mercredi 9 décembre 2015

Le tableau qui s'efface

Effacer, effacer... Tu ne connais que ça. Tu brosses le tableau de toute existence pour y faire disparaître les formes, tu érodes les figures pour n'en laisser que miettes, sans égard, sans regret ni regard.

Pourtant, des fragments de ton oeuvre, tu recomposes, réassembles, et, bientôt, sur le tableau de l'existence s'affichent les formes, nouvelles compositions que ta main invisible fait jaillir.

En fait, le tableau ne reste jamais blanc, l'absence n'est jamais qu'une absence relative à l'idée de quelque chose que l'on attendait à la place. Ici, tout est plein malgré ton passage qui altère, là où chutent pierres et édifices, maintenant s'élève un horizon, un paysage et une vue d'artiste.

Je ne sais si les pierres et les choses inorganiques possèdent une mémoire et la conscience pour en unifier chaque grain, chaque strate, mais c'est un drôle de privilège empoisonné que de demeurer permanent face aux métamorphoses qui s'effectuent dans ton sillage nécessaire.

Être conscient n'a jamais signifié être libre, être conscient requiert un désaisissement stoïcien, et plus sagement sceptique (c'est à dire sans vérité et sans métaphysique).

Il faut bien du courage, se dit-on, pour regarder la mort s'en venir à notre rencontre, mais le courage requiert la liberté, et la liberté n'est qu'une idée improbable, et de toute façon invérifiable. Nous sommes les mort-vivants courageux parce qu'ils ont été fait ainsi, parce qu'ils n'ont pas le choix.

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