Affichage des articles dont le libellé est hubris. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est hubris. Afficher tous les articles

vendredi 26 mars 2021

Aphorismes de l'impérialisme

Le moteur de l'Histoire est la volonté de domination.


Le premier noyau de l'histoire sociale est la famille: elle constitue l'atome du champ de la domination. De tels groupes se retrouvent chez nombre d'animaux et forment la trame d'un système de rapports de force relativement équilibré. Une famille, un groupe, domine rarement (jamais?) d'énormes masses d'individus. Or chez les hommes, à partir des premières cités-États, c'est la volonté de réduire sous son joug un territoire (physique et psychologique) toujours plus grand qui prédomine et précipite le mouvement historique. L'Histoire humaine commence avec l'Hubris.


L'impérialisme est l'idéal transcendant de la volonté de domination.


Un empire, à mesure qu'il tend vers son achèvement, tend toujours plus vers sa dislocation. Car il est à l'image de la psyché de ceux qui en sont à l'origine: terrorisé par l'altérité. Lorsque le monde est à votre image, il devient impossible d'occulter les dissensions internes. C'est la folie et la décadence qui guette tout empire.


Le matériau primitif des empires est l'angoisse. La peur est le moteur des conquêtes. Ce n'est qu'une fois celle-ci apaisée que l'angoisse devient apparente. C'est elle qui ronge alors le solipsisme culturel ainsi réalisé.

dimanche 8 avril 2018

Anti-vertu



Sur des geysers de pétrole noir, jaillissant du sol nu d'astres souillés, ton âme maculée tu promènes et fais boire. À quelle source étrange abreuves-tu ce noir désir de tes pensées? La vallée creuse son sillon entre d'indéfinis sommets. Là-haut l'astre grossi creuse vacance dans le plein de l'espace. En fond de ce décor, où tes pas meurtrissent une nature puissante, la lune noire et presque omniprésente d'un royaume en péril.

Tu es venu dans ton babil, faire pousser sur le sol, ces villes que vous savez si bien vomir. Tout est silence où s'incrustent tes cris sans grâce, ton verbe est la sentence par laquelle trépassent tant d'univers conquis.

Chien de misère qui trône sur la mort minérale de déserts construits. Partout sur ton passage fleurissent les outrages, tu es l'ami de l'entropie bien que ce soit elle qu'horrifié tu fuis.

Regarde ces fleurs qui retombent en cloches, et d'où s'échappe un gaz qui forme des mondes en pagailles pour les curieux esprits. Et cette sève que tu bois de tes moteurs est le remède à tant de maladies dont tu prépares l'avènement; sans même le savoir. La constellation céleste est l'alphabet que tu ne sais pas lire, par ta lecture au seul premier degré. Sais-tu ce que présagent les cieux à ton engeance hostile, et son destin si creux qu'il n'est l'écho de rien? De graves secrets s'ourdissent en symphonies des sphères, et ton tableau se peint dans les nuances diaprées de ces orbes d'opales que tu revends par lots, comme de vulgaires babioles. La conque de cet animal que tu éradiqua jadis, chante en un long sifflement l'histoire que tu écris et ratures de ton sang, graves sur chaque mur et sur le dos de chaque ciel. L'espace, le Tien, est l'exclusif palimpseste où s'imprime la seule poésie que tu goûtes: en codes barres et tickets de caisse. Un battement cosmique et l'ardoise s'efface. Tout recommence enfin dans l'infini surface.

Tout chante, tout conspire en l'harmonie universelle, et tu n'écoutes pas le monde qui te parle. Ne vois-tu pas l'ombre de ces étoiles si sombres qu'elles aspirent lumière? Bientôt, nulle information ne tombera plus dans l'escarcelle crevée de ton esprit sans repos. Tes yeux demeureront ouverts sur le froid entropique. Il n'y aura plus de différence, plus de contraste pour distinguer, plus d'altérité pour sentir, et rien à définir. Il n'y aura plus que toi, ta loi universelle et sans témoin, et cette éternité de mort que tu as pourchassé de ton désir aveugle.

Bientôt, tu parachèveras l'ultime imperfection de cette anti-vertu.