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vendredi 19 novembre 2021

Cadavre de ma vie

 Il y a trois jours, j'ai eu en m'endormant, une idée littéraire. C'était à ce moment où la conscience se relâche enfin et laisse s'écouler de sa synthèse tous les instants de vie qu'elle contracte autrement. C'est toujours en ces moments que me viennent les plus belles phrases, les plus beaux vers, les idées les plus vraies, comme tomberaient de soi les écailles les plus intimes et sincères.

Combien de fois est-ce arrivé... Malgré la fatigue, l'idée s'empare de l'esprit, l'esprit la fait tourner, la pétrit un peu, mais point trop -- le joyau brut semble déjà poli. La phrase, musicale, résonne dans la tête entière et semble animée d'une vie qui trépigne d'être enfermée, prisonnière d'une vacuité intime qui mâche et digère dans l'oubli tout ce qui pourrait pourtant être.

Combien de fois ai-je réitéré ce choix de ne pas me lever, d'entendre cette vie en moi bruisser de tant d'ardeur, peu à peu étouffée par l'indifférence du temps qui se referme sur l'avènement d'autre chose.

À vrai dire, cela fait bien longtemps que je ne me suis plus levé pour ma vie d'écrivain... Me lèverai-je un jour? Ou faudra-t-il que je noie moi-même encore et encore, par inertie dévastatrice, ces portées de chatons dont les échos fantômes hantent mon âme aujourd'hui? Combien d'hypogées mon cœur abritera-t-il en sa crypte funèbre?

Mais surtout: est-ce qu'un jour viendra où les Muses ne chanteront plus dans mon âme, pour me punir de ne m'être pas levé pour ma vie, mon destin?

Et la nuit sera sombre et silencieuse, ô combien je pourrai dormir alors, dans le cadavre de ma vie.

vendredi 24 novembre 2017

L'Embuscade

J'ai conçu ce texte, un peu détonant avec mon style habituel, après la lecture de Dead Line d'Hervé Prudon. J'ai eu envie de réaliser quelque chose du même acabit. Je fais toujours la même chose quand un style me parle, je l'imite toujours un peu grossièrement  jusqu'à ce qu'il s'incorpore au mien, quitte à ce qu'il n'en reste que de subtiles touches presque insensibles au final. Ce poème est ma manière à moi de digérer un écrivain qui a changé à jamais ma relation à l'écriture, comme d'autres l'ont fait auparavant - chose qui se fait malheureusement de plus en plus rare...

C'est un poème illustré, qui doit être agrémenté de photos. J'ai proposé à un ami photographe de les réaliser, mais au vu des résultats obtenus jusqu'à présent lorsque j'ai proposé à des proches de participer avec moi à un projet artistique, je préfère anticiper un non-résultat et je le publie tel quel - bien qu'il puisse encore évoluer... Quitte à ce que le projet aboutisse réellement un jour... Si quelqu'un est inspiré je suis preneur. J'ai maintes idées de photographies pour ce texte.

Au réveil: chômeur. Au coucher: chômeur. Chômeur dans les magasins, chômeur dans les parcs, chômeur dans les laveries automatiques, chômeur dans les bars, chômeurs dans les vagins, chômeur dans la main, chômeur la veille et chômeur le lendemain. On dit que c'est de ma faute, que j'ai ma part de responsabilité là-dedans, que c'est bien beau d'accuser société, mais j'ai quand même le choix de travailler, non? Peut-être que tout ça est vrai, après tout j'en connais des perdus comme moi, des qui n'ont pas trouvé de place où être heureux dans l'engrenage mais qui s'en sortent quand même. Alors peut-être qu'on peut blâmer les mauvais aiguillages du destin, comme ceux du turbin, mais en fait c'est vrai que c'est un peu moi aussi qui me suis mis là. Tout seul, comme un grand. Et depuis je suis toujours tout seul, avec le reste de la cohorte des inactifs, des branleurs, des glands. Moi j'aimerais dire tout de même que si le gland est tombé si loin de l'arbre, c'est parce que l'arbre l'y a poussé, il n'avait qu'à pas laisser traîner des branches aussi loin...

