dimanche 22 février 2015

À l'abri des étoiles

J'ai rencontré des femmes aux cheveux de bronze
Qui coulaient sur mes yeux des rêves silencieux
J'ai touché des formes évasées
J'ai failli perdre pied dans tous les creux inempruntés
J'ai traîné ma dégaine dans des tripots maudits
Avec une jeunesse hagarde affamée d'interdits
J'ai bu des sourires
Caressé des épaules
J'ai plongé mon esprit
Dans les yeux d'autres nuits

Il y a en ces gens là tant de lueur enfouie
J'ai marché dans les ruines
De ces destins détruits
J'y respirais l'air le plus pur
Je m'en souviens encore
Et chaque fois souris

J'ai goûté dans ces eaux troubles
Plus de lumière qu'en toutes les aurores enfuies
Il y a dans toute eau en furie
Une forme de paix qu'aucun lac ne redouble

Ah je les aime
Mes jeunes adultes en peine
Perdus dans un songe éphémère
En pleine quête d'éternité
J'aime leur détresse au matin
Et le goût de cendre amère
Des vives joies éteintes
J'aime leur façon de s'en remettre au hasard
De jeter à la face d'un destin roublard
Leur vie et tant de liberté
Dans de brèves étreintes

J'ai marché moi aussi sur les trottoirs illunés
Sortant d'un bouge surchargé pour d'autres mastroquets
J'ai échangé du temps, jeté à la face de la mort
Pour ces moments de paix furieuse
Où l'homme s'est voilé de lumière
Échappant pour un temps au milles regards de la nuit
Au charme traître d'étoiles menteuses

J'ai aimé les compagnons d'un soir
Comme ceux de toujours
J'ai abandonné une partie de moi
À tous ces jeux d'amour

Je me souviens de peaux si douces qu'elles étaient de soie
D'encres incrustées dans de fins épidermes
Enluminures de livres à la chair capiteuse
Chacune à leur manière un peu trop capricieuse
Même les souvenirs je les bois
En prenant garde toutefois
De m'arrêter toujours avant la fin

Mais qu'on me dise d'où viennent tous ces codes
Et la règle inventée
Qu'on me dise depuis quand l'homme s'est épris des filles de la vérité:
Celle surtout que je n'ose nommer
Qui a cousu son nom en filigranes
Dans les coeurs abîmés
Voyez son signe imprimé
Avec ses hautes murailles
Ces traits qui viennent barrer les T
Ce son claquant comme un fouet:

AUTORITE

Toujours je prend le contre-sens
Qu'on m'ordonne le silence
Et je prendrai la danse
La transe même s'il le faut
Parce que tout est possible
Et qu'un possible ne saurait être faux

J'ai mangé des lèvres plus juteuses que tous les fruits d'été
Mmmm je me souviens du goûts d'élixirs exquis
Pour qui j'aurais renié tous les plaisirs acquis

Des amis? J'en ai autant que le monde compte d'âmes
Et je vais chaque jour chez eux
Dans notre demeure commune qui s'appelle la rue
Et quand je sors, je rentre chez nous
Je suis où je dois être, ici et maintenant
À percer je ne sais quelle route
Pour ouvrir une autre dimension
Grâce à laquelle je peux bâtir ce curriculum vitae absurde
Qui n'intéressera tout au plus que la bonne Atropos

Toutes ces secondes écoulées
Mes plaisirs en sont d'interminables forêts
Chacune goutte de rosée qui brille sur la feuille
Et les arbres si verts que la lumière cueille
Répercutent en cascade l'onde lumineuse
J'ai appris comme d'autres que l'on pouvait aimer
Le long sillon démesuré de ces nomades pressés

Je me réveille bien après l'aurore qu'un zénith a chassé
Je mange le soleil par tous les pores de la peau
Je me gave, je me souviens de tout
J'ai retenu en moi tous les moments déchus
Je suis heureux, je pense à la brûlure
De ces instants précieux
Images animées de corps au mouvement sublime
Et cette beauté que je n'aurais jamais su définir
Parce que tout comme moi, elle n'existe pas
Comme ces mots:
Des bruits que l'on a entendu
Mais qu'étaient-ils au fait
Sinon la vibration singulière
D'un principe agnostique
L'étrange tonalité de l'indéterminé?

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