samedi 13 avril 2013

Alternatives

En combien de ruelles sombres la ville garde-t-elle des souvenirs de moi?
Combien de portes ont accroché sur leur verticalité des rêves de vies possibles?
Où me suis-je perdu dans ce monde, dans quel pays inconnu, gît un avenir probable?
Dans le coeur de combien de femmes dorment des rêves morts-nés dont on ne sait faire le deuil?
Les parcs urbains ont leur secrets, leurs lourds sentiments qui s'enfoncent sous la terre,
Des joies tout entières, qui dansent dans les allées, sur les carrés d'herbe fraîche,
Au-dessus des couloirs de métro remplis à ras bord d'une rance résignation.
Dans quelle enclave oubliée du système hiérarchique, implacable, se terre la liberté?
Où est donc passée la confiance et la valeur de l'autre que l'on veut voir briller?
Les brumes du monde entier, qui viennent étouffer la grande mangeuse dans son réveil douloureux
Sont autant de portes dérobées menant au-delà des journées ordinaires
Sont-ils nombreux à s'en saisir pour se parer d'un épais nuage opaque, sombre comme un mystère.
Sur chaque trottoir poussent des milliards d'ombres accrochées au pavé
Chaque pas pressé laisse derrière lui une réalité indéterminée ne demandant qu'à advenir.
Combien de mondes avons-nous ainsi renié et oublié dans l'antichambre de la réalité?
Les couloirs de nos immeubles sont pleins d'échos de déterminations fatiguées,
Plantées devant des portes fermées, donnant sur des boîtes où l'on range les humains:
La folie au 19, l'amour au rez de chaussée, un grain de misère dans l'embrasure de telle porte.
Pendant que l'organisation savante de chaque cités hurlantes impose sa grille de lecture
L'âme du monde sommeille quelque part, dans les caboches usés de travailleurs en retard;
Dans quelques regards vagues qui semblent vous traverser, sans horizon ni destination,
Dans quelques pensées clandestines qui osent encore s'insurger contre une nécessité sans coeur.

Aucun commentaire: