dimanche 6 décembre 2015

La citadelle engloutie

Je suis sec à force d'écrire toujours les mêmes choses, à tenter de rendre ses couleurs à l'ego dévasté. Mes mots n'ont pas de pouvoir et chacune de mes phrases est un mensonge, le délire d'un fou qui gémit à côté du réel. Toute ma vie littéraire est un râle insistant qui ne sait pas se taire. De mains démiurgiques qui grattaient la terre, j'en vins aux voix du tragique et leur écho délétère. Aujourd'hui, je suis l'auteur de plaintes si nombreuses qu'elles parviennent à couvrir le son de vos prières.

Depuis que je sais chanter, je me lasse des mots et de ma voix, j'aspire à d'autres créations, mais trop enclin à la facilité, je refuse une énième lutte avec la matière qui contraint mon esprit à ses règles trop strictes. À quoi me sert le temps, celui qu'on passe à attendre que les édifices soient bâtis quand je peux les imaginer tous, d'un coup achevés?

Vanité et poursuite du vent, je garde dans ma tête les sentiments dorés, les sources de joies intarissables qui abreuvent, sans espoir, mes terres asséchées. Tout s'écoule en moi et revient à ma source, si bien que je déborde un peu d'extases et de beauté contenue, de ce regard sur les choses que nous appelons JE, et par lequel le réel indéterminé se pare de déterminations ornementales, de couleurs et de feux.

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