lundi 15 février 2016

Je ne fais que passer

Je n'ai pas de paroisse. J'ai été adepte d'un peu toutes les religions, mais je fus de toute, aussi, un apostat.

Je fuis l'information parce que toute information émane, ou plutôt constitue l'élément d'une structure langagière cohérente qui forme un monde. Ces mondes, sont un océan à la profondeur mesurable, au sein duquel j'aspire à me noyer gloutonnement. Dès que j'aperçois les abysses, dès que je ressens le flux de certains courants, et, me souvenant de la surface, je m'affranchis de tout le poids, de toute la pression, je me libère du caractère abscons et lacunaire de l'expérience déroutée de la croyance en l'infini. Enfin je perçois les lois de ce monde, les grands courants, les fondements et par conséquent les limites. Je tiens le monde en question dans mon âme, du moins dans une certaine abstraction suffisante à mon esprit.

Chaque monde a des conditions de possibilité qui en font un territoire illimité en extension et limité en intension.

Je suis un avaleur de mondes, un collectionneur d'univers, et pour cela je nomadise mon existence toujours entre deux univers, sans jamais pouvoir m'y reposer.

Je saisis et jamais ne consens à me laisser saisir, aussi je deviens fuite, passage et décalage, sautant de monde en monde tel un clandestin poursuivi par on ne sait quelle nécessité tyrannique (la sienne peut-être?).

Voilà pourquoi je suis infidèle, inconstant, pourquoi chaque discipline finit par m'ennuyer, pourquoi je ne deviendrai jamais un champion, un quelqu'un, une identité marquée jusqu'aux tréfonds par un principe et par une appartenance cosmique.

Tout juste serais-je champion de la désidentité, des interstices et des latences, des transitions et des chemins de traverse.

J'ai toujours le besoin impérieux de faire le tour des cages, comme si mon âme y était irrémédiablement interdite de séjour; cette âme dont le destin tragique est conscience, vision de murs puis évasion, mais toujours pour se retrouver coincée dans une autre cage, plus grande, plus petite, ou simplement autre.

J'ai visité tant de cages que je suis à moi seul une foule de prisonniers, une prison immense et peuplée d'autochtones que j'ai pourtant connus dans les moindres détails.

Je ne peux m'arrêter quelque part, dès lors que je saisis la clef de sol d'un univers, je m'en vais avec la puissance de faire advenir des mondes similaires, avec la méthode pour produire autant de formes moulées sur ce style. Me voilà qui en façonne quelques unes et je finis par me lasser, je préfère la puissance à l'acte, je suis passionné par elle.

Je crois, pourtant, mais je n'en suis pas sûr, comme toujours, qu'en toi j'avais mes habitudes, une cellule en forme de destin classique que j'ai parfois vue grise, mais qui, dans l'ensemble et avec du recul, m'a toujours parue colorée et d'une intensité troublante, une cellule où je m'étais dit maintes fois qu'un jour, il serait bon d'y mourir.

Mais tout cela ne vaut pas la peine d'être pensé. Je suis le détenu de ma conscience, cette méta-cellule qui ordonne mon voyage à travers les mondes dont je récolte les algorithmes avec avidité.

Il m'arrive de jouer parfois, mais personne n'entend, représentation perdue dans les inter-mondes, toujours à un pas de côté, où vivent les mythes et les mensonges, les promesses ainsi que les grossesses. Chacune de mes musiques silencieuses est un raz de marée sublime et douloureux, l'hémorragie interne d'une âme emmurée.

19 commentaires:

elly a dit…

Brigitte Fontaine que je considère comme l'une des plus grands philosophes de tous les temps (j'exagère à peine...) a dit : nous sommes tous ici pour construire nos prisons. Voilà, plus qu'à en rire et pleurer. (ça aussi elle l'a dit) :-)

L'âme en chantier a dit…

C'est effectivement un commentaire d'une densité inépuisable que celui de Brigitte Fontaine.

Anonyme a dit…

je pensais a un truc a ton sujet , quand tu prends un chemin au lieu de te dire que tu aurais pu prendre 10000 autres et de revenir en arrière pourquoi ne pas jouer le chemin a pile ou face, je fais ca parfois, pile je prends celui la et face celui la et je laisse l'univers guider mes pas quand je ne sais pas quel chemin prendre...

