lundi 7 mars 2016

Pour toi je suis un chien

Je ne veux pas dormir. C'est l'heure de faire un bilan mon amour puisque je n'ai rien d'autre à faire. Il est 21h57 et 30 secondes, et comme à mon habitude depuis que tu es partie, j'écoute des chansons mélancoliques qui parlent d'amours brisés comme le nôtre. Je n'ai pas envie ce soir de m'allonger sur ce lit étroit tout en faisant valser au plafond quelques souvenirs de toi. Ce soir je préfère gratter sur le papier, et voir dans l'impression rapide des lettres sur le fond blanc cassé une allégorie de la vie qui s'écoule; en palabres et idées.

Si l'on devait faire le bilan de nous deux, que resterait-il? Probablement que le résultat serait malheureux, mais dans mon coeur malade, je peux dire qu'il est gracieux, beau comme la ligne brisée des destins tragiques; pour rien au monde je ne l'échangerais. Peut-être tricherais-je un peu sur le calcul, modifiant au passage une quelconque unité afin que le résultat soit plus entier et plus paire...

Les autres qui ne savent que leur amour, et qui ont peut-être raison, me disent que tout cela passera comme l'eau sous les ponts, mais les années s'écoulent et rien ne change vraiment. C'est que ton Adrien a toujours été quelque peu obstiné, ou persévérant c'est selon. Ainsi je poursuis ma volonté de t'aimer comme j'ai suivi le sillon sans fin de la raison, avec patience et conviction, autant de choses que j'ai perdues désormais. Peut-être te perdrais-je aussi, comme un vieux fumeur repenti.

Les gens qui me connaissent un peu disent de moi que je suis torturé, c'est qu'il est parfois douloureux d'être sans attaches ni logis. Je vis dans les idées, celles-là même que tu ne comprenais pas toujours; je vis dans cet envers des choses où résident les promesses qui forgent les mondes pour peu qu'on leur prête un peu de force active. Je suis puissant pour rêver, mais tellement faible pour exister... Regarde comme j'échoue à faire être mon rêve de nous deux... Ou peut-être que je réussis mais que le succès a le goût trop amer qu'ont objectifs et illusions lorsqu'on les a rendus à l'évanescence des choses relatives et sans fondement.

Ah... Ce fondement qu'il me manque pour être cet univers où tu pourrais vivre, et que tu pourrais colorer de tes rêves enfantins...

Et toi, aube avortée de ma nuit sans fin, que fais-tu à cette heure, t'arrives-t-il encore de repenser à moi? De regretter par moments ma présence légère ballottée par les vents? J'ai bien du mal à croire qu'un amour comme le nôtre peut s'éteindre par une poignée de mois et d'années jetés là. Le vulgaire sable des temps n'a jamais atteint mon foyer...

Écorchés est un qualificatif qui nous sied, tout comme la chanson éponyme. Une histoire de griffures et de morsures dans la chair palpitante. Cette histoire à l'image de cette liberté un peu rock que j'ai aimé chez toi, cette attitude entière et sauvage, pareille à nos ébats qui faisaient trembler les dieux. Dans quels yeux désormais vacille cette flamme que ta présence sait allumer? Quelles sont les mains qui te caressent et t'agrippent pour te posséder? Qui est celui qui te traverse et fait de tes entrailles sa demeure? Quelqu'un m'a-t-il remplacé? Ce n'était pas le cas lorsque je t'ai revue...

Personne ne m'a jamais possédé comme toi, la chose est même impondérable. Moi qui abhorre la possession et toutes ces métaphores de la servilité, je contemple avec délectation le fait que je sois pieds et poings liés face à la femme que tu es.

Hmm... Moi qui aie toujours été un chat, je suis ton chien pour l'éternité!

Voudras-tu, un jour, redevenir ma chienne..?


10 commentaires:

elly a dit…

"On a vu souvent
Rejaillir le feu
de l´ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux"
disait la chanson...

L'âme en chantier a dit…

C'est ce qu'il s'est passé il y a peu de temps... Mais je suis parvenu encore une fois à avoir ce que je ne savais pas vouloir: tout gâcher... :-)

Anonyme a dit…

tout gacher...

c'est donc la ou te mène ton scepticisme ?

quelle grande philosophie de vivre l'ecole du scepticisme !

moi qui pensait que la phillo devait nous mener a etre plus beau , plus fort, plus intelligent...

ahahahaahahahAHAHAHA!!!

je suis mort de rire, je ne compte plus les gens qui savent tout en disant qu'ils ne savent rien...

L'âme en chantier a dit…

La philosophie devrait nous mener à être plus humble parfois... :-)

Anonyme a dit…

humbles nous sommes déja puisqu'on nous apprend deja très tot que nous ne sommes que des hommes perdus dans l'espace infini ...

L'âme en chantier a dit…

Je ne vois, personnellement pas beaucoup d'humilité dans vos commentaires...

Anonyme a dit…

je n'ai pas besoin d'être plus humble, je le suis deja par ma Nature transcendantale, ma recherche sincère de la vérité, ma présence physique dans ce monde, ma compassion sans limite vis a vis des hommes ! tu veux pas non plus 100 euros et un twix ?

Anonyme a dit…

techniquement tu ne peux voir mon humilité puisque ton 3 ème oeil, l'oeil qui voit tout, est fermé, seul celui qui possède une conscience peut voir au dela des apparences...

et quand bien meme ! je ne rends de compte qu'a la conscience absolue, elle seul voit mon humilité que les ignorants ne peuvent pas voir...

L'âme en chantier a dit…

CQFD...

No comment ;-)

Anonyme a dit…

ah de l'humilité on en aura bouffé avec les bloggeurs philosophes ! mais elle est ou l'humilité de ceux qui disent qu'ils faut etre humble ? elle est ou l'humilité du materialiste ou du sceptique ? ils se situent dans leurs vérites aussi ne te fait pas d'illusion...ou est l'humilité d'un Bergson qui nous expliquent qu'on ne peut pas x ou y...l'humilité est une illusion, une technique de manipulation bien souvent pour taire les gens...