Affichage des articles dont le libellé est dogme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est dogme. Afficher tous les articles

mardi 11 janvier 2022

Boomers

 Le siècle croupissant continue sa marche putride, rejeton dégénéré de boomers unis dans la démesure nihiliste. L'histoire moderne est un sillon sanieux sur lequel poussent de pathétiques orties qu'on ose encore appeler hommes. Moins que des esclaves en laisse, ensemencés par un syndrome de Stockholm plus vif que l'enfer et qui fait le supplicié plus vicieux qu'un démon. Frères! Nous sommes parvenus à jeter dans le monde une génération entière d'utopistes, à l'entendement et aux sens suffisamment atrophiés pour ne plus sentir le réel, et faire de son rêve informe un dogme naturalisé, mouvement vers le rien qui les couronnera enfin du titre honorifique de Derniers des Hommes.

Et toute cette engeance exécrable, qui mange ses enfants dans le siècle agonisant, s'injectant par litres entiers la douce hémoglobine d'une jeunesse éternelle, toute cette engeance liguée contre la vie même et refusant la mort de leur personne: seul dieu auquel ils savent encore vouer un culte. Cette engeance se passe au cou des médailles, se peint aux couleurs de l'honneur qu'ils sont incapables de sentir en eux et qui ne demeurera à jamais qu'une parure à arborer.

Voilà toute l'arrogance des enfants de la paix, toute leur terrifiante bienveillance qui pave patiemment sa voie d'or pour mener à l'enfer le reste de l'humanité, des vivants, tout en exécutant à tour de bras d'insensées anathèmes sur l'autel médiatique de leur Inquisition.

Pauvres fous qui ne voulez partir, dont la paix ressemble à la guerre, dont le bonheur est agonie, dont l'idéal est une impardonnable cécité...

Il vaudrait mieux pour vous que l'épilogue à vos tristes destins soit un néant total. Car il faudra bien du courage, à vous anges déchus, pour affronter le poids immensurable de votre inouï péché.

mardi 27 mars 2018

La prison intérieure

Combien vivent la contradiction comme une violence, presque gratuite, tout du moins évitable et improductive. Ne pas être d'accord avec eux, argumenter contre leurs opinions, c'est être seulement négatif, c'est chercher à détruire leurs positions sans rien fournir en retour, rien d'autre que la nuance inconfortable, l'indéfini du relatif, qui ne donne pas de réponse mais invite au dépassement de ces dernières, à la remise en question, au mouvement. Nos esprits, comme nos corps sont devenus sédentaires, mais de manière pathologique: nous en sommes devenus fragiles, incapable de faire face à la richesse d'en environnement, d'un réel, qui excède incommensurablement (puisque qualitativement aussi) nos représentations, nos photographies trop figées des dynamiques à l'oeuvre dans le système monde.

Savoir se contredire soi-même avant tout. Je n'y vois aucune violence, mais bien plutôt le fondement nécessaire à l'existence de l'altérité, et donc à celle de l'autre, de sa voix, de sa réalité. Peut-être avons-nous trouvé en la contradiction sereine un des piliers les plus solides de la démocratie. Celle-ci est inconfortable, comme la contradiction. Elle n'est pas rassurante, pour certains, parce qu'elle ne se nourrit pas de réduction à l'Un (cette assertion est bien entendu relative), de répétition du même, de consensus, mais au contraire, elle provoque le doute, insuffle en l'esprit l'incertitude quant à ses propres convictions, produit de la richesse, c'est à dire de la diversité et de la différence. Or c'est précisément dans cette différence, dans ce jeu entre les dogmes que naît l'espace-temps où vit l'esprit, où il a tout loisir de croître, de se métamorphoser, de s’affûter, de devenir ce qu'il est. L'aurions-nous oublié?

Celui qui vous contredit, s'il le fait dans les formes, et par ce processus s'interroge lui aussi avec vous sur le sujet de débat, alors celui-là vous libère. Tout comme le sceptique se libère lui-même de ses propres tendances au dogme, à la stagnation dans laquelle croupit malicieusement l'intelligence, tissant et re-tissant les mêmes liens, qui deviendront bientôt les barreaux incassables d'un système de pensée monolithique, cristallisé dans l'éternité minérale.

S'enfermer, toujours plus en sécurité, toujours plus barricadé dans la citadelle intérieure inviolée, et bientôt inviolable, c'est mourir au monde, s'en retirer. La pluie, l'orage, le soleil qui brûle, la grêle, l'automne, l'hiver ont aussi leur vertus, ils font partie du monde, comme le reste.