Brigitte Fontaine ne sait rien alors parce qu'il n'y a pas de prisonnier, la prison est juste une idée. Comprends bien que les philosophes sont souvent de seconde zone, leur enseignement n'arrive pas a la cheville des sages de l'est par exemple qui eux enseignent le depassement du nihilisme.

Nexus

L'âme en chantier a dit…

J'ai déjà essayé cette solution, mais ça ne change finalement rien au problème. Que ce soit se satisfaire de son propre choix (ou ce qu'on prend comme tel), ou de celui du hasard, le problème reste le même, l'on n'est pas satisfait et le sentiment de perte demeure.

Pour la seconde partie du commentaire: une idée ne se construit-elle pas? Je ne vois pas en quoi la remarque de Fontaine serait si dénuée de sens, au contraire, et quand bien même les prisons ne sont que des idées. Quant à une compétition sages/philosophes, je n'en vois personnellement pas l'intérêt, il me semble que de ces appellations ressort la même vanité.

Anonyme a dit…

On peut construire des prisons mais on peut aussi construire des magnifiques chateaux au bord d'un lac, c'est toi meme qui décide et si tu construis une prison c'est que tu aimes vivre avec les cochons.

La vanité est naturelle, tout est vanité, ton blog par exemple.

Les philosophes sont prisonniers du mental et les sages en sont libres, de plus l'insatisfaction n'existe plus chez eux

L'âme en chantier a dit…

"si tu construis une prison c'est que tu aimes vivre avec les cochons" c'est là réduire la psychologie humaine à bien peu de choses...

Pour la vanité, je ne peux qu'être d'accord...

En ce qui concerne les sages... Jugement et relativité comme on dit :D Les prisons n'exstent que là où on les voit, ainsi celui qui croit se libérer de quelque chose ne fait-il pas que s'enfermer lui-même par cet acte...

Anonyme a dit…

au dela des bons jeux de mots que nous sommes tous capable de faire il s'agit d'en finir avec l'insatisfaction et de retablir l'equilibre ne crois tu pas ? vivre en nihiliste ne me semble pas un idéal.

L'âme en chantier a dit…

Tout dépend de ce qu'on entend par nihiliste. Personnellement je ne vois pas comment vivre autrement, et cela ne me dérange pas.

Quant à l'insatisfaction, je pense qu'elle est un moteur essentiel à l'homme, l'insatisfaction ne cessera que dans la mort à mon avis. Le vide permet le mouvement or la vie est un mouvement, pour cela, à mon sens, nous contenons toujours du vide et donc du manque. L'équilibre à réaliser, toujours pour moi, c'est celui qui permet de ne pas laisser cette insatisfaction nous détruire, mais de jouer avec cette force qui s'oppose à la stabilité entropique, à l'absolu mortifère que recherche l'humain.

Anonyme a dit…

l'insatisfaction est souffrance surtout au moment ou on est en plein dedans, heureusement elle finit par s'en aller mais pour revenir plus tard.C'est une énergie qui va et vient, une émotion, un sentiment désagréable car tout les sentiments vont et viennent et ne nous appartiennent pas vraiment.
Le corps, les idées, les sentiments, les désirs et le monde lui meme vont et viennent il sont comme des manteaux que nous portons pour expérimenter la vie terrestre, ils s'usent avec le temps, au travers de la Loi de l'impermanence rien ne dure et plus cette loi est accepté et moins il y a de souffrance dans notre psychisme. Les chemins ne peuvent pas étre tous parcouru en meme temps, c'est comme ca, c'est une autre Loi de l'univers, plus on accepte les Lois universelles et moins on souffre. Etre nihilite c'est nier, se battre contre les Lois.

L'âme en chantier a dit…

Si je puis être qualifié de nihiliste, je ne suis pas précisément du genre à croire à des lois universelles. Croyance qui est incompatible avec l'expérience de l'impermanence des choses. L'immuabilité et l'universalité ne sont, à mon sens, que des extrapolations à partir du contexte forcément limité qui est la nôtre.