Je suis chômeur, accroché à mon canapé comme à la seule bouée où s'arrimer. Cela n'a pas toujours été comme ça, avant j'ai travaillé, j'ai même occupé des postes hauts placés, enfin, tout est relatif. Je crois que je n'ai été heureux nulle part. Alors pourquoi rester sur le canapé me direz-vous, après tout je n'y suis pas plus heureux que n'importe où... Parce qu'au moins je suis peinard, pas besoin de faire bonne figure si ce n'est pour le miroir, pas nécessaire d'être courtois avec des collègues qui ne le sont pas, complaisant avec des chefs qui sont des cons, et puis pas bien plaisants. Je n'ai de comptes à rendre qu'à moi seul. Certains jours, comme aujourd'hui, il m'arrive de trouver ça pire encore. Parce que si je déçois quelqu'un c'est avant tout moi-même, et si je ne fais rien alors que j'ai tout le temps du monde, je ne peux blâmer personne, forcé de constater à quel point je suis inerte, sans contrôle sur le véhicule de ma propre existence.

Être présent, mais sans trop y être non plus, voilà ce que chacun de ces boulots a voulu. J'ai tenté d'acquiescer, d'être docile mais bon, je n'ai pas pu. Je rêvais d'autre chose, et puis chaque fois que je touchais du doigt un rêve, j'en changeais aussitôt. Je n'étais pas facile à suivre, d'ailleurs personne ne m'a suivi, j'ai même fini par me perdre moi-même. Alors maintenant je ne descends plus de mon canapé, happé par les vidéos sur internet, c'est pire que la télé, il y a toujours quelque chose d'à peu près intéressant à regarder. Ce sont les gens inspirants qui réalisent maints projets, des oeuvres en pagaille, ce sont ceux là qu'on voit sur internet. Et moi je bois leurs gestes, je m'inspire de leurs succès, mon coeur s'affole, regonflé, j'exulte un peu sur mon tout petit canapé d'occasion, puis tout cela expire, s'enfuit dans quelques cris, une vaine agitation de mes membres qui pourraient, peut-être, mais... Tant pis.

La vie des autres qui passe devant mes yeux me ravie, et je me demande si l'on peut parvenir à crever tous ses rêves avec l'aiguille de la peur. Parce que si je suis chômeur, à la fois dans ma vie publique et dans la vie privée, c'est que j'ai peur voyez-vous. J'ai peur d'échouer, de louper tous mes rendez-vous, alors je n'en prends plus. Tout de même j'échoue là, devant l'écran et la vie des autres qui vaut d'être vécue, quand ma volonté se fait plus rare encore que mes écus.

Quand même, j'avais des capacités, je savais faire des choses, trop de choses même. Mais il ne semble pas y avoir de place pour ceux qui touchent à tout, pour les versatiles les volages. Aujourd'hui tu bosses à temps plein, tout est structuré, avec des créneaux en série, chaque vie est démoulée d'un grand bras articulé qui chie les destins à la chaîne. Et tout le monde accepte ça, s'engouffre derrière le voisin, attends docile dans les embouteillages le matin, et rentre le soir toujours dans les embouteillages. Je me demande si ce n'est pas nous qui sommes embouteillés... C'est quasiment les mêmes bouteilles avec une étiquette différente à chaque fois. Et qu'attend-on d'une boisson quelconque lorsqu'on en vend des milliers? Qu'elle ne varie pas, pas d'un iota, sinon c'est fichu pour l'industrie, impropre à la vente. Alors les gens qui n'ont pas le bon goût de toujours conserver le même goût, ceux qui voudraient changer de couleur, parfois de densité, ceux qui voudraient bien voir ce que ça fait d'avoir des formes différentes, originales, et bien ceux là on les met en bouteille quand même, avec l'étiquette "impropre à la consommation", en attente d'être recyclé.

