Affichage des articles dont le libellé est démesure. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est démesure. Afficher tous les articles

mardi 11 janvier 2022

Boomers

 Le siècle croupissant continue sa marche putride, rejeton dégénéré de boomers unis dans la démesure nihiliste. L'histoire moderne est un sillon sanieux sur lequel poussent de pathétiques orties qu'on ose encore appeler hommes. Moins que des esclaves en laisse, ensemencés par un syndrome de Stockholm plus vif que l'enfer et qui fait le supplicié plus vicieux qu'un démon. Frères! Nous sommes parvenus à jeter dans le monde une génération entière d'utopistes, à l'entendement et aux sens suffisamment atrophiés pour ne plus sentir le réel, et faire de son rêve informe un dogme naturalisé, mouvement vers le rien qui les couronnera enfin du titre honorifique de Derniers des Hommes.

Et toute cette engeance exécrable, qui mange ses enfants dans le siècle agonisant, s'injectant par litres entiers la douce hémoglobine d'une jeunesse éternelle, toute cette engeance liguée contre la vie même et refusant la mort de leur personne: seul dieu auquel ils savent encore vouer un culte. Cette engeance se passe au cou des médailles, se peint aux couleurs de l'honneur qu'ils sont incapables de sentir en eux et qui ne demeurera à jamais qu'une parure à arborer.

Voilà toute l'arrogance des enfants de la paix, toute leur terrifiante bienveillance qui pave patiemment sa voie d'or pour mener à l'enfer le reste de l'humanité, des vivants, tout en exécutant à tour de bras d'insensées anathèmes sur l'autel médiatique de leur Inquisition.

Pauvres fous qui ne voulez partir, dont la paix ressemble à la guerre, dont le bonheur est agonie, dont l'idéal est une impardonnable cécité...

Il vaudrait mieux pour vous que l'épilogue à vos tristes destins soit un néant total. Car il faudra bien du courage, à vous anges déchus, pour affronter le poids immensurable de votre inouï péché.

dimanche 8 avril 2018

Anti-vertu



Sur des geysers de pétrole noir, jaillissant du sol nu d'astres souillés, ton âme maculée tu promènes et fais boire. À quelle source étrange abreuves-tu ce noir désir de tes pensées? La vallée creuse son sillon entre d'indéfinis sommets. Là-haut l'astre grossi creuse vacance dans le plein de l'espace. En fond de ce décor, où tes pas meurtrissent une nature puissante, la lune noire et presque omniprésente d'un royaume en péril.

Tu es venu dans ton babil, faire pousser sur le sol, ces villes que vous savez si bien vomir. Tout est silence où s'incrustent tes cris sans grâce, ton verbe est la sentence par laquelle trépassent tant d'univers conquis.

Chien de misère qui trône sur la mort minérale de déserts construits. Partout sur ton passage fleurissent les outrages, tu es l'ami de l'entropie bien que ce soit elle qu'horrifié tu fuis.

Regarde ces fleurs qui retombent en cloches, et d'où s'échappe un gaz qui forme des mondes en pagailles pour les curieux esprits. Et cette sève que tu bois de tes moteurs est le remède à tant de maladies dont tu prépares l'avènement; sans même le savoir. La constellation céleste est l'alphabet que tu ne sais pas lire, par ta lecture au seul premier degré. Sais-tu ce que présagent les cieux à ton engeance hostile, et son destin si creux qu'il n'est l'écho de rien? De graves secrets s'ourdissent en symphonies des sphères, et ton tableau se peint dans les nuances diaprées de ces orbes d'opales que tu revends par lots, comme de vulgaires babioles. La conque de cet animal que tu éradiqua jadis, chante en un long sifflement l'histoire que tu écris et ratures de ton sang, graves sur chaque mur et sur le dos de chaque ciel. L'espace, le Tien, est l'exclusif palimpseste où s'imprime la seule poésie que tu goûtes: en codes barres et tickets de caisse. Un battement cosmique et l'ardoise s'efface. Tout recommence enfin dans l'infini surface.

Tout chante, tout conspire en l'harmonie universelle, et tu n'écoutes pas le monde qui te parle. Ne vois-tu pas l'ombre de ces étoiles si sombres qu'elles aspirent lumière? Bientôt, nulle information ne tombera plus dans l'escarcelle crevée de ton esprit sans repos. Tes yeux demeureront ouverts sur le froid entropique. Il n'y aura plus de différence, plus de contraste pour distinguer, plus d'altérité pour sentir, et rien à définir. Il n'y aura plus que toi, ta loi universelle et sans témoin, et cette éternité de mort que tu as pourchassé de ton désir aveugle.

Bientôt, tu parachèveras l'ultime imperfection de cette anti-vertu.