J'ai déposé un baiser sur les joues de la mort
Et ses larmes étaient chaudes
Lorsque plongeant ses yeux
Dans mon abîme d'âme
Son cœur d'ombre s'enflamme
J'ai couronné son crâne
D'ambre et de chrysanthème
Aux couleurs de l'hiver
Et j'ai fait fondre alors
La neige à ce soleil
Qui court dans ces poèmes
Qu'irrigue un désespoir
À l'encre de vermeil
J'ai regardé la mort qui a baissé les yeux
Son regard trop timide
N'osait plus me toucher
J'ai senti son coeur battre
Nos corps coaguler
Leurs rythmes un peu folâtres
J'ai plié les ténèbres
À ma forme du vide
J'ai agencé des sèmes
Pour séduire sa bohème
Ouvrir sa solitude
À mes plaisirs nocturnes
Elle a levé les yeux
Mis son menton au creux
De mes deux mains sincères
Et j'ai rendu à l'air
Ses rêves informulés
Je la préférais fière
J'ai caressé ses cheveux blancs
Si lumineux et presque transparents
Pareilles aux songes de tous les enfants
J'ai prononcé des mots
Qui l'ont fait tressaillir
J'ai descellé le sceau
De l'innocent plaisir
La mort m'a regardé
D'un regard qui traverse
Jusqu'à l'intime idée
Je l'ai laissé passer
Le réseau vibratoire
De ma sève labile
Pas une seconde intimidé
Elle était malhabile
Mais j'ai bien écouté
Le fond de son silence
Nous nous étions compris
Je la voyais à nu
Dans ce regard épris
J'ai gravé mes dernières paroles
En poudre sidérale
sur sa paupière molle:
Si tu regardes l'abîme
L'abîme te regarde aussi
Lorsque enfin la mort comprit
J'étais plus loin que loin
Dans le manteau de nuit
Au centre de toute chose
Et sa périphérie
J'ai embrassé la mort et m'en suis reparti
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire