dimanche 6 décembre 2015

Quand tout s'éternisera

Voilà, le bout du chemin qui probablement ne l'est pas, de mon coeur épuisé, peut-être les derniers battements. J'ai vécu là, en bas, dans cette nécropole affligée, où gisent, géants, les fossiles d'éventuelles joies passées. Qui passera par là se demandera peut-être que sont ces traces, à quelle forme de vie étrange appartenaient-elles.
L'on pourrait creuser plus loin et forer alors le noir pétrole de mes souvenirs, sombre et mat comme la mélancolie d'une conscience éternelle. Aliments amers et indigestes pour une âme qui n'est pas prête à mourir.
Depuis longtemps, là-bas, les échos se sont tues, capturés par les grains d'une terre qui garde ses secrets enfouis et ne veut plus revivre.
Tout cela était douleur, et souffrance même dans la volupté...

Peut-être que là-bas, à l'opposé de mes cieux, se trouve un autre ciel pour cette nécropole, un tapis d'étoiles foraines que mes souvenirs allongés contemplent sans les voir, dans le demi-sommeil qu'est le destin des mémoires. Peu importe, tous les cieux sont les mêmes, ils sont comme toutes les choses, il n'ont jamais rien eu à nous apprendre...

Parfois, j'aimerais que tout cela cesse, et que cette nécropole qu'est ma vie soit enfin ensevelie sans sépulture, dans un oubli profond dont on ne peut sortir. Mon coeur serait alors un sarcophage incrusté dans le fond d'un cercueil verrouillé, lui-même enfoncé dans le creux d'une tombe sans nom et sans célébration.
J'aimerais ne plus porter en moi, comme un fardeau impossible, tous les espoirs d'autrui, et ne plus voir en mon néant se disloquer tous leurs désirs. Leur souffrance me fait bien trop souffrir moi qui supporte si bien la mienne.

Ecrire me fatigue... Comme la peau flétrie d'un tambour trop usé, j'aspire à me détendre, à ne plus jamais sentir les pulsions de la vie.

Chemins qui serpentent d'un néant à l'autre tandis que danse absurdement le mirage de la vie. Être conscient c'est faire apparaître la mort, c'est faire surgir en face de tout bonheur un malheur opposé qui le fait exister; enfin, exister c'est n'être jamais totalement heureux sans être absolument malheureux. Chemins de crêtes que nos vies autour desquelles chutent vertigineusement les abîmes sur lesquels malgré tout nous dansons.

Train de mon corps avec la locomotive limité de ce coeur que mon angoisse, parfois, fait vaciller, mais qui pourtant continue sans ciller son voyage insensé. Ma lassitude, par moments, est si profonde qu'elle semble se perdre dans l'obscurité sans origine des causes.

Chemin de fer de la causalité qui fera que ce JE, un jour ne sera plus, mais bientôt brésillé au vent, devenu cendre intégrée au cycle vital d'autres vies insatiables. La mort viendra remplir vos bouches gloutonnes, la mort sera la satiété de tous. Il ne restera plus qu'une ou plusieurs idées dans quelques caboches, des reflets capturés par les yeux d'autrui, et tout s'éternisera enfin.

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