vendredi 16 avril 2021

Français, françaises: je vous ai compris

Face au jugement de ceux qui pensent que tout cela, tout ce petit cosmos poétique (cette cosmétique?), n'est rien, pourquoi me sens-je si fragile? Tout cela n'est-il vraiment rien? Rien qui vaille? Et ce jugement qui est le leur, est-il plus que tout cela? Est-il quelque chose de plus fort? Qui décide de la valeur des choses?

Si c'est là le sens de ma vie, je sais que pour l'écrasante majorité des gens, elle n'a strictement aucun sens, qu'elle n'est que fumisterie. C'est sûr que leur monde à eux n'est pas que le simple désagrément d'une fumée passagère, d'une éphémère vapeur. Leur monde est un incendie où se consume le droit d'être autrement. Il faut gagner jusqu'au droit d'occuper un espace.

Je ne suis véritablement rien; pour qui décide de la vérité. Tout ce que je pourrais entreprendre, tout ce que mon destin tend à produire dans le monde, est calciné par anticipation, de sorte qu'il ne reste de mes actions qu'un misérable tas de cendre que les vents de l'utilitarisme balayent comme un rien, dans un éparpillement que rien n'unit si ce n'est l'entêtement d'un homme qui se refuse à mourir.

À chaque instant, en permanence, je suis placé face à l'ineptie de mon existence pour les autres. Je dois me défendre d'être un parasite, surnuméraire, bon à rien et qui n'ajoute rien à la société si ce n'est d'être une bouche à nourrir supplémentaire, un fardeau.

Qu'ai-je à répondre à cela... Si ce n'est mon acception de l'être-au-monde qui se traduit en leur langage par un seul et unique mot: utopie.

Ma vie a une valeur inconsistante, comme celle des idées, mais elle possède visiblement une importance, un poids, qu'il s'agit pour autrui de soulever de sa position et d'injecter de gré ou de force dans la grande mécanique économique.

Tout ce qui est gratuit est dépourvu de valeur; mais doit être entretenu.

"Tu es gratuit et dépourvu de valeur", ai-je entendu.

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