lundi 19 mars 2012

Ecrivains et philosophes

Ils en ont de la chance, ces philosophes en paix sachant dans leurs histoires placer plus de métaphysique que dans tout Aristote. Eux ne passent pas leur temps à mirer le reflet lassant de leur discours, à le tourner de mille manières jusqu'à ce qu'il ne veuille plus rien dire, qu'enfin il puisse tout dire. Loin de ces préoccupations de gratte-papier, ils s'en vont au fil de leur récit, nous prenant par la main, nous faisant voir la vie. Explicite est un mot trop rude aux accents implacables qui s'harmonise bien mal avec leur prose narrative. Il ne courent après rien, mais posent un paysage face aux yeux des lecteurs. Libre à ce dernier d'en explorer les coins reculés, l'ombre et puis l'envers. Chez eux le chemin n'est pas balisé, il n'y a qu'un univers.

Nous, ne savons qu'imposer. La pensée doit être absolument guidée, disséquée et offerte sur l'autel de la page. Du mystère? Jamais! Les mots doivent étouffer sous un soleil de plomb qui ne laisse nulle ombre où se reposer, nulle zone encore inexplorée. On ne se perd par dans ces livres, il n'y a que des chemins mais jamais rien autour, la vie n'a pas sa place ici. Argumentation, structure, toutes les consonances sèches sont les bienvenues. Pour pallier le talent, l'on use de la force de "rai-so-nne-ment". Il faut qu'il écrase tout, tel un gros bulldozer. Et quand tout est fini, l'on a rien appris... On s'est juste déplacé d'un point à un autre avec des oeillères pour ne voir que nos pas. On était bâillonné. Un jour la nature recouvrira ce sentier dénudé pour le couvrir de vie et l'on pourra de nouveau se perdre dans la curiosité. Il y aura de l'ombre et la nuit tombera pour qu'enfin dorme l'esprit.

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