samedi 27 février 2016

Triste égoïsme

La tristesse emballée dans la forme, cette dernière qui parvient à transmuer le désagréable en plaisir. Voici une histoire à mes oreilles bien connue. C'est cela que ma thérapie scripturale, avec tous ces signes qui sont autant d'épitaphes gravées sur les pierres tombales de mes textes. Sur chaque instant disparu, j'inscris un nom: la forme que de cet instant j'ai retenue.

Forme mélancolique puisque appartenant au passé, et toujours mon regard sur le passé est mélancolique, comme si j'avais perdu là un refuge rassurant, lors même que la souffrance y faisait résonner son chant. Mais c'est parce que j'ai peur du futur, peur d'une structure différente, et j'en ai peur parce que j'ai besoin de ce changement brutal et radical, parce que ma vie est la victime de ce grisement. Je phantasme et abhorre à la fois la transformation, et pour cela je cultive sans cesse ma conscience, comme si cette chose ineffable et sans forme apparente, pouvait se faire le substrat immuable de toutes mes métamorphoses.

J'ourle le passé dans le fil de mes mots, structure l'expérience en un rythme et l'enveloppe de sonorités en rime. Ceci n'a pas de raison d'être, pas d'autre que celle de me rendre l'existence plus supportable, pas d'autre que d'animer un tant soit peu l'ennui qui s'empare de mon temps.

Je vis et j'écris égoïstement, comme toute personne qui se respecte.

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