Peut-être qu'ils ont raison, peut-être que la meilleure chose que l'univers ait à faire de nous autre, c'est de nous recycler, refondre dans une autre forme, au sein d'un moule plus solide, pour qu'on devienne enfin des choses, des objets utiles et familiers, sans surprise, mais qui offrent une prise. Le problème c'est qu'à force de casser toutes les anses qu'on a voulu coller sur moi, j'ai fini par ne plus savoir me porter, ni même me comporter en société. Au bout d'un moment c'était tout le temps le cas, je n'avais plus de poignée, aujourd'hui je ne sais plus par où me prendre, me reprendre, m'élever un peu au-dessus du niveau zéro de cette mer étale, voir létale, où le courant du temps me fait lentement dériver vers la sortie, la date de péremption. J'en viens à penser que ce sera pour le mieux, qu'il recommence le cosmos, qu'il reprenne les mêmes briques usées et qu'il montre aux autres ses talents d'architecte. Les gens se sont trompés sur Dieu, si c'est vraiment un gus du genre surhumain qui manigance tout ça, ce qui est sûr c'est qu'il n'a pas créé de paradis visité par l'humain. Le monde n'est ni bon ni mauvais, il est ce qu'il est. Quant aux paradis ils sont véritablement artificiels, au sens propre du terme. Une parcelle par ci dans les rêves, une parcelle par là dans l'amour. Un peu trop de paradis et voilà qu'il devient l'enfer. Dieu n'a pas créé ce dernier non plus, non ça c'est au crédit des hommes aussi. Les hommes qui se prennent à vouloir créer un monde à leur tour, une culture comme ils disent, où on cultive les bipèdes sans plumes avec des engrais, en les taillant, en sélectionnant les variétés qu'on veut voir se reproduire, puis en arrachant le reste pour le mettre au compost. Ce sont les hommes qui créent l'enfer monsieur, je n'ai jamais vu d'enfer ailleurs que dans les coeurs.

Je ne sais même plus pourquoi je vous parle de ça. Ah oui, chômeur à toute heure, mon destin, ma condition d'homme moderne. Les seules choses que j'accomplis à peu près correctement c'est faire sourire les gens. Soit par moquerie, soit par véritable humour. Parce qu'il en faut de l'autodérision pour continuer à s'accrocher à son canapé, à faire la planche, sans savoir ce qu'on attend dans l'océan d'ennui, sans véritable autre projet que survivre à la nuit. Là dans l'attente d'être heureux, comme si le bonheur pouvait vous tomber dessus comme une pluie... Même les gagnants du loto doivent se bouger le cul pour acheter leur ticket... Je ne joue jamais au loto. Mais je me déplace tout de même jusqu'au bistrot du coin, l'Embuscade, pas pour lire les journaux, mais pour lire les poivrots. J'ai toujours eu la passion des destins brisés, des vies minuscules, le récit des humiliés m'a toujours ému, leur souffrance est la mienne. J'aime apporter un peu de légèreté cynique, raconter quelques blagues, j'ai quelque répartie, il faut admettre... Mais bon ça ne pourrait pas devenir un travail puisque même ça j'arrive à le saloper. Je finis toujours par boire le verre de trop, oh pas parce que je ne sais pas où se situe la limite - je la connais trop bien -, mais bien parce que c'est précisément lui que je cherche. En toute connaissance de cause, comme lorsque je refuse de mettre mon CV sur le site de pôle emploi. Je vais au-delà des bornes, en hors piste - c'est bien la caractéristique des types comme moi non? - et ça finit toujours mal, on passe des blagues aux bagarres, on grogne sur ses frères à défaut d'avoir d'autres cibles. Le lendemain tout ça est oublié, le patron vous connaît, il ne vous en veut pas, les autres poivrots non plus, chacun s'excuse d'avoir été lui-même, le comptoir est notre tableau blanc, on y jette nos sentiments, on s'y exprime d'un style un peu brouillon, puis la nuit vient tout débrouiller.