Anonyme a dit…

il y a des milliers d'exemple de lois universelles : quand tu jettes une pomme elle tombe toujours c'est permanent sur terre, la gravité est une loi physique universelle, quand tu te reveilles tu te reveilles toujours avec la même personnalité et dans le même monde et avec le meme corps, on pourrait parler des saisons qui reviennent toujours, du corps qui finit toujours par disparaitre, les lois universelles sont toutes ces choses qui sont évidentes et qu'on ne voit meme plus tellement c'est devenu banal et qui pourtant necessite une intelligence qui te dépasse pour exister ... car tu l'admettras tu n'es pas a l'origine de tout ca ou si ?

Notre contexte est peut etre limité mais c'est tout ce qu'on a pour l'instant.

L'âme en chantier a dit…

Tes remarques entrent précisément dans le cadre de mon commentaire précédent. Tous les exemples que tu cites sont des extrapolations à partir d'une expérience limitée dans le temps et dans l'espace. Parce qu'il semble y avoir immuabilité (du fait d'une répétition systématique à partir de notre expérience limitée), tu l'affirmes, ce qui est un procédé dangereux. Aujourd'hui, ceux que je considèrent comme des grands scientifiques, ne parlent pas de lois immuables et universelles comme tu le fais pour la gravité et autre. En tout cas le mot univers revêt un sens beaucoup plus limité en science que celui que nous autres y attribuons.

Peut-être connais-tu la théorie du big bounce (le big bang est une inflation ultra rapide de l'espace-temps au sein duquel se forme notre univers tel que nous le connaissons)? Et bien si l'on en croit celle-ci, notre bulle univers se gonfle puis se rétrécit jusqu'à rien (ou presque) puis se gonfle, et à chaque fois rien ne permet de dire que les lois sont les mêmes.

Mon propos est simplement de mettre en garde contre ce principe d'inférence brutale qu'on a tendance à opérer. Imagine des individus à la durée de vie limitée à un mois. L'un naît en été et ne connaît que l'été: pour lui, il n'y a qu'une saison (donc il n'y a pas de saisons) et c'est une loi universelle que le monde oscille entre des températures clémentes ou très chaudes; l'autre naît en hiver et postule la même universalité de la neige, de l'humidité et du froid; etc.

D'ailleurs pour revenir sur les exemples plus problématiques que tu prends: je ne me réveille jamais dans le même corps et jamais dans la même personnalité en ce qui me concerne.

Anonyme a dit…

On peut definir le mot universel comme on veut mais quand une pomme se détache d'un arbre chez nous , sur terre, elle tombera toujours. C'est ce que j'appelle une loi universelle , c'est l'univers qui fonctionne comme ca chez nous et cette loi vient de l'univers qui a décidé ca pour des raisons pratiques, on aurait un problème si la pomme se tirait en courant a chaque fois qu'on veut la manger, elle doit donc tomber comme une conne a la verticale, les choses ont une raison d'être.

Le seul big bang que je connais c'est quand je me reveil le matin, mon univers se gonfle en meme temps que moi et la nuit quand je m'endors il se retrecit et disparait avec moi c'est le big bounce ou un truc comme ca je suis pas scientifique.

Chacun est le centre de son propre univers, si il neige chez l'autre qu'est ce que j'en ai a foutre ? je ne le verrai jamais, dailleurs l'autre existe t il comme moi ? il faudrait que je sois dans sa tête pour être sur chose qui n'arrivera jamais parce que je me reveil toujours chez moi et pas chez les autres. De plus on a sérieux probleme , dans les reves les gens qu'on rencontre semble réel , qui te dit que c'est pas pareil ici a l'etat de veille ? en fait on imagines beaucoup onimagines que l'autre est réel mais en fait on est pas sur , je me reveil toujours avec la meme personnalité, le meme prenom, les memes parents, ma meme femme, mon meme fils, ce meme monde, les meme voisins, et demain je serais sur de pouvoir te retrouver ici ...

L'âme en chantier a dit…

"sur terre, elle tombera toujours"

Qu'en sais-tu? Que veux-tu dire quand tu dis que "l'univers a décidé"? Ou que les "chose sont une raison d'être"? C'est une formulation étrange et qui implique certaines conséquences qui n'ont de valeur qu'à tes yeux, ou ceux qui partagent ta vision des choses.

Tu n'es pas scientifique et tu avances pourtant des théories avec un aplomb que peu de scientifiques oseraient.

Ton dernier paragraphe semble plus solipsiste et beaucoup plus raisonnable dans sa prudence finalement, ce qui tranche avec l'ensemble de tes propos.

