
Ivre du vide enclôt dans chaque chose
Et si la mort n'était qu'une inversion
Qui de l'Illimité
Sait déssiner les âmes...