lundi 16 mai 2016

What no soul can read

J'écris, de temps en temps, d'étranges hiéroglyphes sur les murs virtuels d'une prison qui l'est moins (mais toutes les pièces ne sont-elles pas des prisons?). J'écris tout un galimatias de pensées confuses pour des cochons qui les mangent sans trop savoir dans quel but, et ce qu'a voulu dire ce cochon qui les a écrites. Je suis un cochon stellaire voyez-vous, flottant dans un vide universel rempli d'interrogations desquelles je suis un bruissant écho. Et vous, où êtes vous?

J'écris des mots sur le dos ridé du monde, je lui fais comme des tatouages éphémères, parce que ma vie l'est; des cicatrices de mon passage, je suis la gale du monde, qui pond ses oeufs sous l'épiderme du langage et qui trace inlassablement son sillon sanieux.

What can i say?


I'm going with the flow like a feather in the wind, like a dust swinging. I'm floating and I blow, I blow restlessly and from the air I breath I write strange sentences that no soul can read. I don't know where I am...


J'écris mais cela est sans importance, j'écris comme un substitut à la danse. J'écris comme un enfant qui s'ennuie, mais même écrire m'ennuie souvent.

Je prose, parce que c'est ce que j'aime, j'utilise les mots comme un levier pour faire basculer pierres et gens, toujours à la recherche d'un secret, d'un trésor, du réel. Un jour je me tairai, non parce que j'aurais trouvé quoi que ce soit, mais parce que je n'en aurais simplement plus le coeur, j'aurais pris d'autres trains voilà tout. Voyez je ne suis pas de ceux qui s'attèlent leur vie durant à une seule tâche, parce que contrairement à eux, je ne crois pas un jour trouver autre chose que mes propres croyances. Mon tapis de croyances, immondices à mes pieds, papiers jetés sur le chemin et qui laissent derrière moi un sillon diapré: celui de ma libération.

Mais chaque liberté n'est qu'une indéfinie transition vers encore et toujours d'autres prisons. Je suis un enfant du mouvement enfermé dans la vie d'un homme, un homme et ses racines, un homme et ses besoins de monde: je suis le terrible destin tragique d'un acosmisme interdit...

Je ne sais trop où je suis, dans ces mots ou ici, quelle est la différence: peut-on être quelque part lorsqu'on est en mouvement? Un peu comme ces particules quantiques, vous pouvez savoir ma position mais non ma direction, ou alors seulement ma direction mais non où je suis.

J'écris, comme un entre-deux-monde qui relierait des consciences, j'écris dans le maillage cosmique d'une galaxie tournoyante qui danse de concert avec bien d'autres galaxies encore. Mais au bout de mon univers, là où nul ne peut voir, je me demande... Que me demandais-je au juste..?

Silence petit être. J'écris des mots et m'empêtre sur eux comme un gamin attardé qui ne saurait pas encore marcher. Là-bas: le voyage luminique des photons qui se font manger par la nuit, par l'au-delà de l'horizon où dorment les possibles. Il n'y a que le néant pour contenir toutes choses, l'infini tend toujours vers le néant. J'aimerais être impossiblement là-bas, où il n'y a pas de diable.

J'écris sur des toits nocturnes, où giclent les ombres des étoiles lointaines. J'écris sur des rebords de lunes, sur des cieux froissés, des esprits écrasés, j'écris sur des musiques jouées, j'écris à la volée, en rythme, j'écris sur la buée des souffles en hiver, sur les queues des comètes.

J'écris, comme un écoulement nécessaire de mots insensées. Il n'y a pas de loi, pas de causes, je suis de manière immanente ma cause et mon effet, je suis une nécessité de ce monde, une existence mutique même à travers les signes (mais n'est-ce pas la véritable nature des signes?), je suis ma raison d'être.

Tout est bien ainsi. Du moins l'ai-je cru un jour, je me souviens l'avoir écrit, dans mes pensées, dans mes gestes et dans mes textes...

Désormais je ne parviens plus à croire. Je ne crois plus en rien. Je glisse de doutes en doutes, saupoudrant mon passage de poèmes abruptes, d'une lumière qui luit vers l'intérieur d'elle-même, vers son propre néant.

Tout est bien ainsi.

Tout est bien ain...

Tout est bien?

Je n'ai plus de réponses, plus de halte sur le chemin, plus de sommeil dans l'existence. Peau de nomade boursouflée par l'érosion. Peau de nomade qui se détache de moi, comme mon âme se déshabille des choses.

Tous les référents s'abolissent, un jour, et me laissent seul sur mon chemin tragique: chemin d'humain, douloureuse transhumance pour la créature sans auteur.

Tout est bien qu'il disait... Libre à chacun d'y croire.

Je ne crois plus en rien, crois-je en quelque chose? Croyances pulsatiles, un jour allumées, un jour refroidies.

Comme le dogmatisme me manque, avec son bonheur égoïste et totalitaire.

Déroute. Tout est bien.

Il doit bien rester quelque part, dans un repli de mon âme, une croyance oubliée. Juste une dernière croyance pour mon esprit en manque, une dernière ligne rectiligne à inspirer, une dernière transcendance pour se soumettre un peu.

Qu'il est si douloureux d'être un dieu, qu'il est si douloureux d'être tout, qu'il est si douloureux d'être rien...

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