Les marrons, je les mettrais bien dans la caboche des grands maîtres, ceux qui nous tiennent en laisse. Mais si vous en voyez souvent, moi pas. Au PMU du coin je n'ai encore jamais trinqué avec un Bolloré ou un Dassaut, sinon croyez-moi bien que j'y serais allé de mon petit fait divers; "la revanche absurde d'un raté" aurait-on lu sur les canards. Et puis ça n'aurait rien changé, ce qui est beau avec les systèmes, les structures, c'est qu'on ne les abat pas en abattant les unités qui les composent puisque celles-ci sont interchangeables. Comme nous, c'est une des choses que nous avons en commun. Tous des rouages dans un engrenage bien huilé. Ce sont les croyances qu'il faut abattre, en l'ordre établi, en l'inéluctabilité, en l'incompétence des masses, au danger de l'échec. Lorsque vous avez appris à marcher à votre gamin, il aurait pu tomber, tous les gamins du monde pourraient tomber, et d'ailleurs ils tombent parfois. Il ne vous est jamais venu à l'idée de dépêcher un représentant, de constituer une petite équipe de super-marmots qui marchent pour les autres, pour tous, qui décident, qui agissent, qui voyagent et vous racontent le monde, qui savent à leur place ce qu'ils ne pourront jamais savoir s'ils demeurent immobiles. Et pourtant, même si on la constituait cette équipe de rêve, cette crème de la crème, elle se casserait la gueule comme le reste des autres gamins, avant de se tenir sur ses jambes. Ayant oublié cela, nous sommes les enfants qui restent assis, qui obéissent et tendent la patte, inoffensifs.

Parfois, quand la mort me chatouille un peu trop, que je la sens dans mes fesses immobiles qui voudraient s'unir au vieux canapé, je me décide à sortir. Pour y arriver, il faut que je cesse de réfléchir, que j'abroge toute délibération séance tenante: la décision a été prise, elle devient une loi physique appliquant sa causalité sur mes atomes qui suivent, comme un effet nécessaire le mouvement impulsé. Je flâne dans les rues en regardant les gens affairés. Je bois une bière en terrasse et je les regarde passer, pressés. J'attends qu'ils sortent par troupeau, puis s'engouffrent dans les métros. L'homme est discipliné, contrairement aux moutons, dont il partage le destin, il n'a pas besoin de bergers en permanence. Le mouton est moins docile, plus indépendant que l'homme, sans berger il explore, va où on ne l'attend pas, un gros troupeau sans chien est ingérable. Alors que l'homme... Il suffit d'un bon dressage pour qu'il devienne son propre berger. Pire il se fait même un chien pour un troupeau dont il fait partie pourtant... Alors sirotant ma bière, j'observe les hominidés aller d'eux-même à leur lieu de travail au trajet balisé, que tous empruntent sans rechigner, blottis dans la masse de leurs congénères. Après cela, quand le calme est quelque peu revenu, je m'égare dans les gares, j'ai toujours aimé les trains, et les rails surtout. Je me place juste en face du terminus et j'observe les rails jusqu'à ce que la perspective les fasse se rejoindre, au loin, et je dérive et déraille.... J'imagine les paysages que je verrais si je les suivais là-bas. Je me demande quelles gares je traverserais, et jusqu'où les rails iraient-ils... La pensée que des amis se tiennent là, quelque part le long de ces lignes, me réconforte un peu je crois. Le train, du temps où je travaillais, c'était un peu ma liberté. Quitter Paris le long du chemin de fer qui n'avait rien de dur au fond puisqu'il m'ôtait enfin d'un enfer. Je me disais, lorsque je travaillais et que je passais près d'un chemin de fer: si je veux je m'en vais, j'achète un billet et hop plus qu'à s'envoler au-dessus des planches et des cailloux. Assis près de la fenêtre, les yeux dans le défilé des choses au dehors, en paix durant quelques heures, sans tâche à effectuer, sans possibilité de choisir ou de douter, acheminé inexorablement vers un futur moins triste.

