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samedi 23 mai 2020

Dans la peau nue

Une fois n'est pas coutume, dans les plumes de la nuit, j'ai rencontré la lune, j'ai séduit Séléné.

Elle avait les traits d'une chatte de gouttière, tout en cambrure et volupté, tout entierement de chair.

J'ai caressé la peau, j'ai coulé ma conscience sous le duvet soyeux, j'ai caressé la peau, illunée et laiteuse sous la clarté lunaire.

J'avais, je ne sais quoi, un curieux air, qui m'emportait en gestes insensés, des mouvements sans direction, triangles et ronds de toile entretissée.

Voie lactée, Voie lactée? mais je suis pèlerin, randonneur esseulé qui marche sur tes rais, la poussière d'étoile qui monte vers l'éternité.

Étoilée, Étoilé. Comme un drapeau sans terre, le songe d'une idée. Dans la peau, dans la peau, c'est là que gît ma clé.

Dans la peau, dans la peau nue et colorée. La partition du tout.

mercredi 4 décembre 2019

L'amant de la mort



J'ai déposé un baiser sur les joues de la mort
Et ses larmes étaient chaudes
Lorsque plongeant ses yeux
Dans mon abîme d'âme

Son cœur d'ombre s'enflamme

J'ai couronné son crâne
D'ambre et de chrysanthème
Aux couleurs de l'hiver
Et j'ai fait fondre alors

La neige à ce soleil
Qui court dans ces poèmes
Qu'irrigue un désespoir
À l'encre de vermeil

J'ai regardé la mort qui a baissé les yeux
Son regard trop timide
N'osait plus me toucher

J'ai senti son coeur battre
Nos corps coaguler
Leurs rythmes un peu folâtres


                   J'ai plié les ténèbres
                   À ma forme du vide


J'ai agencé des sèmes
Pour séduire sa bohème
Ouvrir sa solitude
À mes plaisirs nocturnes

Elle a levé les yeux
Mis son menton au creux
De mes deux mains sincères

Et j'ai rendu à l'air
Ses rêves informulés

                                  Je la préférais fière

J'ai caressé ses cheveux blancs
Si lumineux et presque transparents
Pareilles aux songes de tous les enfants

J'ai prononcé des mots
Qui l'ont fait tressaillir
J'ai descellé le sceau
De l'innocent plaisir

La mort m'a regardé
D'un regard qui traverse
Jusqu'à l'intime idée

Je l'ai laissé passer
Le réseau vibratoire
De ma sève labile

                                 Pas une seconde intimidé

Elle était malhabile
Mais j'ai bien écouté
Le fond de son silence

Nous nous étions compris
Je la voyais à nu
Dans ce regard épris

J'ai gravé mes dernières paroles
En poudre sidérale
sur sa paupière molle:


                                         Si tu regardes l'abîme
                                         L'abîme te regarde aussi


Lorsque enfin la mort comprit
J'étais plus loin que loin
Dans le manteau de nuit

Au centre de toute chose
Et sa périphérie
J'ai embrassé la mort et m'en suis reparti