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mercredi 9 octobre 2024

Procrastiner légitimement

Il est normal de procrastiner sans cesse la production d'une œuvre d'art dès lors que notre seul standard est une forme de transcendance menant à l'absolu. Il serait impossible d'accepter, dans un tel cas, de voir son échec incrusté dans la minéralité d'une chose pétrifié, dont l'éternité nous humilie et nous fait honte.

Je ne peux accepter certains de mes textes que parce qu'ils constituent la documentation d'un brouillon, et que ce brouillon pourrait, un jour, avoir une valeur de témoignage pour ce que j'aurais un jour atteint l'absolu désiré. Leur valeur est nulle à cet instant et toute spéculative. D'autres textes philosophiques ne témoignent que d'une chose: mon incompréhension de l'époque et mon arrogance vis-a-vis d'auteurs que je n'avais même pas compris. Il faut beaucoup d'humilité mais aussi pas mal d'arrogance pour accepter de s'abaisser par le témoignage de sa propre médiocrité tout en subodorant qu'un jour celle-ci puisse avoir la moindre valeur pourtant...

Il faut tout cela pour supporter le poids de son sillon dans l'existence et de tous ces moi reniés par le présent qui les rend tous caduques. Que cela peut-il donc bien trahir sur celui qui accepte de produire des œuvres censées contituer des morceaux de sa personne? Qu'il s'est pétrifié dans l'ambre du dogme? Qu'il accepte l'extranéité de son œuvre? Ou qu'il n'a pas d'autre choix que de sortir de lui ces tentatives pour rallier l'absolu, afin de s'en servir comme marche-pieds dans cet ascension perpétuelle qu'est la recherche du beau?

La vérité est dans le devenir, dynamique, il faut donc que l'œuvre se fasse inchoative, spermatique, et qu'elle s'insémine dans la temporalité d'une âme hôte et se montre capable de vivre à l'intérieur, symbiotiquement.