Tu as bien des certitudes, je les respecte mais ne les partage pas. Et rien, ni l'expérience étriquée de ta vie (ce qualificatif s'applique à toutes les vies) ni la science ne peut venir affirmer tes propos. Je te laisse à tes choix, chacun vit dans le monde qu'il se construit par ses croyances. Et je ne vis pas dans ton monde de toute évidence.

Tant que tes croyances me laissent être, je suis en paix avec toi.

Anonyme a dit…

je le sais parce que je le vois avec mes yeux et ma raison , je vois bien que les pommes tombent et personne dans l'histoire terrestre n'a jamais parlé de pommes qui font autre chose que tomber...l'univers a décidé que les pommes tombent sur terre ne le vois tu pas ? car sinon elle chanteraient la marseillaise ou je ne sais quel autre connerie, c'est de la logique pure. Une pomme est faite pour tomber et etre manger donc elle tombe et on les mange, c'est logique non ? tout ce que tu vois est un monde ordonné par des lois universelles qui te dépasse voila tout.

Je ne parle pas de théories , je parle de voir par toi meme que les etoiles sont justes de points blancs dans le ciel , que la terre est plate et que quand tu te reveilles le monde se reveille en meme temps que toi, je n'imagine rien contrairement a toi. ADIEU !

Anonyme a dit…

Les scientifiques ne voient que le monde superficiel, des apparences , leurs esprits est limité par leur conditionnement materialiste et ont ils n'ont réussi qu'a detruire la magie du monde par leur esprit grossier, ils ne savent rien de la réalité ou de la conscience pas plus que de l'univers. Leur vision est mécanique, ils ne voient que les effets du Tao, ils sont comme des curieux qui étudient la surface du pain du boulanger sans meme avoir entendu parler du boulanger, ce sont des ignorants, aucun secret ne leur sera dévoilé, qu'auront ils réalisé personnellement qui ne soit pas quelque chose de leurs miserables boulots ? ils vivent comme des fourmies et meurent comme des hommes... ils ont tourné le dos a la spiritualité et quand ils sont spirituels ils le sont comme des naifs et en payent les conséquences en étant tout juste bon a nous aider dans la vie pratique pour les choses triviales.. Tes grands scientifiques ne sont que des bouffons pour moi, ils ne sont qu'un détail de mon histoire, de mon monde, ils construisent ma maison, prennent soin de mon corps, je les considère presque comme des esclaves.

Anonyme a dit…

fort heureusement pour moi je ne suis pas scientifique, j'aurais trop honte de moi, seuls les plus grands sages ont attiré mon attention, ma vision n'est pas scientifique mais cosmique , les scientifiques vivent dans le monde ordinaire , celui a lequel tu appartiens puisque tu crois en eux, mon monde est le monde supraconscient des lao tseu, des bouddhas et des immortels ou le soleil se leve et se couche pour nous ...ahahahaahahaAHHAHAHA!!! Ttu pourras dire qu'un dieu est venu te rendre visite mais que tu étais indigne de lui....c'est mon dernier mot jean pierre !

L'âme en chantier a dit…

Mon avis sur la science est bien plus sceptique que tu ne le penses (en attestent mes nombreux textes sur le sujet). Encore une fois inférence à partir de ton expérience qui ne couvre qu'une mince partie de mes propos sur le sujet.

Tu me sembles plein de certitudes encore une fois.

Au revoir dieu qui m'a fait l'honneur de ta visite. Je te laisse à ta béatitude ;-)

Anonyme a dit…

c'est bien que tu sois sceptique a la science, comme je l'ai dit l'esprit scientifique a tuer la magie du monde, leur crime est impardonnable. Aujourd'hui les gens voient le soleil comme une simple boule de feu d'hydrogène...vois tu a quel point l'homme est devenu vulgaire ? le grand dieu pan est mort...et aujourdhui tout le monde se voit comme une fourmie perdu a l'interieur d'un univers infini et inaccessible...la pensée materialiste a contaminé les hommes et les a rendu petit et mesquin, insignifiant.

Ou est le mal d'avoir des certitudes, j'existe ! je suis celui qui suis ! c'est une autre de mes certitudes...

Ton experience est la seule chose que tu possèdes , le monde des autres pourrait n'etre qu'une simple illusion , seul le moment présent de ta propre experience est la réalité.