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dimanche 24 décembre 2023

Mise en abyme

On n'échappe jamais totalement à son époque, je crois. La liberté de s'arracher aux chaînes du déterminisme n'est jamais asbsolue, en fait, peut-être est-elle toujours entière, car il n'y a pas de demi-liberté... Simplement, dans le fond de notre captivité, nous ressentons l'appel de l'avenir qui gonfle nos voiles vers l'ailleurs, jusqu'à nous déchirer parfois.

En ce sens, je suis l'enfant des nos "démocraties" modernes: individualiste jusquà la moelle, aussi réflexivement conscient que l'on peut l'être sans se détruire totalement: dangereusement atomique. Et toutes les figures rupestres de cette intemporelle caverne sont le hurlement d'une âme emmurée qui souffre d'avoir réalisé l'achèvement individualiste. Une âme qui cherche la sortie au cœur même de son noyau, qui se croit vaste et infinie pour ce qu'elle observe ses reflets dans une infime chambre aux miroirs: et c'est alors le monde entier qui n'est qu'une  habile et captieuse mise en abyme.

Je suis la poésie d'un individualisme aporétique et destructeur, contre-nature et qui, de toutes façons, s'éteindra avec le siècle.

samedi 30 septembre 2023

Nouvel Ordre

 Un nouvel ordre s'est installé sur les terres contemporaines, sédimenté dans le lit des pensées, ensemencé  en l'humus de l'âme humaine. Ce nouvel ordre est celui de l'efficacité, du chiffre, de la honte prométhéenne, de l'adaptation, de l'individualisme forcené, d'une anomie qui brise les chaînes des nations, communautarise à outrance et fait des univers clos sur eux-mêmes s'entrechoquer dans un espace public exigu et délabré. Les remous médiatiques alimentent cette érosion presque achevée du lien social, rien ne lie les individus les uns aux autres, une démocratie tocquevillienne s'est parachevée dans l'anéantissement de toute cohésion: même au sein de la famille, parents et enfants demeurent séparés par une infinie distance, lovés dans deux univers inexorablement forains, parce que le temps qui les sépare suffit à défaire presque entièrement les mondes.

Je suis la maladie de ce siècle, son symptôme purulent: sur le sillon de mon destin sanieux je fais pousser de singulières canopées littéraires, pour que d'autres que moi s'abritent à l'ombre d'une poésie.

Le Nouvel Ordre produit une nouvelle âme, agonisante et lacérée, scrofuleuse, hurlante, purulente plaie de la liberté bafouée, de philosophie ravalée qui suffoque à l'intérieur des édifices urbains, des banques et magasins, des panneaux publicitaires, du souci pragmatique et omniprésent de survivre toujours plus. C'est cette âme qui s'adresse à vous, individualiste puisque fruit de nos contemporaines "démocraties" -- individualiste à en mourir et qui cherche partout un pont pour joindre autrui --, déréalisée puisque sans issue pour naître en nature, et sans nature d'ailleurs.

Un monde où l'intelligence est bergsonienne, interaction matérielle exclusive, science positiviste et sans conscience puisque ignorante de ses soubassements philosophiques. Dieu que les professeurs sont bêtes aujourd'hui, tous remplaçables par de purs algorithmes, passeurs de compétences à de petits êtres qui ne voient pas d'autre cime que l'efficacité: cruelle efficacité que des machines déjà présentes surpassent sans effort.

Voici le Nouvel Ordre contre lequel je me bats, celui où je meurs, lutte et aime encore; celui où je pense envers et contre tous, persuadé qu'existe encore ce fondement commun d'où nous nous sommes élancés en directions contraires.

Nouvel Ordre: serai-je ce chaos d'où naissent les étoiles qui dansent?