Les femmes sont comme les trains pour moi aujourd'hui: on ne peut les prendre qu'en payant. Je me perds de la même manière devant une silhouette de femme, je m'égare dans son parfum, m'enroule dans ses cheveux, j'ai le vertige des possibles. Pourtant, à un certain stade d'inactivité, il semble que plus rien ne le soit. Il n'y a pas que le pouvoir d'achat qui se perde, il y a aussi le pouvoir d'être fier, le pouvoir d'entreprendre, le pouvoir de s'aimer, et le pouvoir de pouvoir... Alors je visite les femmes en fantôme, comme les destinations qui s'affichent dans le hall des gares. Un aiguillage mal foutu m'a jeté là, dans la toile de l'inertie, où la tisseuse est sans merci. L'autre jour j'ai suivi quelques minutes une jolie brune aux cheveux longs bouclés. Oh je vous vois venir, le pervers, l'ordure, mais c'est du harcèlement!! Pourtant j'y ai rien fait à la flammèche, j'ai touché avec les yeux comme on dit au bled, et même pas d'un regard licencieux. J'étais simplement ébloui comme devant un beau paysage qui vous tient en respect. Cette femme je ne peux même pas m'imaginer une seule seconde avec alors... Tout ce que je peux faire c'est lui inventer une vie à défaut de la connaître. Je songe à la légèreté qu'on doit ressentir lorsqu'on a les membres effilés comme des pinceaux, qu'on a des courbes qui ondulent comme ça, comme les flammes au vent. Elle doit avoir le monde à ses pieds c'est sûr, je me disais, mais au final ça doit être un drôle de calvaire quand tout le monde te veux pour ta beauté; c'est jamais que pour une idée, une idée qui échappe à presque tous; une idée qu'on ne sait plus trouver chez soi alors qu'on chasse chez l'autre. Comme moi qui la suit, esseulé dans un jour de nuit. On aurait dit une bouteille de parfum, un mannequin de plastique qu'on voit dans les boutiques. Puis, dans la vitrine justement je me suis vu, la femme s'est retourné. Je n'ai pas eu besoin d'un mot de sa part, j'ai juste filé dare-dare, décollé de mes songes comme un chewing-gum sans goût aux couleurs de la rue. Je dirais pas que ça fait palpiter mon coeur les femmes, mais ça agite quelque chose, un ultime bastion perdu dans la noirceur ambiante, un soubresaut de je ne sais quoi, peut-être la mémoire d'un membre fantôme. Voyez-vous lorsqu'on vous ampute de tout estime de soi, on vous vaccine aussi contre l'amour. Et croyez-moi les gens sont vaccinés contre vous aussi... Vous salissez tout le monde, même les belles femmes qui sentent votre regard voyageur, et dont la tour de contrôle lance des alertes incessantes au resquilleur, au renifleur, au grand malheur. Je vis dans un musée, interdit de toucher, mais un regard ça colle aux choses surtout quand il émerge de la poisse, alors on en vient à fermer les paupières sur des yeux sans larmes qu'on a asséchés. Même les putes sont déçues quand elle vous voit sortir des ronds de pièces de vos poches, elles vous entendent arriver, tinter comme la sirène des pompiers sur laquelle le monde s'écarte pour laisser passer.

PIN-PON, PIN-PON, fait la vie qui s'écoule au-devant de vous qui remontez à contre-courant. PIN-PON Pin-pon, pin-... Et le son diminue, de moins en moins aiguë, s'écrase dans les graves et puis bientôt n'est plus. Comme les émotions, comme la volition. Tout se tire pour des vacances éternelles. Au chômage la vie, idem pour la mort. Et l'existence oscille alors entre deux pôles, deux absolus qui s'unissent dans le ruban indifférent des jours: chômeur au réveil, chômeur au coucher. Mi-mort, mi-vif. Chômeur à toute heures.

Ni bonheur ni malheur vous entendez? Seulement chômeur, tombé dans l'Embuscade jusqu'au pas de trop.